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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction d’Herbert Blomstedt, avec la participation du pianiste András Schiff à la Philharmonie de Berlin.
Transmettre la joie
Invité chaque saison par les Berliner, Herbert Blomstedt dirige cette formation comme toutes les autres, avec un sourire et une bienveillance transférant aux œuvres un bien-être toujours évident. Pour ce programme, le Troisième Concerto de Bartók par András Schiff manque de couleurs, quand la Première de Brahms démontre l’incroyable réserve de l’orchestre.
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Programme court mais intense que celui d’Herbert Blomstedt pour sa prestation saisonnière au pupitre des Berliner Philharmoniker, pour l’occasion dans leur formation la plus luxueuse possible, avec Noah Bendix-Balgley pour premier violon, accompagné en second d’un autre Konzertmeister, Daniel Stabrawa. Idem aux pupitres des hautbois où, aux côtés d’Emmanuel Pahud à la flûte se trouve non seulement Albrecht Mayer, mais en second Dominik Wollenweber, d’ordinaire surtout présent pour les parties de cor anglais.
Longue digression sur les formidables individualités de l’un, si ce n’est le plus bel, orchestre du monde, mais qui s’impose pour justifier les incroyables sonorités de la Symphonie n° 1 de Johannes Brahms jouée en seconde partie. Chaque solo, de n’importe quel instrument qu’il provienne, est un simple régal, quand l’orchestre trouve avant tout une fantastique puissance dans les cordes, d’abord non utilisées à plein, à l’image des premiers accords ne cherchant ni la douleur ni la puissance d’une partition qu’on a trop souvent considérée comme la dixième symphonie de Beethoven, mais plutôt l’équilibre et la fluidité dans une forme de legato continu.
Rien à voir ici avec un legato permanent comme s’y était essayé Riccardo Chailly avec Leipzig, mais plutôt tout simplement l’évidence pour porter sans rupture cet ouvrage d’un seul flux, duquel on pourra certes regretter le manque d’aspérités dans le Poco sostenuto, et justement dans une moindre mesure de sostenuto, mais pour lequel à partir du Poco allegro e gracioso s’imposent les lumières et ambiances de montagnes et de nature chères au compositeur allemand comme au chef d’orchestre américain.
Auparavant, le Troisième Concerto pour piano de Béla Bartók avait moins intéressé, et malgré un ensemble l’ayant abordé dès 1953 sous la baguette d’Eugen Jochum, puis à de nombreuses reprises ensuite, ce chef-d’œuvre du répertoire concertant n’avait plus été interprété par les Berliner depuis 2007, avec Neeme Järvi et Hélène Grimaud. Ni l’orchestre ni le chef ne trouvent ici de véritables angles interprétatifs, ni modernes façon Boulez, ni américains façon Abbado ou Levine, malgré quelques accords jazzy aux cuivres bouchés, ni encore moins colorés et folkloriques malgré la présence au piano du Hongrois András Schiff.
L’instrument soliste prend donc une relative indépendance dans un doigté souvent trop mat ou froid, surtout dans l’Allegretto, particulièrement déséquilibré dans la coda où le pianiste semble s’échapper seul. Le mouvement médian, si propice à l’émotion, ne touche d’abord non plus ni à l’orchestre ni au piano, mais ravit à partir des sonorités typiquement ravéliennes superbement rendues dans une meilleure dynamique d’ensemble, conduisant à un Allegro vivace plus convaincant sans jamais non plus devenir transcendant.
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Philharmonie, Berlin Le 21/01/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction d’Herbert Blomstedt, avec la participation du pianiste András Schiff à la Philharmonie de Berlin. | Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour piano n° 3 Sz 119
András Schiff, piano
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 1 en ut mineur op. 68
Berliner Philharmoniker
direction : Herbert Blomstedt | |
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