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CRITIQUES DE CONCERTS |
16 octobre 2024 |
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Récital du violoniste Nemanja Radulovic accompagné au piano par Laure Favre-Khan dans la série des Grands Solistes au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Violon diabolique
Avec son look si personnel, mi-rock star mi-échappé de l’Enfer, le jeune trentenaire Serbe Nemanja Radulovic reste un cas à part dans le monde du violon. Virtuose et musicien surdoué, il n’hésite pas, dans ce récital des Grands Solistes au TCE, à libérer les élans d’un tempérament bouillonnant, à tort ou à raison. Mais c’est toujours passionnant.
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Est-ce une bonne idée de commencer un récital violon-piano concert avec violoniste jouant tout seul la Chaconne de Bach ? Peut-être oui, peut-être non. Pas forcément très agréable pour la pianiste qui attend son tour en coulisse, mais surtout très risqué en raison du caractère monumental de l’œuvre. A-t-on vraiment envie d’entendre autre chose après ? Cette chaconne est un peu toute la musique à elle seule, une somme, qui a mieux sa place en conclusion d’une soirée qu’en introduction. Et puis, Radulovic en donne une interprétation très personnelle, non sans intérêt ni charme, mais qui est aussi une sorte de contresens. Bach a construit là une cathédrale romane musicale, avec des structures d’une pureté et d’une rigueur inégalables. Il n’est pas facile aux plus grands violonistes de leur rendre justice en respectant ces données de base.
Radulovic prend le parti opposé, traitant la partition comme une œuvre romantique dont il module à l’infini et selon sa sensibilité à lui, nuances et même tempi. Ce n’est pas anti-musical ni indifférent, cela peut certainement plaire, ne serait-ce que la brillante virtuosité déployée, mais c’est un peu comme si on confiait à Gaudi la restauration de Vézelay. L’âme de l’œuvre vous échappe, on la frôle, on ne fait que la côtoyer. Avec la maîtrise de l’instrument qui est la sienne, Radulovic aurait pu relever le défi inverse et prouver qu’il pouvait aussi refermer la boite de ses diableries et jouer le jeu de la pureté. Il en est sûrement capable.
Le reste du concert est en revanche un enchantement sans restriction, car les œuvres se prêtaient à des approches conduites par cette fougue et cette technique capables des nuances les plus subtiles comme des emportements les plus délirants. La Deuxième Sonate de Prokofiev, très solidement soutenue par la présence de Laure Favre-Kahn au clavier, est pleine d’idées fines, d’éclats surprenants émaillant cette partition conçue à l’origine pour la flûte et transcrite à la demande de David Oïstrakh et pleine de jeux rythmiques mêlés à des phrases nostalgiques au dessin quasi romantique.
La sonate de César Franck est ensuite traitée aussi avec un engagement aussi virtuose que sensible, forçant juste un peu trop parfois sur l’effet technique, mais dans l’ensemble d’une approche émotionnelle forte dans un dialogue parfait avec le piano. Et pour finir, Tzigane de Ravel est un tourbillon de rythmes et de couleurs absolument étourdissant. Radulovic ne doit cependant pas abuser des effets parfois trop clinquants qu’il affectionne. Un peu, c’est séduisant, trop, cela peut devenir lassant. Avec un talent pareil, on peut se permettre beaucoup, mais pas forcément tout.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 26/09/2017 Gérard MANNONI |
| Récital du violoniste Nemanja Radulovic accompagné au piano par Laure Favre-Khan dans la série des Grands Solistes au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Chaconne en ré mineur pour violon
SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour violon et piano n° 2
CĂ©sar Franck (1822-1890)
Sonate pour piano et violon
Maurice Ravel (1875-1937)
Tzigane
Nemanja Radulovic, violon
Laure Favre-Kahn, piano | |
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