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CRITIQUES DE CONCERTS |
12 octobre 2024 |
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Récital du pianiste Simon Ghraichy au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Selon le répertoire
Lycées français du Mexique et du Liban, Paris à 16 ans, son enfance et sa jeunesse expliquent qu’à 30 ans Simon Ghraichy privilégie un répertoire de musique latino-américaine rarement joué. Il s’y montre en meilleure connivence qu’avec Liszt et Debussy, présents pour leur influence sur les compositeurs plus folkloriques de son programme.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 04/03/2017
Claude HELLEU
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Il y eut avant l’entracte, et après. Avant, Simon Ghraichy commence son récital par la Danzon n° 2 d’Arturo Márquez. Un rythme lourdement souligné, des accords durs, une main gauche inexistante quand elle ne tape pas le clavier nous assènent la transcription pour piano seul d’une des danses de la très populaire série mexicaine, acclamée d’emblée par la salle remplie de copains.
Quant à la Sonate en si mineur de Liszt ensuite, attaquée avec une grande concentration sur des accords d’ouverture qui battent des records de raideur lapidaire, elle va enchaîner des moments discontinus et totalement décousus. L’absence de sonorité d’un toucher uniforme, les phrasés courts souvent brouillés de pédale ignorent toute projection. La gratuité du rubato et des accélérations, la platitude et l’exagération des rares moments cantabile, la violence de frappes ignorantes de toute nuance ne viennent de et ne vont nulle part. Par petits bouts, privée de son immense architecture, l’œuvre devient vite ennuyeuse et se traîne à n’en plus finir.
Simon Ghraichy se montre sympathiquement plus en phase avec le répertoire qu’il aborde après l’entracte. Il s’est changé, les ors de son costume conviennent au soleil des pièces choisies. Spontanément, la dynamique devient le moteur des trois pièces du Cubain Ernesto Lecuona, Danses afrocubaines, Suite andalouse, Danses cubaines typiques. À défaut d’avoir une sonorité, le pianiste suscite de belles résonnances. Des fulgurances, un entrain contagieux complètent la séduction d’une musique qu’avait applaudie Ravel, devenu l’ami du compositeur après son récital à Pleyel.
Après une Sérénade de Debussy que le pianiste affadit, les Pièces espagnoles de Manuel de Falla bénéficient de la verve innée du pianiste. La netteté des notes répétées, leur précision légère au ras du clavier nous proposent une Andaluza des plus séduisantes. Les piqués détachés correspondent mieux à la technique de Simon Ghraichy maintenant rayonnant du plaisir d’en donner à coup sûr. Délicieuses Asturias-Leyenda d’Albéniz, ces chants d’Espagne si joliment colorés. L’atavisme sud-américain, la familiarité avec Villa-Lobos habitent New York Skyline et l’atmosphère brésilienne de Festa no Sertao. L’éthique de ces choix rapproche les connivences, de Falla successeur d’Albéniz, lui-même dans la descendance de Liszt et influencé par Debussy.
Le lyrisme pudiquement inspirĂ© de l’Intermezzo n° 1 du Mexicain Manuel MarĂa Ponce renouvelle ce climat latino. Camargo Guarnieri, considĂ©rĂ© comme le successeur de Villa-Lobos, dĂ©couvre sous son meilleur jour un autre aspect du folklore brĂ©silien avec Ponteios n° 30 et n° 40. OĂą Simon Ghraichy se confirme dĂ©cidĂ©ment meilleur interprète de pièces courtes et typĂ©es. Cette chaleureuse conclusion au programme officiel sera suivie de bis multiples, auxquels participeront des percussionnistes surgis pour une irrĂ©sistible improvisation.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 04/03/2017 Claude HELLEU |
| Récital du pianiste Simon Ghraichy au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Arturo Márquez (*1950)
Danzon n° 2
Franz Liszt (1811-1856)
Sonate en si mineur
Ernesto Lecuonza (1895-1963)
La Comparsa
Cordeba
La 32
Claude Debussy (1862-1918)
La Sérénade interrompue
Manuel de Falla (1876-1946)
Andaluza
Isaac Albéniz (1860-1909)
Asturias-Leyenda
Heitor Villa-Lobos (1887-1950)
New York Skyline
Festa no Setao
Manuel MarĂa Ponce (1882-1948)
Intermezzo n° 1
Camargo Guarnieri (1907-1993)
Ponteio n° 30
Ponteio n° 49 Hommage à Scriabine
Simon Ghraichy, piano | |
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