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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre du Capitole de Toulouse sous la direction de Josep Pons, avec la participation du clarinettiste Raphaël Sévère à la Halle aux grains, Toulouse.
Dialogue sur les sommets
Rarement entendu en terrain symphonique, le chef catalan Josep Pons dirige l'Orchestre du Capitole dans une Quatrième Symphonie de Bruckner qui démontre toutes les qualités de l'effectif toulousain, précédée en première partie du célébrissime Concerto pour clarinette de Mozart, avec le talentueux Raphaël Sévère en soliste.
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On retrouve sous les voûtes de la Halle aux grains de Toulouse le couplage récemment entendu sous la baguette de Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris : deux compositeurs que tout oppose, si ce n'est la nationalité autrichienne. À l'humanisme éclairé du Concerto pour clarinette de Mozart répond en seconde partie le mysticisme et l'architecture monumentale de la Quatrième Symphonie d'Anton Bruckner (édition Nowak).
Deux univers très différents, dirigés par Josep Pons, actuel directeur musical du Liceu de Barcelone et très présent sur les scènes internationales en tant que chef invité. De retour au pupitre de l'Orchestre national du Capitole de Toulouse quasiment un an jour pour jour après son dernier concert, il ouvre les débats avec le jeune clarinettiste Raphaël Sévère dont c'est la première apparition in loco.
Écrit au crépuscule de sa courte existence, le célébrissime Concerto pour clarinette de Mozart est aussi l'histoire d'une amitié avec Anton Stadler, éminent soliste et inventeur de la clarinette de basset – évolution du cor de basset pour lequel une première version de l'Allegro avait été écrite quatre ans auparavant. Construit sur une forme sonate légèrement dissymétrique du côté de l'Allegro initial, ce concerto donne au soliste l'occasion de répondre à un thème bondissant que les cordes du Capitole détaillent avec brio sous la conduite du chef catalan.
Tenu la bride haute pour laisser le premier plan à la clarinette, l'orchestre se fait volontiers nerveux et acerbe dans les réponses du tac-au-tac et les tutti qui ponctuent le mouvement. D'une aisance remarquable dans les passages arpégés, la clarinette de Raphaël Sévère puise dans un répertoire de gestes et de respirations qui met en jeu tout le corps du soliste. Même si le registre grave peine parfois à s'affirmer dans l'acoustique très détaillée de la Halle aux grains, les lignes mélodiques sont d'une subtilité et d'une élégance remarquables.
La mélancolie jamais sirupeuse de l'Adagio bénéficie d'une conduite harmonique millimétrée, Josep Pons ne privilégiant jamais les écarts dynamiques pour détacher le soliste d'un orchestre trop démonstratif. La façon dont il murmure le retour du thème, tel un écho lointain, est l'un des plus beaux moments de la soirée. Le flux libéré du Rondo final permet un échange roboratif entre deux protagonistes réunis par un esprit joyeux et gamin. Raphaël Sévère se met définitivement le public toulousain dans sa poche en offrant en bis, la dernière des trois Pièces pour clarinette (1919) d'Igor Stravinski.
En seconde partie, c'est un Orchestre du Capitole avec un effectif pléthorique qui occupe tout l'espace de la scène. L'interprétation de Josep Pons fait mentir cette impression visuelle de démesure et de lourdeur, le geste est précis et contrôle d'un bout à l'autre les changements de dynamique, tout en nuance et en douceur. Romantique au sens propre du terme, il s'appuie sur l'excellence de l'effectif instrumental côté petite harmonie et cuivres – avec une mention spéciale au cor solo Jacques Deleplancque, toujours fidèle au poste.
La lisibilité des trémolos permet d'alléger le discours dans l'Allegro initial, avec un soutien manifeste des figures thématiques à la flûte solo pour mettre en valeur la ligne principale. Même impression de légèreté dans un Andante comme parcouru de nervures harmoniques qui semblent le soutenir comme une voûte invisible. Les accents du Scherzo se chevauchent chez les cors, avec au passage, quelques accrocs noyés dans la masse et des décalages avec les pupitres de cordes. Il faut toute la force du finale Allegro moderato pour que l'effectif retrouve une cohérence et parvienne à une coda parfaitement équilibrée et transparente dans l'étagement des dynamiques.
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Halle aux Grains, Toulouse Le 10/02/2017 David VERDIER |
| Concert de l’Orchestre du Capitole de Toulouse sous la direction de Josep Pons, avec la participation du clarinettiste Raphaël Sévère à la Halle aux grains, Toulouse. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour clarinette en la majeur KV 622
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 4 en mib majeur « Romantique » A.95
Orchestre national du Capitole de Toulouse
direction : Josep Pons | |
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