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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Reprise de Mârouf, savetier du Caire de Rabaud dans la mise en scène de Jérôme Deschamps et sous la direction de Marc Minkovski à Opéra Comique, Paris.

Ya Allah !
© Vincent Pontet

Un des plus grands succès de l’entre-deux-guerres mérite le même un siècle plus tard. Dans la mise en scène déjantée de Jérôme Deschamps, Jean-Sébastien Bou immortalise Mârouf, savetier du Caire. Avec eux, l’opéra d’Henri Rabaud retrouve ses lettres de noblesse et nous offre un plaisir aussi divertissant qu’intéressant musicalement.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 23/04/2018
Claude HELLEU
 



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    Dans un Orient de pacotille, l’intrigue ne cesse de rebondir et porte Mârouf, pauvre savetier, au sommet d’une réussite magique. Victime effaré de sa Calamiteuse, Aurelia Legay en Fattoumah caricaturalement criarde, À l’aide, ô, musulmans !, bastonné sur l’ordre du Kâdi, ô, destinée désastreuse, Allah le veut mais Mârouf le mal marié s’enfuit, une felouque passait par là.

    Elle chavire au loin, un copain d’enfance disparu le sort de la mer où il se noie, Ali a réussi, personnage important du souk, Lionel Peintre en témoigne, conseille son ami, et voici Mârouf au bluff (le succès de l’œuvre répandra l’usage du mot) en riche marchand. Le Sultan s’en émeut, Jean Teitgen parfait dans ce rôle où le goût du faste occulte toute lucidité et ce malgré les alertes que lui renouvelle son grand Vizir, alias Franck Leguérinel également risible.

    Imposteur grandiose, Mârouf jouit au palais de sa bonne fortune, fiancĂ© Ă  la princesse Saamcheddine, Vannina Santoni dĂ©licieuse et dĂ©cidĂ©e comme sa voix, reçoit sa beautĂ© comme un coup de soleil. Époux Ă©perdu, titubant de ses excès, s’émerveille : « Je suis le jet d’eau qui ronronne d’amour et mon Ă©pouse est le bassin de marbre oĂą je me rĂ©pands en larmes de joie Â».

    Oui, Allah est grand. Mais la richissime caravane inventée par le gendre indolent du Sultan n’arrive toujours pas. Face à la réalité immanente, Mârouf à nouveau s’enfuit, cette fois à cheval et accompagné des flancs de nacre de sa Saamcheddine. Poursuivis, arrêtés, Marouf et Ali tête sur le billot en plein désert, la caravane surgit d’un puits à l’ultime moment, chameaux en tête, ya Allah ! Tel Mârouf béni d’Allah, Jean-Sébastien Bou le demeure au fil des représentations, Mârouf plus vrai que nature au fil de ses aventures, une incarnation clef des bonheurs de ce spectacle miraculeusement déjanté.

    Voisins, Kâdi, muezzin, marchands, âne et ânier, mamelouks, foule colorée du Chœur de l’Opéra national de Bordeaux, participent à la drôlerie ambiante. Les danses voluptueuses du harem et leurs privautés discrètement lubriques, l’originalité des tenues, le défi des coiffes dont l’excentricité ridiculise et magnifie les mâles qu’elles couronnent, témoignent d’une imagination galvanisée par les situations rocambolesques. Vanessa Sanino s’en est donné à cœur joie, Franck Chartier a mêlé l’humour à la volupté. L’outrance et le grotesque ne sont jamais vulgaires, au service d’un texte qui se moque avec allégresse et que nous pouvons suivre grâce aux surtitres.

    Car si le théâtre est à la hauteur de la musique inventive d’Henri Rabaud, sous la direction sans surprise de Marc Minkowski, l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine couvre trop souvent de tutti bruyants les voix droites, justes, naturelles de toute la distribution. Mieux respirée dans les nuances piano, la partition révèle alors une expressivité aux mélodies prenantes, une véhémence sentimentale originale que servent des harmonies parfois audacieuses. La complicité du compositeur et de Lucien Népoty passe alors mieux la rampe. Mais sagesse de la fosse et humour du plateau n’en font pas moins bon ménage et assurent le succès de cet opéra irrésistiblement parodique.




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 23/04/2018
    Claude HELLEU

    Reprise de Mârouf, savetier du Caire de Rabaud dans la mise en scène de Jérôme Deschamps et sous la direction de Marc Minkovski à Opéra Comique, Paris.
    Henri Rabaud (1873-1949)
    Mârouf, savetier du Caire, opéra-comique en cinq actes (1914)
    Livret de Lucien NĂ©poty

    Chœur de l’Opéra national de Bordeaux
    Orchestre national Bordeaux-Aquitaine
    direction : Marc Minkowski
    mise en scène : Jérôme Deschamps
    décors : Olivier Fercioni
    costumes : Vanessa Sannino
    Ă©clairages : Marie-Christine Soma
    chorégraphie : Frank Chartier (Peeping Tom)

    Avec :
    Jean-Sébastien Bou (Mârouf), Vannina Santoni (princesse Saamcheddine), Jean Teitgen (le sultan), Franck Leguérinel (le Vizir), Lionel Peintren (Ali), Aurélia Legay (Fattoumahj), Valerio Contaldo (le Fellah / Premier marchand), Luc Bertin-Hugault (Ahmad), Yu Shao (le Chef des marins / un Ânier / Premier muezzin / Premier homme de police), Jérémy Duffau (Second muezzin), Sydney Fierro (Second mamelouk / Second homme de police), Simon Solas (Second marchand / Premier mamelouk), David Ortego (Le Kâdi / Cheikh-al-Islam).

     


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