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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Reprise de Parsifal de Wagner dans une production de Calixto Bieito sous la direction de Sylvain Cambreling, à l’Oper Stuttgart.

Un Parsifal impitoyable
© Martin Sigmund

Créée en 2010 sous la direction de Manfred Honeck, la mise en scène de Parsifal par Calixto Bieito retrouve une fois de plus aux Rameaux les planches de l’Oper Stuttgart. La distribution assemble des wagnériens confirmés, tous emportés par la direction du directeur musical des lieux pour sa dernière année, Sylvain Cambreling.
 

Oper, Stuttgart
Le 02/04/2018
Vincent GUILLEMIN
 



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  • La production de Parsifal par Calixto Bieito est loin d’être considĂ©rĂ©e comme classique, ce qui n’empĂŞche une salle presque complète Ă  chaque reprise, composĂ©e d’un mĂ©lange des genres et des âges qui valident une fois de plus l’intĂ©rĂŞt de ne pas considĂ©rer l’opĂ©ra comme un art musĂ©al, Ă  vouloir y conserver trop longtemps des productions dĂ©passĂ©es qui ne s’adressent plus au public actuel.

    À l’entrée en salle, le rideau déjà ouvert montre une scène sombre et encrassée, avec un pont d’autoroute coupée, référence évidente à Chéreau, mais aussi aux films d’anticipation comme New York 1997 ou Los Angeles 2013, avec leurs mondes au bord du gouffre qui mènent les survivants à l’état de rémanence. Kundry porte des guenilles modernes et subit un viol dès l’ouverture ; elle sera à nouveau outragée par Klingsor, qui pourtant est châtré, puis enceinte au dernier acte – est-ce vraiment de Parsifal ? –, après s’être coupé la langue dans les ultimes instants du II.

    Le pont d’autoroute s’effondre après l’acte central, où le sorcier entre en scène avec un véritable lance-flammes. Le III traite un mysticisme de pacotille ou de charlatan, avec un héros en tunique hindoue affublé d’un casque qui semble être celui d’un légionnaire romain, et d’une armure pouvant être celle d’un croisé. De nombreux grigris sont attachés à lui, mélanges de plusieurs religions qui ramènent aux questionnements du dernier Wagner dans la scène finale, lorsque les portes du parterre s’ouvrent pour laisser apparaître à l’avant des enfants de chœur, et à l’arrière des femmes bouddhistes.

    La remise en cause de la pureté de Montsalvat, bien loin des images pyrénéennes du lieu, est soumise par les masques à gaz que portent hommes et femmes sur eux ou à la main, alors que toute sensualité ou émotion est effacée du festival scénique sacré par Bieito. Les filles-fleurs zombifiées passent leur scène à se rougir le ventre de manière à évoquer leur stérilité, seule Kundry étant sauvée, puisqu’on sait qu’elle enfantera Lohengrin.

    À cette mise en scène dure s’accorde la direction de Sylvain Cambreling, aussi convaincant que dans Tristan il y a deux ans. Inutile de rechercher alors la mystique d’un Gatti ou l’intellectualité d’un Nagano, car le geste est avant tout dramaturgique et effectué pour dynamiser l’action autant que le plateau, avec en fosse un Staatsorchester Stuttgart magnifiquement concentré dans ses cordes.

    Plus encore que l’orchestre, le fantastique Staatsopernchor Stuttgart est aussi puissant en coulisse que sur scène, aussi actif chez les hommes qu’expansif chez les femmes ou les enfants, avec des effets d’une somptueuse nitescence au dernier acte. Dans une distribution de wagnériens confirmés, Markus Marquardt est un Amfortas pertinent mais peu marquant. Attila Jun possède de beaux graves pour Gurnemanz, mais les perd au fur et à mesure de l’avancée de ses deux actes, en plus de se déposséder au fur et à mesure de sa prononciation, sans doute faute de pouvoir sortir de scène pour se désaltérer entre ses longues interventions.

    Christiane Libor est une Kundry solide et vaillante qui s’accorde à la mise en scène sans sensualité, quand le Parsifal de Daniel Kirch ne cherche non plus à toucher dans ses deux airs, tout en les tenant valeureusement. Matthias Hölle est un vieux Titurel émouvant et sa voix a regagné en vigueur tandis que le Klingsor de Tobias Schabel montre le même tempérament de feu que son arme.




    Oper, Stuttgart
    Le 02/04/2018
    Vincent GUILLEMIN

    Reprise de Parsifal de Wagner dans une production de Calixto Bieito sous la direction de Sylvain Cambreling, à l’Oper Stuttgart.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Parsifal, ein BĂĽhnenweihfestspiel en trois actes (1882)
    Livret du compositeur

    Staatsopernchor Stuttgart
    Zusatzchor, Kinderchor der Oper Stuttgart
    Staatsorchester Stuttgart
    direction : Sylvain Cambreling
    mise en scène : Calixto Bieito
    décors : Susanne Gschwender
    costumes : Mercè Paloma
    Ă©clairages : Reinhard Traub
    préparation des chœurs : Christoph Heil & Johannes Knecht

    Avec :
    Markus Marquardt (Amfortas), Matthias Hölle (Titurel), Attila Jun (Gurnemanz), Daniel Kirch (Parsifal), Tobias Schabel (Klingsor), Christiane Libor (Kundry), Heinz Göhrig, Michael Nagl (Gralsritter), Josefin Feiler, Esther Dierkes, Torsten Hofmann, Moritz Kallenberg (Knappe), Josefin Feiler, Esther Dierkes, Fiorella Hincapié, Mirella Bunoaica, Aoife Gibney (Blumenmädchen), Stine Marie Fischer (Blumenmädchen / Stimme aus der Höhe).

     


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