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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Rafał Blechacz dans le cadre de Piano**** Ă la Philharmonie de Paris.
Musicalité sage
CouronnĂ© Ă Varsovie en 2005, Rafał Blechacz a maintenant ses fidèles, comme en tĂ©moigne le public de la Philharmonie de Paris. AdoubĂ© parmi les plus grands maĂ®tres du clavier produits par Piano****, le pianiste polonais avait choisi d’interprĂ©ter agrĂ©ablement et sans risques des Ĺ“uvres de Mozart, Beethoven, Schumann et Chopin.
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La dĂ©licatesse du toucher, le grupetto joliment serrĂ©, la lĂ©gèretĂ© des piquĂ©s offrent un Rondo en la mineur de Mozart apaisant. La lecture de la partition dont il tourne lui-mĂŞme les pages guide un chant tranquille oĂą l’on attend vainement une touche d’angoisse. La Sonate n° 8, dans la mĂŞme tonalitĂ©, prolonge cette humeur paisible. Son Andante cantabile con espressione nous berce agrĂ©ablement mais traĂ®ne en longueur. Peut-ĂŞtre Rafał Blechacz n’est-il pas au mieux de ses moyens pour ainsi perpĂ©tuer une sagesse attentive mais par trop uniforme, mĂŞme quand les accords s’assombrissent. La jolie sonoritĂ©, sans vraie profondeur, met toute l’agilitĂ© du Presto sur le mĂŞme plan. Mozart a connu plus personnelles Ă©vocations.
Et Beethoven ressemble à Mozart. L’articulation n’est pas toujours limpide. Le rêveur Allegro ma non troppo erre de ci de là , les accords syncopés se répètent, le pianiste tourne tranquillement les pages de sa partition, ralentissant un phrasé pour ne pas le couper et ce geste n’est pas sans le distraire de son expressivité. Les rythmes pointés du Vivace alla marcia ignorent la diversité de timbres de leur polyphonie. L’Andante ma non troppo con affetto tâtonne, un peu brouillon, un peu désinvolte, sa méditation coupée de silences vides. Les doubles croches de l’Allegro ma non troppo final n’ont pas toujours le délié désiré. On a l’impression que Blechacz ne possède pas encore l’œuvre qu’il lit, certes avec un grand respect.
Deuxième Sonate de Schumann. Le tempo fou permet une fièvre portée à son incandescence. Hélas, les forte puissants, les syncopes chaotiques, les octaves, les accords dépourvus d’élasticité se noient sous la pédale. Quelle que soit l’intimité de l’Andantino, le lyrisme intérieur de Schumann et celui de son interprète se fondent bien calmement ce soir. Le tourbillon du Scherzo n’est pas d’une virtuosité enivrante. Qui s’excite dans le Rondo final, mais sans fébrilité particulière. Ce romantisme aspire à une technique plus éblouissante pour le ressusciter.
Chopin concluait ce programme. Depuis sa victoire à Varsovie en 2005, le pianiste polonais se présente comme un de ses meilleurs interprètes. Néanmoins, toujours à suivre sa partition – il n’a que 32 ans, on ne saurait le comparer à Richter dans ses dernières années, et qui, lui, avait un tourneur de pages en retrait –, Blechacz a enchaîné les quatre Mazurkas op. 24 au caractère soigneusement différencié.
Mélancolie de la première, allégresse de la deuxième, évanescence de la troisième, poésie plus complexe de la quatrième, les danses à trois temps se succèdent et donnent tout à entendre de leurs mélodies, harmonies, contrepoints, sans jamais surprendre ou provoquer une écoute de tout repos. Le charme de cet art de salon se perpétue dans la grande salle de la Philharmonie sans se renouveler. Et quand on a sous les doigts un Steinway aussi magnifique que celui qu’André Furno met à la disposition des artistes qu’il produit, c’est dommage de ne pas le solliciter davantage.
La Polonaise Héroïque, la dixième, termine ce récital avec toute la violence requise. Sa véhémence tape, assène sans se soucier de détails, la précipitation du jeu nuit à sa noblesse, la pédale renforce la confusion, on se souvient que Chopin ne voulait pas que cette Polonaise dramatique fût jouée trop vite et surtout pas dans un « fracas de tonnerre ». Mais à chacun de s’accorder ou non à l’atmosphère de ce programme. Constitué d’œuvres exemplaires, rien n’y a choqué ni charmé vraiment.
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Philharmonie, Paris Le 12/02/2018 Claude HELLEU |
| RĂ©cital du pianiste Rafał Blechacz dans le cadre de Piano**** Ă la Philharmonie de Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Rondo en la mineur KV 511
Sonate en la mineur KV 310
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate n° 28 en la majeur op. 101
Robert Schumann (1810-1856)
Sonate n° 2 en sol mineur op. 22
Frédéric Chopin (1810-1849)
Mazurkas op. 24
Polonaise HĂ©roĂŻque en lab majeur op. 53
Rafał Blechacz, piano | |
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