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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Quatre chants pour franchir le seuil de GĂ©rard Grisey par Barbara Hannigan et des membres des Berliner Philharmoniker sous la direction de Simon Rattle Ă la Philharmonie de Berlin.
Trop lyrique…
Pour ce concert Late Night à la Philharmonie de Berlin, Simon Rattle déploie toute la beauté des Quatre Chants pour franchir le seuil du regretté Gérard Grisey, en compagnie d’une Barbara Hannigan assumant trop son statut de star du contemporain et souvent hors-sujet par rapport à la réserve nécessaire à cet ouvrage.
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Créé de manière posthume à Londres le 3 février 1999 sous la direction de Georges Benjamin un an après la mort par rupture d’anévrisme de Gérard Grisey, les Quatre Chants pour franchir le seuil sont déjà imprégnés de sentiments noirs et funèbres, mis en perspective par les regards sur la mort dans quatre civilisations : chrétienne, égyptienne, grecque et mésopotamienne. En utilisant la technique de musique spectrale (ou liminale, terme préféré par le compositeur), basée sur un retour aux composants primaires du son pour y appliquer d’infimes variations sur la base du spectre acoustique, il développe dans sa dernière œuvre un style unique trouvant son apogée dans les deux chants pairs, profondément émouvants.
L’introduction comme chaque interlude est générée par un bruit très faible, à peine distinct, d’une brosse frottée sur la peau d’une timbale, « poussières sonores inconsistantes, destinés à maintenir un niveau de tension légèrement supérieur au silence poli mais relâché qui règne dans les salles de concert entre la fin d’un mouvement et le début du suivant. » L’effet produit est superbe mais le résultat recherché ne fonctionnera pas tout à fait, car le faible prix des places et les noms de Rattle et Hannigan aidant, la grande salle de la Philharmonie de Berlin est aux trois quarts pleine pour ce concert de 22h, soit près de deux mille personnes, passionnés, amateurs ou simples curieux, parfois peu discrets dans leurs toux.
Passée l’introduction, les notes longues aux lentes évolutions apparaissent une à une, passant de la harpe aux cuivres et aux cordes pour se disperser au fur et à mesure entre les quinze musiciens, beaucoup ayant plusieurs instruments de tessitures différentes, comme les saxophonistes. Simon Rattle maintient une battue toujours évidente en même temps qu’une ambiance puissante, d’abord enivrante à la façon des pièces de Ives, où la trompette bouchée sera magistrale, ensuite plus pesante, et au climax du troisième chant tout à fait obsédante.
Barbara Hannigan débute le premier chant par une diction du français précise, mais montre encore plus qu’en 2008 avec l’Ensemble Intercontemporain un trop-plein de dynamique et une tentative de transformer ces parties en morceaux d’opéra. Sa technique assure une prestation globale haut-de-gamme, mais souvent hors-sujet et sans impact, tout particulièrement dans le deuxième chant où les numéros de sarcophages quasiment effacés, pouvant s’assimiler avec notre histoire à des numéros de prisonniers de camps, mérite une énumération plus proche de celle d’un théâtre comme 4.48 de Sarah Kane que d’une ligne de chant lyrique.
La soprano retrouve une verve parfaite dans les moments d’hystérie en lançant avec puissance des aigus volontairement hurlés, mais cela ne suffit pas à magnifier ces pièces, là où le travail musical absolument impeccable de Rattle montre sa grande maîtrise du répertoire contemporain, mise en bouche avant de l’entendre en janvier dans le Grand macabre de Ligeti à Londres puis Berlin.
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Philharmonie, Berlin Le 10/12/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Quatre chants pour franchir le seuil de GĂ©rard Grisey par Barbara Hannigan et des membres des Berliner Philharmoniker sous la direction de Simon Rattle Ă la Philharmonie de Berlin. | GĂ©rard Grisey (1946-1998)
Quatre Chants pour franchir le seuil, pour soprano et quinze instruments
Barbara Hannigan, soprano
Musiciens des Berliner Philharmoniker
direction : Simon Rattle | |
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