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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 octobre 2024 |
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Récital Alain Planès et Georges Pludermacher à la Cité de la Musique
Une conversation
contrainte par cors
Alain Planès et Georges Pludermacher ont l'habitude de dialoguer par pianos interposés et leur complicité se ressent dans leurs échanges. Le 15 octobre dernier, ils sont venus à la Cité de la Musique pour une causerie à bâtons rompus, mais celle-ci fut brisée par l'irruption tonitruante de deux cors envahissants.
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Avec les Trois pièces pour deux pianos de Ligeti, A. Planès et G. Pludermacher se sont livrés à un face à face des plus fascinants. Par la complémentarité du volume et de l'intensité sonores, du timbre et de la dynamique, ils ont mis en relief une architecture sonore faite de strates tantôt parallèles tantôt disjointes. Dans Monument au caractère implacable à peine tempéré par les irisations imprévisibles du second piano, le jeu volontairement martelé de l'un s'oppose au timbre cristallin de l'autre. Aux accents rythmiques que Pludermacher place sur les trilles de la pièce centrale, Planès répond par un toucher comme vaporeux, un halo de sons hypnotique. L'impression de liquéfaction sonore, chère à Ligeti, est merveilleusement réalisée dans Bewegung par le mouvement donné aux crescendo-accelerando et par le toucher tout aussi doux que perlé des deux pianistes.
Autre répertoire mais égale complémentarité sonore et expressive avec la Fantaisie pour quatre mains de Schubert. Pludermacher pose ses basses avec un son généreux, ample et rond sur lesquelles Planès dessine avec souplesse les courbes mélodiques d'un Schubert à la fois mélancolique et serein. Au fil d'une partition dont les sautes d'humeurs sont aussi subites que fréquentes, les compères les épousent soit par un surcroît de nuances, soit par des arêtes franches. Mais surtout, ils ne négligent jamais de creuser les fractures du discours schubertien avec des silences aussi parlant que mille croches.
Avec les deux oeuvres de Schumann, de nouveaux interlocuteurs rejoignent la conversation armés et de violoncelles et de cors. On en perd aussitôt le fil car malgré l'équilibre sonore trouvé entre les violoncelles et les pianos dans l'Andante et Variations, la profondeur de son et un sens certain des arabesques schumanienne, l'ensemble manquait singulièrement de dynamique et surtout de clarté. Dès que les cors interviennent dans les débats, la confusion et l'effet de masse prennent le dessus, particulièrement dans l'Allegro de l'Adagio Allegro, où le souffle du cor empêche littéralement le piano de respirer. La conversation aurait gagné à rester dans l'intimité des touches noires et blanches.
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Cité de la Musique, Paris Le 15/10/2000 Pauline GARAUDE |
| Récital Alain Planès et Georges Pludermacher à la Cité de la Musique | Ligeti : Trois pièces pour deux pianos (Monument, Selbstportrait, Bewegung)
Schumann : Andante et variations pour deux pianos, deux violoncelles et cor
Schumann : Adagio et Allegro pour cor et piano
Schubert : Fantaisie pour piano à quatre mains
Alain Planès, Georges Pludermacher, pianos
Emmanuel Gaugué, Eric Picard, violoncelles
André Cazalet, Michel Garcin-Marrou, cors | |
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