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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Reprise de Boris Godounov de Moussorgski dans la mise en scène de Petrika Ionesco, sous la direction de Paolo Arrivabeni à l’Opéra de Marseille.
RĂ©unis dans les graves
En réutilisant la mise en scène de Petrika Ionesco créée à Liège pour la version 1872 de Boris Godounov, l’Opéra de Marseille apporte des modifications pour se fondre dans la version initiale plus condensée de 1869, moins adaptée à cette production scéniquement, mais portée musicalement par un plateau et un orchestre des grands soirs.
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À l’instar de Don Carlos, Boris Godounov est un jeu de versions et de retouches laissant en suspens de nombreuses questions. Effet de ce siècle et alors qu’Abbado tentait déjà de dégraisser l’œuvre de sa parure rimskienne il y a maintenant quarante ans, la mode est passée d’un extrême à l’autre pour ne presque plus laisser que la version liminaire de 1869, qui concentre le plus le drame en deux heures et sept tableaux.
Prévue d’abord pour la version remaniée en 1872 par le compositeur lui-même, la mise en scène de Petrika Ionesco joue la carte du Grand Opéra avec des décors massifs, morceaux agrandis de peintures et icônes du rite orthodoxe, problématiques à déplacer entre chaque tableau, créant des ruptures trop longues par rapport à la continuité de l’action dans cette nouvelle proposition.
Les costumes, cherchant l’authenticité, associent vrais habits de prêtres orthodoxes à des robes, armures et manteaux de soldats et souverains russes du XVIe siècle de Boris, tandis que l’on retiendra malgré cette lourdeur d’apparat le très beau travail de dramaturgie pour accompagner l’action toute la soirée, avec des détails comme les crises médicamenteuses et surtout la main tremblant continuellement de Grigori, faits avérés historiquement.
Si cette production phocéenne vaut vraiment le détour, c’est pourtant avant tout grâce à la fosse et plus encore au plateau pour lequel on a réuni une équipe quasi idéale, presque intégralement issue de l’école française. Ce sont les basses qui impressionnent le plus, à commencer par le Pimène de Nicolas Courjal, encore jeune de timbre mais d’une ampleur vocale et d’une profondeur rare, couplées à une présence scénique hors-norme. Alexey Tikhomirov tient le rôle-titre avec une voix plus noire encore, impressionnante malgré l’impossibilité de tenir le moindre aigu. Wenwei Zhang complète ce trio avec un autre style, parfaitement adapté à Varlaam.
Les ténors Luca Lombardo (Chouiski), Jean-Pierre Furlan (Dimitri) et Marc Larcher (Missaïl) complètent parfaitement le plateau masculin, tandis que chez les femmes on écoute avec plaisir Marie-Ange Todorovitch dans le court rôle de l’Hôtesse (sans son air d’entrée de 1872), et des courtes mais belles prestations de la mezzo Caroline Meng, très crédible en Fiodor, et de la jolie princesse Xénia de Ludivine Gombert.
Dans cette superbe distribution s’intègre la Maîtrise des Bouches-du-Rhône pour martyriser l’Innocent de Christophe Berry, qui pourrait trouver plus de force encore dans ses cris de désespoir, surtout ce soir avec un doublon en fosse aussi puissant que le premier cor, ainsi qu’un Chœur de l’Opéra de Marseille en grande forme, d’abord en léger manque de chaleur dans sa première intervention, puis aussi à l’aise que s’il chantait Verdi, malgré la barrière du russe.
Enfin, l’Orchestre de l’Opéra de Marseille fait ressortir toute la palette dramatique de cuivres et bois à peu près parfaits et de cordes lyriques voire romantiques sous la baguette de Paolo Arrivabeni, à qui on pourra juste reprocher un manque de force dans le grave pour soutenir le tableau du couvent et celui de la Douma, ce dernier marqué par une chute fracassante et hallucinante de réalisme de Boris mort dans les derniers instants, avec pour dernière image le couronnement de l’imposteur Dimitri.
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Opéra, Marseille Le 14/02/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de Boris Godounov de Moussorgski dans la mise en scène de Petrika Ionesco, sous la direction de Paolo Arrivabeni à l’Opéra de Marseille. | Modest Moussorgski (1839-1881)
Boris Godounov, opéra en sept tableaux
Livret du compositeur d’après le drame éponyme d’Alexandre Pouchkine et l’Histoire de l’État Russe de Karamzine
Version initiale de 1869
Maîtrise des Bouches-du-Rhône
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille
direction : Paolo Arrivabeni
mise en scène & décors : Petrika Ionesco
Ă©clairages : Patrick MĂ©uĂĽs
préparation des chœurs : Emmanuel Trenque
Avec :
Alexey Tikhomirov (Boris Godounov), Ludivine Gombert (Xénia), Caroline Meng (Fiodor), Marie-Ange Todorovitch (la Nourrice / l'Hôtesse), Nicolas Courjal (Pimène), Jean-Pierre Furlan (Gregori / Dimitri), Luca Lombardo (Chouiski), Wenwei Zhang (Varlaam), Christophe Berry (l'Innocent), Ventseslav Anastasov (Andrei Tchelkalov), Marc Larcher (Missail), Julien Véronèse (Nikitch / Officier de Police), Jean-Marie Delplas (Mityukha). | |
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