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CRITIQUES DE CONCERTS 10 décembre 2024

Début de l'intégrale des Quatuors de Beethoven par le Quatuor Prazak au théâtre des Bouffes du Nord.

Qu'est-ce qui fait courir Ludwig van ?
© François Fligarz

Célébré par la presse mais encore mal connu, le Quatuor Prazak a investi les Bouffes du Nord pour débuter une intégrale Beethoven qui s'achèvera en juin prochain. La formation praguoise en a profité pour donner en contrepoint l'opus 3 d'Alban Berg. Une leçon magistrale où l'imagination le dispute à l'intelligence.
 

Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
Le 08/10/2000
Mathias HEIZMANN
 



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  • Un bon siècle de musique, voilà pour le parcours : de l'opus 18 de Beethoven (1800) à l'opus 3 d'Alban Berg (1910). Difficile de trouver introduction plus pédagogique pour illustrer la modernité des Écoles de Vienne. Beethoven comme Berg (1) ont su transformer les traditions musicales qui les avaient vu naître, sans provoquer véritablement de rupture. Le choc de l'atonalité n'en était pas un pour ceux qui avaient su écouter Wagner ou Liszt. Chez Beethoven, on trouve d'ailleurs suffisamment de liens avec Mozart ou Haydn (malgré ses déclarations d'indépendance à l'égard de ce qui l'a précédé) pour qu'il soit difficile, sinon impossible, de le qualifier de compositeur romantique. D'ailleurs, sa musique déborde de souvenirs aussi bien que de prédictions. Pourtant cela ne les empêche, ni lui, ni Berg, de rester d'une absolue modernité ; une des difficultés pour les comprendre vient précisément de ce lien avec le passé, un lien qu'on a trop souvent oublié, particulièrement dans la musique de Berg.

    Mais que recouvre au juste cette compréhension ? Admettons qu'un compositeur utilise l'écriture comme un homme à cheval utilise le sol pour se mouvoir. Qu'il y ait sol et traces est respectivement condition et conséquence de la course ; mais c'est la cause de la course que l'interprète doit chercher à saisir. À partir des traces des sabots un archéologue saura éventuellement reconstituer la direction du cheval et la forme qu'avait la bête même si, d'aventure, l'espèce a depuis longtemps disparu. Peut-être même pourra-t-il se faire une idée de sa vitesse et du poids du cavalier, mais il devinera difficilement qui il était et ce qui le faisait courir, peut-être vers un amour, vers sa mort ou chez le boucher du coin.

    La réponse à cet épineux problème se trouve dans la question de l'incarnation, c'est-à-dire l'invention d'un sens à jamais perdu. Et le Quatuor Prazak, disons le tout de suite, fait ici figure de modèle. Rarement une telle imagination, une telle intelligence dans la gestion de la scène sonore ont pu être atteintes. Dès lors la question de l'énergie commune, ou des niveaux individuels devient secondaire (encore que l'on doive souligner leur prodigieux talent instrumental) : le résultat n'est évidemment pas celui d'une simple somme d'éléments, mais plutôt d'une appropriation respectueuse, une interprétation idéale en quelque sorte


    (1) et d'une façon générale les compositeurs de la Deuxième École de Vienne dont Schœnberg est le plus fameux représentant.




    Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
    Le 08/10/2000
    Mathias HEIZMANN

    Début de l'intégrale des Quatuors de Beethoven par le Quatuor Prazak au théâtre des Bouffes du Nord.
    Quatuor Prazak
    Dimanche 8 octobre 2000 à 12 heures,
    Ludwig van Beethoven : quatuor op. 18 N°2. Quatuor op. 127.
    Dimanche 8 octobre 2000 à 15 heures, Ludwig van Beethoven : quatuor op. 59 N° 2. Quatuor op. 95.
    Lundi 9 octobre à 15 heures : Ludwig van Beethoven : quatuor op. 59 N°1. Alban Berg : quatuor op. 3

     


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