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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Concert des Wiener Philharmoniker sous la direction d’Andrés Orozco-Estrada, avec la participation du pianiste Yefim Bronfman au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Rivés au sol
Drôle de soirée d’orchestre au Théâtre des Champs-Élysées, où le Philharmonique de Vienne, sous la direction zélée d’Andrés Orozco-Estrada remplaçant Zubin Mehta, alterne sonorités somptueuses et zone de confort aux côtés du piano de Yefim Bronfman, tout aussi noyé de pédale dans un Beethoven pacifié que dans un Bartók brouillon.
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Les Wiener Philharmoniker passent pour être rarement transcendants hors de leurs frontières, et il faut bien reconnaître que cette réputation n’est pas totalement usurpée. Ce soir, dans une deuxième partie consacrée au ballet Petrouchka (version 1947), intitulé à tort Trois mouvements de Petrouchka (une transcription de 18 minutes pour piano solo) dans le programme, même si l’on découvre beaucoup de nouveaux visages dans ce qui semble être une équipe de tournée, les occasions ne manquent pas de savourer des timbres incomparables – cordes aux graves charnus (Danse du paysan et de l’ours), cuivres en majesté, trompette d’or (Danse de la ballerine) et trombones impériaux (Danse des personnalités), inimitable hautbois à l’ancienne (Danse russe).
Pourtant, on peut rester à la marge de la joyeuse kermesse ibérique, comme sortie d’un Tricorne, proposée par le chef colombien Andrés Orozco-Estrada, très loin de l’alliance de sonorités à mi-chemin de la musique russe et du répertoire français typique du deuxième ballet de Stravinski, burinant ici des paysages écrasés de soleil, chaque intervention de trompette comme accompagnée d’une ola dans une approche transpirante, latine, ô combien déroutante.
Tempo large, cordes tenant les sons jusqu’à plus soif, on suffoquerait presque dans ce génial contresens saturé de couleurs peu idiomatiques où le zélé maestro tout juste quadragénaire gesticule sans cesse, en décomposant chaque formule jusqu’à une maniaquerie du geste finissant par ancrer l’orchestre sur son assise naturelle dans un répertoire qui mérite plus d’avancée. Une tendance qui perdure en bis dans une ouverture de Rouslan et Ludmila de Glinka séduisante en diable où les musiciens, très calés, ne sortent pas non plus de leur zone de confort.
La première partie était dévolue à deux concertos pour piano, et d’abord au Troisième de Beethoven où Yefim Bronfman, silhouette de plus en plus massive au clavier, semble marcher sur les pas de la galanterie mozartienne, pacifiant systématiquement les conflits avec l’orchestre, ne décollant presque jamais le pied de la pédale dans un halo effritant la rythmique si particulière du compositeur. Seul le mouvement lent paraît en phase avec la partition, d’une intériorité pré-schubertienne juste entravée par des toux intempestives. Mais il faut dire que l’approche grand style et sénatoriale du chef, le sostenuto orchestral n’aident pas l’Opus 37 à décoller.
Même sentiment dans le Deuxième Concerto de Bartók, lui aussi noyé de pédale, brouillon jusqu’à un sérieux flottement à la fin du premier mouvement. Là encore, l’Adagio, chostakovien dans les sonorités glacées de ses cordes avec sourdine, recolle un moment les morceaux. Mais l’alacrité, le sentiment d’urgence, les angles manquent sous cette grosse patte approximative, en partie compensée par la magnificence sonore pourtant guère plus hongroise de l’orchestre qui permet à ses timbales et à sa grosse caisse de convoquer un peu de la brutalité requise, par-delà une mise en place certainement pas impeccable. Finalement, le pianiste américain trouvera un terrain d’accomplissement in extremis en bis dans une Arabesque de Schumann très rubato, murmurée avec délicatesse.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 10/04/2018 Yannick MILLON |
| Concert des Wiener Philharmoniker sous la direction d’Andrés Orozco-Estrada, avec la participation du pianiste Yefim Bronfman au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 3 en ut mineur op. 37
BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
Concerto pour piano n° 2 Sz 95
Yefim Bronfman, piano
Igor Stravinski (1882-1971)
Petrouchka (Version 1947)
Wiener Philharmoniker
direction : Andrés Orozco-Estrada | |
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