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CRITIQUES DE CONCERTS |
08 février 2025 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Jukka-Pekka Saraste, avec la participation du pianiste Lars Vogt à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris.
Un chef trop cérébral
Ni Lars Vogt ni Jukka-Pekka Saraste n’auront convaincu dans un concerto de Grieg soit trop intellectualisé, soit brouillé. La Neuvième de Bruckner programmée ensuite souffre elle aussi d’un excès de cérébralité, en plus de problèmes d’équilibres à l’Auditorium de la Maison de la Radio, malgré un superbe Philharmonique de Radio France.
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La saison passée, Jukka-Pekka Saraste avait donné au Théâtre des Champs-Élysées une Huitième Symphonie de Bruckner bien travaillée dans laquelle avait brillé l’Orchestre philharmonique de Rotterdam. Le chef revient cette fois à Paris au pupitre de l’Orchestre philharmonique de Radio France et découvre une acoustique de l’Auditorium de la Maison de la Radio à laquelle il ne parvient pas à s’adapter. S’il a été écrit à de nombreuses reprises que cette salle pouvait saturer face aux grandes formations, cela est en partie faux, car elle encaisse les forte sans déformer les sonorités, mais le volume sonore est alors trop élevé et fait apparaître pour l’auditeur des défauts de balance, ce soir tout particulièrement lorsque les trompettes et trombones interviennent.
La Neuvième de Bruckner en pâtit et si certains aspects de la vision du chef retiennent l’attention, notamment dans la construction et le développement des thèmes, dans la façon de mettre en avant les différentes voix des mesures qui s’apparentent à un choral, ou tout simplement dans le détail de traitement d’un pupitre ou d’un groupe, la ligne globale reste floue et le résultat parle à l’esprit bien davantage qu’au cœur. Le Philhar est pourtant superbe, des cordes aux cors, les huit aussi parfaits avec les cors en fa qu’en sib, ainsi qu’aux tubas wagnériens. La gestion de la matière provient évidemment en grande partie de la baguette experte de Saraste, mais même dans les ultimes mesures de l’Adagio, après le magnifique solo de flûte, quelque chose ne prend pas.
Auparavant, le Concerto pour piano de Grieg, dénué de problèmes d’équilibres, n’avait pas convaincu non plus, tant à l’orchestre qu’au piano. En cause d’abord, le chef, qui tente d’intellectualiser une œuvre certes conçue pour être jouée subtilement et sans excès de mièvrerie, mais pas non plus désincarnée par un travail de détails inadapté. À trop vouloir en présenter les finesses d’écriture, Saraste n’en expose alors plus que des cellules autonomes et non un ouvrage écrit dans la fougue romantique par un compositeur plus sensible qu’avant-gardiste.
Le pianisme de Lars Vogt demeure plus mystérieux encore, qui dénature toujours autant les œuvres et présente de sérieux problèmes dans le placement de la main gauche et la surutilisation des pédales. Il arrive à quelques instants que la magie apparaisse, mais trop souvent la pédale forte ou l’una corda appuie anormalement une phrase ou un accent. Surtout, dans l’Allegro moderato molto e marcato, de véritables problèmes de dextérité se remarquent dès le développement du thème principal. Avec une telle façon de jouer, proposer en bis le Nocturne en ut# mineur op. posthume de Chopin présente de grands risques, pour un résultat plus que discutable dans lequel le pianiste semble là encore en difficulté.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 20/10/2017 Vincent GUILLEMIN |
 | Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Jukka-Pekka Saraste, avec la participation du pianiste Lars Vogt à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris. | Edvard Grieg (1843-1907)
Concerto pour piano en la mineur op. 16
Lars Vogt, piano
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 9 en ré mineur WAB 109
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Jukka-Pekka Saraste |  |
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