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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Intégrale de l’œuvre pour piano seul de Debussy par Alain Planès à l’Auditorium de Radio France, Paris.
Debussy à la française
À l’occasion des cent ans de la mort de Debussy, Alain Planès lui rend hommage en quatre concerts programmés sur un week-end. Le style dans la pleine continuité de l’école française offre aux partitions une superbe palette de couleurs et d’émotions, qui trouve son aboutissement dans la fascinante Isle Joyeuse et dans la Valse plus que lente.
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Alain Planès a maintenant soixante-dix ans, et s’il a intégré très vite l’Ensemble Intercontemporain de Pierre Boulez, il ne cherche pas comme Pierre-Laurent Aimard ou Maurizio Pollini à démontrer particulièrement l’incroyable et naturelle modernité de la musique de Debussy. Il offre plutôt un son bien français allié à un style personnel, dans la continuité des maîtres Gieseking ou Ciccolini.
Les toux et le retard d’un public qui semble pour nombre avoir largement considéré que 18h pouvait indiquer une plage horaire étendue de 17h59 à 18h35 pour s’installer confortablement, limite malheureusement la portée des superbes séries d’Images données en première partie le samedi, juste après une sublime Valse romantique et un magnifique Nocturne en réb, deux pièces du début des années 1890.
Reflets dans l’eau impressionne toutefois sa sensation de fluidité, tant la partie aiguë se rapproche ici des sonorités aquatiques imaginées et imagées par le compositeur. Sans doute lui aussi conquis, le public qui n’avait encore pu s’exprimer après les deux autres pièces enchaînées, se met alors à applaudir après cette première des trois pièces du livre I d’Images. Précisons qu’une annonce au micro s’impose à la reprise, ainsi que le lendemain, pour expliquer aux spectateurs comment tousser discrètement dans leurs bras, et limiter ainsi la gêne de l’artiste, des voisins et de l’enregistrement par France Musique.
L’Hommage à Rameau qui suit est une pure merveille, qui prépare au livre II des Images puis à l’un des plus beaux moments du week-end grâce à l’Isle joyeuse, qui sans montrer un excès de dextérité, ouvre toutefois une voie vers le paradis, tant dans sa couleur que dans son émotion retenue. Le Premier Livre des Préludes subira lui aussi une coupure d’applaudissements après les Collines d’Anacapri, qui permettra cependant à Planès de faire une courte pause, dont il aurait eu besoin lors du Livre II le lendemain, la fatigue commençant alors à se faire sentir au bout des doigts.
Ce quatrième et ultime concert (nous n’avons pu assister aux deux intermédiaires) débute par trois raretés, un Morceau de concours de 1904 et l’Hommage à Haydn de 1909, avant le Petit nègre de la même année, dont la proximité avec la musique de cabaret montre la grande supériorité de Debussy sur Satie, même lorsqu’il s’amuse avec un thème facile. La Plus que lente offre juste après un autre très grand moment, avec là encore une superbe retenue, rehaussée d’une extrême élégance.
En bis nous est offert le premier soir une version pour piano de la pièce orchestrale le Roi Lear, puis Canope extrait du Livre II des Préludes, recommencé du début après trente secondes à cause la sonnerie extrêmement forte d’un téléphone portable. Au dernier concert, Alain Planès boucle la boucle en rejouant l’Isle joyeuse de la veille, toujours aussi prompte à nous emporter dans un monde de sensations et de sublime.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 11/03/2018 Vincent GUILLEMIN |
| Intégrale de l’œuvre pour piano seul de Debussy par Alain Planès à l’Auditorium de Radio France, Paris. | Claude Debussy (1862-1918)
Samedi 10/03/18
Nocturne en réb
Valse romantique
Images
… D’un cahier d’esquisses
Masques
L’Isle joyeuse
Préludes (Livre I)
Dimanche 11/03/2018
Morceau de concours
Hommage Ă Haydn
Le Petit nègre
La Plus que lente
Children’s Corner
Études (Livre II)
Préludes (Livre II)
Alain Planès, piano | |
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