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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Weill et son monde
Tout entière préoccupée par l'année Bach, la France se souviendra-t-elle de Kurt Weill, dont on fête, en cet an 2000, le centième anniversaire de la naissance et le cinquantième de la disparition? Les soirées données à la Cité de la Musique resteront, en tous cas, parmi les événements de cette fin d'hiver, comme deux moments privilégiés.
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Hanna Schygulla, pour tout un chacun, c'est la blonde égérie de Rainer Werner Fassbinder, l'incarnation de Lily Marlene, l'une des héroïnes de La Nuit de Varennes d'Ettore Scola. Du théâtre à la chanson, le pas était, pour elle, facile à franchir. Bertolt Brecht...ici et maintenant: le spectacle qu'elle propose, dont Kurt Weill mais aussi Hans Eisler sont les illustrateurs musicaux consentants, n'est pas, fort heureuement, une simple enfilade de chansons. C'est une confession, une évocation, l'histoire d'une carrière, de rencontres, l'histoire d'une vie, la sienne, sa fascination pour la scène, pour l'oeuvre de Brecht et de ses musiciens. Avec cette voix rauque et prenante, qui prend un malin plaisir à gommer les aspérités de la langue allemande, voix de brume, de désir, de séduction, elle joue un jeu fascinant et bouleversant.
H.K. Gruber, on l'a d'abord, en France, connu par le disque. Fomidable de présence dans un récent et remarquable enregistrement de Silbersee, chef et interprète d'une version non moins récente de L'Opéra de quat'sous, ce diable d'homme sait tout faire: composer, diriger, chanter aussi, avec une voix claironnante qui porte en elle l'ironie et le sarcasme. Au programme de son unique concert, des oeuvres rares: le "song" Berlin im Licht, dans lequel il se déchaîne, le juvénile Concerto pour violon et instruments à vent, dont Clio Gould surmonte les innombrables difficultés avec un flegme étonnant, la Suite panaméenne, rutilante adaptation de quelque airs tiré de Marie-Galante, la saisissante ballade Vom Tod im Wald, et le surprenant Öl-Musik, dénonçant (déjà !) les méfaits de l'industrie pétrolière, ces deux pages rares faisant honneur au récitant (Gruber, bien sûr, qui projette chaque mot comme une flèche) et, pour terminer, la suite pou vents tirée de L'Opéra de quat'sous, qui finit de conquérir une salle enthousiaste. Il est vrai que le London Sinfonietta, avec ses sonorité acérées, est l'orchestre idéal pour rendre justice à ces musiques caustiques et pourtant charmeuses.
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| Le 02/03/2000 Michel PAROUTY |
| | Hanna Schygulla (2 mars)
H.K.Guber (3 mars) | |
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