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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

"Il Combattimento", spectacle contemporain de Romeo Castelluci autour des madrigaux de Monteverdi au Théâtre de l'Odéon.

Monteverdi battu
en combat singulier

© Eric Sebbag

Les Madrigaux guerriers et amoureux de Monteverdi portés à la scène. Pourquoi pas ? Réunissant l'ensemble Concerto de Roberto Gini et le metteur en scène Romeo Castelluci, le spectacle intitulé Il Combattimento a remporté un prix décerné à Taormina par l'Union des théâtres de l'Europe. Il vient d'être donné à Paris.
 

Théâtre de l'Odéon, Paris
Le 13/10/2000
Eric SEBBAG
 



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  • Un jeune homme en maillot de bain passe sur la scène furtivement. Une silhouette en armure qui se dévêt et révèle une jeune femme, elle aussi en costume de plage. Le tout sur une musique électroacoustique de Scott Gibbons ou une armada de grillons affrontent des torrents métalliques et irisés. Monteverdi survient. La jeune femme s'est allongée sur un lit roulant, jambes suspendues en l'air comme chez le gynécologue. Des personnages vêtus comme des chirurgiens (tenue blanche ornée d'une croix rouge, masques et bonnets) manipulent d'étranges instruments de torture. Monteverdi. On extirpe une serviette ensanglantée du bikini de la jeune femme. Le sang se répand bien au-delà de la contenance du linge. Monteverdi. Des spermatozoïdes projetés sur un écran, des mannequins d'enfant, quelques machines folles, une grosse grenouille blanche qui clapote, des lumières rouge sang qui baignent la salle entière, public compris. Un peu de fatras électroacoustique. Un cheval blanc, un portrait en médaillon du Christ qui tournoie accelerando. Monteverdi s'agite. En final : des robots de peinture qui maculent aléatoirement les murs blancs d'une sorte d'hotel. Monteverdi pleure. Une odeur pestilentielle s'en dégage. Rideau (en plastique transparent pour tenter de contenir les fragrances chimiques, en vain).


    Voilà bien sommairement décrits quelques épisodes volés à ce spectacle ouvertement vandale. Vous n'avez pas bien compris de quoi il retourne ? Son auteur, Romeo Castellucci, vous l'explique : "La guerre, l'amour, le féminin et le masculin, la foi et le désenchantement, Eros et Thanathos, le vrai et le présumé
    chaque élément du drame est divisé en deux âmes, opposés par la lame des contraires."
    . Il oublie le Yin et le Yang, Jekyll et Hyde, Laurel & Hardy, Jacob et Delafon, Pepsi & Cola
    Qu'importe d'ailleurs ces explications parfum "art conceptuel" très années soixante-dix. Ce qui percute les rétines est plus vieux encore : quelque chose comme un Chien Andalou ou un Age d'or sans le génie visuel de l'association Bunuel - Dali. Pour le reste, tout y est en plus moderne et plus "gore", y compris la dimension anticléricale, et l'alternance de Wagner et de Tangos est remplacée par Monteverdi et le décor électroacoustique de Scott Gibbons. À ce titre, le spectacle est finalement divertissant parce que assez potache en dessous de son vernis intello.

    Reste la musique. De fait, Monteverdi n'y est qu'un prétexte même si l'auteur s'abrite derrière une intention de "
    respecter, avec la plus grande déférence, chaque note et chaque virgule de l'oeuvre originale."
    . C'est sans doute pourquoi il laisse des machines pétarader pendant les madrigaux interprétés par l'ensemble Concerto de Roberto Gini. Il y a aussi des coups violents frappés d'on ne sait où (des coups de théâtre ?) et le bruit envahissant des robots à peinture. On se demande d'ailleurs comment Lavinia Bertotti arrive à articuler si finement son Lamento de la Ninfa sans être asphyxiée par les remugles glycérophtaliques.
    Devant le théâtre automatique ourdi par Castellucci, le classicisme de Roberto Gini accentue encore l'effet de décalage. Excepté Bertotti, ses chanteurs sont honnêtes, sans plus. Et lui même se refuse à toute sorte d'excès, de sorte que son Combattimento di Tancredi e Clorinda a l'air aussi violent qu'un tournoi de Bridge. Cela écrit, on comprend facilement qu'il n'ait pas eu le coeur de surenchérir.

    Ce même spectacle sera aussi donné les 17, 18, 19 & 20 janvier 2001, dans le cadre de la Saison de l'Opéra national du Rhin, à Strasbourg, Le Maillon, Wacken, Hall 2.




    Théâtre de l'Odéon, Paris
    Le 13/10/2000
    Eric SEBBAG

    "Il Combattimento", spectacle contemporain de Romeo Castelluci autour des madrigaux de Monteverdi au Théâtre de l'Odéon.
    "Il Combattimento" d'après Claudio Monteverdi (Madrigali Guerrieri e amorosi, libro VIII) Scott Gibbons (Combattimento in liquido), musique électroacoustique
    Production Societas Raffaello Sanzio/Romeo Castellucci
    Ensemble Concerto
    direction musicale : Roberto Gini
    Mise en scène, décor et costumes : Romeo Castellucci
    dramaturgie : Chiara Guidi

    avec Lavinia Bertotti (soprano), Mario Cecchetti (tenor), Vincenzo Di Donato (tenor), Salvo Vitale (basse), et Michele Altana, Claudio Borghi, Gregory Petitqueux, Claudia Zannoni

     


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