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CRITIQUES DE CONCERTS 23 avril 2024

Concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Yuri Ahronovitch

Un lyrisme sans demi-mesure
© Orchestre de Paris

Pas facile de remplacer un chef indisposé à la veille du concert. C'est pourtant la performance accomplie par Yuri Ahronovitch suppléant in extremis à Christoph Von Dohnanyi face à l'Orchestre de Paris, Nouveau chef, nouveau programme mais Elena Bashkirova demeura la soliste d'un Concerto pour piano n° 3 de Beethoven inchangé.

 

Salle Pleyel, Paris
Le 18/10/2000
linda MURRAY
 



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  • À la place de The Unanswered Question de Charles Ives, le concert débuta avec l'Ouverture de Colas Breugon, extrait de l'un des premiers opéras de Kabalevsky. Le livret s'appuie sur un roman de Romain Rolland et compte parmi les oeuvres les plus populaires du compositeur. La version interprétée à Pleyel n'est pas la partition originale de 1938, mais celle révisée de 1969 succédant à une révision préliminaire en 1953. Parfaitement à l'aise dans ce répertoire lyrique en diable, Ahronovitch su d'emblée exploiter le brio de ses cordes et mettre en relief les éléments très "jazzy" de la partition grâce à un rendu très clair des syncopes. Le tempo d'ensemble très enlevé montrait par ailleurs une évidente sympathie pour l'humour de Kabalevsky. De quoi donner envie de découvrir d'autres oeuvres de ce compositeur soviétique sous-estimé.

    Après Kabalevsky, place au 3e concerto pour piano de Beethoven avec en soliste Elena Bashkirova. Madame Bashkirova est plus connue des milieux musicaux, comme l'épouse divorcée de Gidon Kremer et comme la compagne actuelle de Daniel Barenboïm, que comme une artiste à part entière. Une authentique injustice eu égard à un talent digne d'un Wilhelm Kempf et une prestation du plus haut niveau ce 18 octobre. D'une grande magnificence, son jeu fut ponctuellement un peu précipité, et elle sembla rythmiquement en conflit avec l'orchestre à plusieurs reprises, mais sa technique fut irréprochable de bout en bout, avec des trilles toujours clairs et réguliers, tout comme ses ornements d'ailleurs. Bien mieux, Bashkirova qui pâtit aussi d'une injuste réputation de froideur fit largement grimper le thermomètre dans la zone rouge, la seule digne de Ludwig van.

    À ses côtés, l'orchestre se révéla globalement solide, même si les vents firent preuve d'une certaine léthargie, en particulier dans le dialogue entre cordes et vents de l'Allegro. Le problème des vents persista d'ailleurs dans le final de la dernière oeuvre de la soirée, la Symphonie n° 4 en fa mineur de Tchaïkovski. Cette section donna en effet une lancinante impression d'insécurité face à la puissance des cordes, très manifeste dans leurs pizzicati impeccables du Scherzo. Toutefois, les solos de flûte et hautbois rachetèrent un peu les carences de leur famille instrumentale.


    Quant à la conduite de l'ensemble, certains trouveraient l'interprétation d'Ahronovitch inutilement dramatique, mais il faut se souvenir du contexte entourant la composition de la symphonie. Il s'agit d'une pièce hautement lyrique, reflet de la période la plus noire de la vie de Tchaïkovski, son mariage et sa dépression nerveuse consécutive. Tchaïkovski clama que le thème initial de sa symphonie était en réalité le destin "qui pend sur notre tête comme l'épée de Damoclès et empoisonne inexorablement l'âme", et en vérité, la principale fonction de ce thème semble de jouer le rôle d'un intrus dans le corps principal de cette musique, aspect constamment souligné par Ahronovitch.

    Si l'on cherche un dénominateur commun, le lyrisme semble le ciment le plus approprié, de l'inventivité mélodique de Kabalevsky et du largo du concerto de Beethoven, à la symphonie de Tchaïkovski, incarnation si pleine du lyrisme russe qu'il paraît inutile d'en citer des passages particuliers. Dans cette perspective, la direction d'Arhovotich fut exacte et sincère. Et si la soirée ne se passa pas sans accroc, on apprécie qu'Ahronovitch comme Bashkirova n'aient pas le sens de la demi-mesure.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 18/10/2000
    linda MURRAY

    Concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Yuri Ahronovitch
    Kabalevsky : Ouverture de Colas Breugon
    Tchaïkovski : Symphonie n° 4
    Beethoven : Concerto pour piano n° 3
    Orchestre de Paris
    Yuri Ahronovitch, direction
    Avec Elena Bashkirova, piano

     


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