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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding, avec la participation du violoniste Joshua Bell à la Philharmonie de Paris.

Dans la lumière de Mahler
© Julian Hargreaves

Après la Dixième Symphonie en septembre, Daniel Harding, pour sa première saison de nouveau directeur musical de l’Orchestre de Paris, s’attaque à la nettement plus célèbre Cinquième de Mahler, dans une optique transparente, allégée et lumineuse, au Finale à marquer d'une pierre blanche, après un concerto de Brahms aussi classique que fragile par Joshua Bell.
 

Philharmonie, Paris
Le 09/11/2016
Yannick MILLON
 



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  • Pour ses concerts donnĂ©s le mercredi et le jeudi, l’Orchestre de Paris s’essaie Ă  une coutume consistant Ă  proposer, lors de la prĂ©sence d’un soliste instrumental en première partie, un concerto diffĂ©rent les deux soirs. C’est le cas de ce concert de novembre oĂą avant de s’embarquer pour une tournĂ©e en Asie, Joshua Bell et Daniel Harding prĂ©sentent le concerto de Brahms puis le celui de Mendelssohn.

    Le premier, conséquente pièce symphonique de presque trois quarts d’heure, offre une première partie de poids avant les soixante-dix minutes de la Cinquième de Mahler, d’où sans doute l’absence de bis après une exécution brahmsienne d’une très belle facture, en tous points classique, faisant la part belle aux grandes lignes des cordes et au cantabile, pendant que les bois affichent d’emblée quelques soucis de synchronisation.

    Fragile aussi, le jeu du violoniste américain, jolie sonorité claire, amincie par rapport à il y a quelques années, petit noyau de son jamais altéré par la virtuosité, les grandes phrases lyriques ou les moments les plus ardents de romantisme. C’est que Joshua Bell semble parfois improviser son interprétation, fébrile, imprévisible dans ses élans, face à une direction tantôt d’une très belle autorité, tantôt d’un flegme ne cadrant pas assez la tenue rythmique du jeu collectif.

    C’est dans le Finale et ses atmosphères magyares que la connexion s’opère le mieux, cordes au rebond magnifique, grand style assumé et confort d’écoute optimal accentué par des transitions amoureusement élaborées, et dans l’échange complice entre le petit maestro britannique freluquet et l’athlétique violoniste américain. L’occasion aussi de constater à quel point semble loin l’époque du débutant Harding brutalisant Brahms dans une optique baroco-toscaninienne.

    Après l’entracte, les fragilités de la petite harmonie de l’Orchestre de Paris font place à une exécution souveraine dans la Cinquième Symphonie de Mahler, où la formation française affronte sans rougir ce cheval de bataille des meilleures phalanges mondiales. Dès l’attaque de la trompette de Frédéric Mellardi et un premier tutti magnifique de plénitude, on sent le bénéfice des années Eschenbach puis Järvi sur la pâte mahlérienne de l’Orchestre de Paris, sans concurrence dans nos frontières.

    On comprend toutefois très vite que Harding s’éloignera des styles très allemand puis plus anguleux de ses deux prédécesseurs, au bénéfice d’un Mahler plus objectif et intellectuel, sans le moindre pathos, marche funèbre au tempo soutenu, jeu de timbres plus que d’affect dans un parfait point d’équilibre de la balance sonore, ne cherchant ni à amoindrir la conséquente orchestration du compositeur autrichien, ni à l’exalter jusqu’à la boursouflure.

    Le chef se meut par ailleurs en toute aisance dans les arcanes mahlériens, ne perdant le fil ni dans les méandres valsés du Scherzo, où il laisse les cordes solistes s’essayer à l’inégalisation viennoise, ni surtout dans le jeu de piste du Finale, véritable pont aux ânes sur lequel les plus grands chefs se sont cassé les reins. D’un bout à l’autre, atmosphères bucoliques et hommage au contrepoint s’y marient ce soir à merveille, avec une pulsation constamment dynamique et une absolue clarté des plans sonores.

    Le dommage collatéral de ce mouvement terminal jubilatoire – une coda en point d’acmé d’une conception de Mahler lumineuse, pleine de santé, que d’aucuns considéreront comme un contresens – est un Adagietto expéditif, à la Bruno Walter, où affleure l’excellence des cordes parisiennes, dans un quatre temps rigoureux ne retenant que l’indication de tempo italienne aux dépens du Sehr langsam qui l’accompagne sur la partition à la manière d’une contradiction.




    Philharmonie, Paris
    Le 09/11/2016
    Yannick MILLON

    Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding, avec la participation du violoniste Joshua Bell à la Philharmonie de Paris.
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 77
    Joshua Bell, violon
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 5 en ut# mineur
    Orchestre de Paris
    direction : Daniel Harding

     


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