|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
|
Reprise de Tosca à l'Opéra Bastille de Paris
Tosca pieuse et libertine
On a trop longtemps reproché à l'Opéra de Paris de ne pas inviter des français à chanter les rôles titres sur ses plateaux pour ne pas remarquer Jean Philippe Lafont et Sylvie Valayre dans la reprise de Tosca à Bastille. Si le premier fait l'unanimité, la seconde partage la rédaction d'altamusica.
|
|
Triomphe du libertin
Le renoncement de Barbe-Bleue
Frénésie de la danse
[ Tous les concerts ]
|
Les reprises valent souvent pour les distributions nouvelles qu'elles proposent. cette production de Tosca signée Werner Schroeter n'avait pas fait l'unanimité lors de sa création. Elle a plutôt pris du poids et de l'intérêt avec le temps, peut-être en raison de toutes les absurdités tellement plus excessives que l'on a vues depuis!
On retrouvait Jean-Philippe Lafont en Scarpia. La voix est toujours bien celle du rôle et le comédien est plus convaincant en méchant qu'il ne l'était, même s'il tire plutôt le personnage vers l'obsédé sexuel et le jouisseur que vers le sale flic sadique et cochon. Franco Farina Malade a dû être remplacé au soir de la première par Mario Malagnini, qui chante ce rôle un peu partout dans le monde. Belle allure et jolie voix, il se refuse à hurler et cherche plutôt a travailler les nuances musicales qui sont nombreuses dans la partition quand on veut bien les respecter, ce qui est rare.
Mais c'était essentiellement Sylvie Valayre que l'on attendait. Sa Tosca est parée de très belles qualités. Ne rêvons pas. Les Price, Tebaldi ou Rysanek ne hantent plus aucune scène. De très belles cantatrices les remplacent, avec leurs points forts et ceux qui le sont moins. Sylvie Valayre n'a sans doute pas un grave à faire trembler les lustres, mais le reste de la voix est parfaitement en place, d'une belle matière franche, avec des aigüs qui jaillissent triomphalement, sans le moindre effort, sans donner l'impression de tension qui domine chez la plupart des sopranos lyriques d'aujourd'hui. Elle est jeune, certes menue, mais bouge et joue en vraie femme de théâtre. Sa Tosca a de beaux accents de sincérité, développe avec intelligence les phrases pucciniennes les plus intéressantes, a toute la passion mais aussi la coquetterie et la beauté de cette diva pieuse et libertine. C'est incontestablement une incarnation de grand niveau international, largement égale à celles des titulaires qui se sont succédées sur cette scène avant elle. Le public l'a fêtée, pas vraiment conscient peut-être qu'il s'agissait d'une française œuvrant depuis dix ans dans les premiers rôles les plus populaires et souvent les plus ardus, du Met à Tokyo, en passant la Covent Garden, la Scala, Verone ou Munich.
Lire aussi l'avis de Michel PAROUTY
| | |
| Le 12/10/2000 GĂ©rard MANNONI |
| Reprise de Tosca à l'Opéra Bastille de Paris | Tosca de Giacomo Puccini
Orchestre et choeur de l'Opéra Bastille
Direction musicale : Antonio Allemandi.
Mise en scène : Werner Schröter.
Avec Sylvie Valayre (Tosca), Mario Malagnini (Mario Cavaradossi), Jean-Philippe Lafont (Scarpia). | |
| |
| | |
|