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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Reprise d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction d’Ainars Rubikis à la Komische Oper de Berlin.
Idylles champĂŞtres
Chanté pour la première fois en russe sur la scène de l’Opéra-Comique de Berlin, Eugène Onéguine profite d’une nouvelle mise en scène du directeur des lieux, Barrie Kosky. Le décor bucolique offre de belles images à une distribution homogène, mais finit par trouver ses limites, tandis que l’orchestre offre une lecture encore très allemande de Tchaïkovski.
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S’adaptant à son époque, la Komische Oper Berlin remplace petit à petit ses productions d’opéras étrangers pour les proposer non plus traduites en allemand, mais bien dans leurs langues d’origine, comme cet Eugène Onéguine repris cette saison en russe avec une distribution quasi identique à celle de la création en janvier dernier.
Au milieu d’un décor omniprésent de Rebecca Ringst représentant une pelouse de campagne à l’orée des bois, les personnages du drame de Pouchkine suivent pendant trois actes la majeure partie des didascalies du livret. La première image ouvre donc sur deux vieilles femmes préparant des confitures, symbole récurent puisque les noceurs du II joueront avec les pots et que la lettre d’Onéguine à Tatiana, ici feuille déchirée du livre qu’elle lisait en ouverture de rideau, aura été conservée pendant toutes ces années dans ce même contenant retrouvé en fin d’opéra. Seul le début du dernier acte est placé dans un appartement bourgeois, rapidement démonté pour replonger le final en pleine nature, sous les lumières sombres déjà générées au duel.
Ce travail offre de belles idées autour d’une idylle de printemps finissant sous la grisaille et la pluie dans les derniers instants, et de belles images comme le déjeuner sur l’herbe de l’acte médian, ou les papillons nocturnes au troisième tableau du précédent, simulés par le chœur faisant valser des livres dans la pénombre. Pourtant, la limite d’un unique décor et d’une dramaturgie simpliste se ressentent dès la fin du I, où la puissance du propos est vite amoindrie par la simplification de la proposition, tandis que le jeu d’acteurs impliqués n’empêche pas la caricature des sentiments.
Dans ce contexte, le bel Onéguine de Günter Papendell trouve des expressions trop soutenues et souvent trop de vitalité pour développer une carrure comme un chant qui mériteraient plus de sérénité, surtout lorsque chacune de ses notes expriment un timbre grave suffisamment marqué pour asseoir à lui seul la légitimité du chanteur. Objet du désir, Nadja Mchantaf est une Tatiana encore plus surjouée, dont l’introversion semble sortie d’un film muet. Fort heureusement, elle ne l’est pas et la voix certes droite, souvent rigide et relativement monochrome, affiche tout de même un médium bien calibré.
Le reste de la distribution, homogène, laisse profiter des chanteuses de la troupe Karolina Gumos (Olga) et Christiane Oertel (Larina), et du Lenski engagé quoique lui aussi trop excité d’Adrian Strooper. Le chœur montre ce qu’il sait faire de mieux dans la dynamique lors de la scène de bal, et s’il n’a pas les couleurs slaves, parvient toutefois plus à faire croire qu’il comprend le russe que l’orchestre.
Ce dernier, sous la direction d’Ainars Rubikis, lyrique et intéressante dans la mise en valeur des bois fétiches de Tchaïkovski, semble jouer sur divers plans sonores sans toujours exposer un message groupé. Les danses sont exaltées mais la valse comme la mazurka, à partir du moment où elles laissent la dominance à l’orchestre, trouve des sonorités nettement plus proche du romantisme d’un Brahms ou d’un Schumann que de la triste vitalité du génie traumatisé.
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Komische Oper, Berlin Le 27/11/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction d’Ainars Rubikis à la Komische Oper de Berlin. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Eugène Onéguine, opéra en trois actes et sept tableaux
Livret du compositeur et de Constantin Chilovsky d’après le roman en vers d’Alexandre Pouchkine
Coproduction avec l’Opéra de Zurich
Chor und Orchester der Komischen Oper Berlin
direction musicale : Ainars Rubikis
mise en scène : Barrie Kosky
décors : Rebecca Ringst
costumes : Klaus Bruns
lumières : Franck Evin
préparation des chœurs : David Cavelius
Avec :
Günter Papendell (Eugene Onéguine), Nadja Mchantaf (Tatiana), Karolina Gumos (Olga), Adrian Strooper (Lenski), Christiane Oertel (Larina), Önay Köse (Prince Grémine), Margarita Nekrasova (Filippievna), Christoph Späth (Triquet), Daniil Chesnokov (Zaretski), Jan-Frank Süsse (Un capitaine), Yuhei Sato (Guillot). | |
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