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CRITIQUES DE CONCERTS 23 avril 2024

Huitième Symphonie de Mahler sous la direction d’Eliahu Inbal à l’Elbphilharmonie de Hambourg.

Monument symphonique
© Wolf-Dieter Gericke

Très attendue pour la première saison de l’Elbphilharmonie, la monumentale Huitième Symphonie de Mahler présente sur la scène du port de Hambourg toutes les qualités acoustiques d’une salle rarement mise en difficulté. Les chœurs et la distribution s’accordent avec le Philharmonisches Staatsorchester Hamburg sous la direction d’Eliahu Inbal.
 

Elbphilharmonie, Hamburg
Le 30/04/2017
Vincent GUILLEMIN
 



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    Surnommé à tort Symphonie des Mille, la Symphonie n° 8 de Mahler reste extrêmement complexe à programmer par le fait du monumental effectif exigé, les trois chœurs devant être soutenus par un orchestre renforcé – ici pas moins de six harpes et dix contrebasses – en plus d’un octuor de solistes dont les airs principaux ne pardonnent pas la médiocrité. Au-delà de ces contraintes techniques, il faut trouver aussi un angle pour aborder globalement ce que l’on peut avec le recul considérer comme la moins bonne symphonie de Mahler, et lier une première partie hymnique avec une seconde en forme d’oratorio sur la scène finale du Faust II de Goethe.

    Eliahu Inbal trouve une réponse à ces problématiques grâce à un geste lisible de tous, en plus d’un tempo allant entretenu tout au long de l’œuvre, réduisant son exécution à tout juste soixante-quinze minutes. Il ne fait aucune concession de volume et profite d’une salle dont on peut encore une fois louer la qualité des matériaux utilisés, flatteurs à l’œil en plongeant l’auditeur dans l’univers marin, en plus d’être flatteurs à l’oreille sans tomber dans les affres modernes de la réverbération à outrance.

    Sa proposition rapide permet d’expédier le Veni creator tout en lui évitant des travers vulgaires, mais ne concède pas suffisamment à la seconde partie son atmosphère élégiaque, ni encore moins paradisiaque dans le chœur final. Dans cette lecture dépassionnée, les parties instrumentales solistes ne transportent pas non plus par leur manque de grâce, à commencer par les soli du premier violon, dont le phrasé haché et un délié trop marqué s’accordent peu avec le chant. Même reproche pour un hautbois souvent aigre, et surtout une trompette rarement juste.

    Il faut à l’inverse louer les harpes ainsi que le premier violoncelle, particulièrement beau dans le duo avec la flûte pour accompagner la partie du ténor au Sempre l’istesso tempo, même si une impression de fatigue à l’orchestre se ressent régulièrement, compréhensible vu la période et le nombre important de représentations à tenir en même temps. Le Staatlicher Akademischer Chor Latvija et le Chor der Hamburgischen Staatsoper, moins sollicités, ne s’essoufflent jamais, pour un rendu séduisant et une mise en place impeccable, tout comme le chœur d’enfants Hamburger Alsterspatzen, magnifique dans ses interventions à cour, juste derrière les cordes.

    Pour développer les voix solistes, un octuor plus que solide a été réuni, à commencer par l’impressionnante soprano Sarah Wegener, d’une brillance et d’une puissance dans l’aigu capable de ressortir de la masse même dans les ensembles les plus denses. Elle déçoit juste au moment le plus important, dans l’air de Magna Peccatrix, exactement comme son pendant masculin, le ténor Burkhard Fritz, superbe dans les ensembles et duos, mais passant à côté du Doktor Marianus.

    Jacquelyn Wagner n’a pas la puissance de sa collègue soprano I, mais un beau legato et un timbre dans sa continuité, sa partie Una Poenitentium, magnifique de douceur, restant toutefois moins impressionnante que la découverte d’une magnifique colorature, Heather Engebretson, exilée au second balcon à cour, là où la fanfare de cuivres intervient également à deux reprises. Elle magnifie Mater Gloriosa avec une voix claire et agile en plus d’être parfaitement compréhensible.

    Les deux mezzos trouvent de splendides interprètes en Dorottya Láng et surtout Daniela Sindram, dont le timbre assombri ses dernières années donne une remarquable couleur à ses interventions. Le baryton Kartal Karagedik maintient avec aise toutes ses parties en se démarquant par la projection de la basse Wilhelm Schwinghammer, dont les graves ne touchent pourtant pas assez lorsqu’il tient le Pater Profondus.

    Cette interprétation aura donc permis de vérifier une fois encore la splendeur de l’Elbphilharmonie, à défaut d’avoir renouvelé notre écoute d’une symphonie pourtant rarement interprétée, à laquelle on a d’ailleurs ajouté d’inutiles panneaux lumineux évoluant sans aucun apport durant toute l’interprétation.




    Elbphilharmonie, Hamburg
    Le 30/04/2017
    Vincent GUILLEMIN

    Huitième Symphonie de Mahler sous la direction d’Eliahu Inbal à l’Elbphilharmonie de Hambourg.
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 8 en mib majeur
    Sarah Wegener (Magna Peccatrix)
    Jacquelyn Wagner (Una Poenitentium)
    Heather Engebretson (Mater Gloriosa)
    Daniela Sindram (Mulier Samaritana)
    Dorottya Láng (Maria Aegyptiaca)
    Burkhard Fritz (Doctor marianus)
    Kartal Karagedik (Pater ecstaticus)
    Wilhelm Schwinghammer (Pater profundus)
    Hamburger Alsterspatzen
    Chor der Hamburgischen Staatsoper
    Staatlicher Akademischer Chor Latvija
    Philharmonisches Staatsorchester Hamburg
    direction : Eliahu Inbal

     


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