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CRITIQUES DE CONCERTS 20 avril 2024

Nouvelle production du Timbre d’argent de Saint-Saëns dans une mise en scène de Guillaume Vincent et sous la direction de François-Xavier Roth à l’Opéra Comique, Paris.

Timbre de papier
© Pierre Grosbois

Dans le cadre du Festival de la fondation Palazzetto Bru Zane à Paris, l’Opéra Comique nouvellement remis à neuf remonte le premier opéra de Saint-Saëns. L’entreprise de redécouverte évidemment louable ne suffit pas à masquer la faiblesse d’un livret médiocre et d’une musique sans personnalité, auxquels s’accorde une mise en scène facile.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 15/06/2017
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Après la Reine de Chypre d’HalĂ©vy au Théâtre des Champs-ÉlysĂ©es sous la direction d’HervĂ© Niquet, c’est au tour de l’OpĂ©ra Comique tout juste rouvert de proposer une raretĂ© française. Le choix s’est portĂ© sur le premier des douze opĂ©ras de Saint-SaĂ«ns, le Timbre d’argent, composĂ© dès 1865 sur un livret de CarrĂ© et Barbier mais crĂ©Ă© seulement en 1877, soit la mĂŞme annĂ©e que le plus cĂ©lèbre Samson et Dalila.

    Sans prendre aucun risque, l’histoire lorgne vers des thématiques fantastiques alors en vogue dans la capitale. On offre au peintre Conrad – prononcer à la française – amoureux d’Hélène, un timbre d’argent, objet magique lui permettant à chaque vibration de récupérer une forte masse d’or, au prix de la mort d’un proche.

    Seulement, le texte français de cette époque heureuse du Grand Paris ne cherche que le premier degré, et n’ose même pas jouer à fond la carte magique. Le conte clôture sur l’idée que tout n’était qu’un rêve, avec en plus une fin moralisatrice : l’artiste ne souhaitera plus vivre que modestement le reste de sa vie avec son épouse, et oubliera le fantasme d’une Circé-Fiammetta pourtant d’autant plus idéal que cette dernière était muette.

    Ă€ ce premier dĂ©faut, il faut ajouter celui de la musique, car si l’on parle ici et lĂ  de Gounod, de Bizet ou que l’on ose mĂŞme proposer les idĂ©es de Berlioz ou Wagner, il faut se rĂ©soudre pendant plus de deux heures trente Ă  n’entendre que de jolis sons sans personnalitĂ©, rarement identifiables Ă  la patte d’un seul compositeur, sauf peut-ĂŞtre dans des danses paysannes orientalisantes au III, qu’un Dvořák ou un Rimski traiteront avec nettement plus de gĂ©nie seulement quelques annĂ©es plus tard.

    Dans la fosse, le geste à la fois dynamique et poétique de François-Xavier Roth pèche par les sonorités ingrates de son ensemble les Siècles, rarement pur et dont les vents rêches ne parviennent pas à neutraliser des violons sans chaleur ni lyrisme. Le chœur accentus intéresse plus sur scène avec une mise en place et une prononciation bien adaptées, bien qu’aucune de leurs parties ne reste à l’oreille une fois le rideau retombé.

    Sur scène, Guillaume Vincent s’adapte à la facilité du livret sans y chercher le moindre arrière-plan. Un décor récurrent de strass intègre l’œuvre dans la légèreté, avec quelques belles images comme les vidéos de forêts ou celles de magie tout au long des scènes de rêve, du timbre volant entre les bras de Spiridion à la rapide évaporation de Fiammetta derrière un jet de flammes. Il en faut peu pour être heureux et le résultat semble convenir à une large part du public, sans que l’on puisse trouver pourtant dans ce travail le moindre accent de caractère.

    De la distribution se remarque avant tout le rôle principal, Conrad tenu par Edgaras Montvidas avec une diction précise et un timbre chaleureux, juste mis à mal au dernier acte par la longueur de la partition. Tassis Christoyannis campe un Spiridion bien en voix dans le grave et sans doute un peu trop surjoué, fait pardonnable avec un tel texte écrit au dictionnaire de rime. Il possède l’un des deux seuls airs à vaguement retenir de l’opéra, Qui suis-je ? gaiement tenu face à l’autre aria de circonstance, celle d’Hélène. Portée ici par une Hélène Guilmette enceinte à la scène comme à la vie, la romance le Bonheur est chose légère ravit malgré des aigus serrés et un vibrato toujours audible. La petite sœur Rosa tenue par la jeune Jodie Devos semble alors plus droite et mieux placée.

    Dernier rôle d’importance, Bénédict trouve avec Yu Shao un ténor engagé tandis que les courtes apparitions de Patrick et du mendiant bénéficient de deux artistes issus du chœur, Jean-Yves Ravoux et Matthieu Chapuis. Le dernier grand rôle est celui, muet, de Circé-Fiammetta. La danseuse Raphaëlle Delaunay y apporte par un physique sportif une félinité plastique et une agilité remarquable, à défaut d’exprimer la moindre grâce. Son personnage est finalement à l’image de l’œuvre, bien exécuté mais sans véritable saveur. Exhumer des raretés participe évidemment à diversifier le répertoire, mais les programmer met souvent en exergue pour quelles légitimes raisons celles-ci ne sont pas plus inscrites au répertoire.




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 15/06/2017
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production du Timbre d’argent de Saint-Saëns dans une mise en scène de Guillaume Vincent et sous la direction de François-Xavier Roth à l’Opéra Comique, Paris.
    Camille Saint-Saëns (1835-1921)
    Le Timbre d’argent, drame lyrique en quatre actes (1877)
    Livret de Jules Barbier et Michel Carré
    Version finale de 1914

    Chœur accentus
    Orchestre Les Siècles
    direction : François-Xavier Roth
    mise en scène : Guillaume Vincent
    décors : James Brandily
    costumes : Fanny Brouste
    Ă©clairages : Kelig Le Bars
    vidéos : Baptiste Klein
    chorégraphie : Herman Diephuis
    magicien : Benoît Dattez
    préparation des chœurs : Christophe Grapperon

    Avec :
    Raphaëlle Delaunay (Circé/Fiammetta), Edgaras Montvidas (Conrad), Hélène Guilmette (Hélène), Tassis Christoyannis (Spiridion), Yu Shao (Bénédict), Jodie Devos (Rosa), Jean-Yves Ravoux (Patrick), Matthieu Chapuis (Frantz, un mendiant), Aina Alegre, Marvin Clech, Romual Kabore, Nina Santes (Danseurs).

     


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