|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
08 septembre 2024 |
|
Ondřej Adámek aime les jeux de mots, l'utilisation d'une langue musicale Ă la fois plastique et joyeuse qui recourt Ă la machine-instrument pour utiliser toute la gamme des possibles. Le compositeur tchèque a invitĂ© l'Ă©crivain islandais SjĂłn et le metteur en scène et chorĂ©graphe Eric Oberdorff Ă venir travailler avec lui en 2012 sur une forme d'opĂ©ra du futur dans une sĂ©rie d'ateliers organisĂ©s par le festival d'Aix. Du projet Ă la rĂ©alisation, le rĂ©sultat reste en-deçà des espĂ©rances malgrĂ© des rĂ©sonances facĂ©tieuses entre un texte et une musique qui jouent Ă cache-cache. Les dĂ©sinences dĂ©licieusement dĂ©calĂ©es et surrĂ©alistes de SjĂłn servent d'Ă©crin aux dĂ©placements très chorĂ©graphiques des acteurs-chanteurs.
Adámek joue avec les contours d'un récit-gigogne, organisé en une série de saynètes avec pour fil rouge, le parcours chaotique d'un collectionneur de pierres. Le recours à l'élément primitif et littéralement lapidaire avait déjà inspiré Peter Eötvös (Steine) ou Elliott Carter (Reflexions). Rien de très motivant ici, mis à part une dramaturgie qui échappe quelque peu aux règles de ce qu'on pourrait appeler opéra au sens strict. Le point d'achoppement majeur se situe plutôt dans l'empilement régulier des épisodes d'une non-histoire qui vire rapidement au chemin de croix.
Le livret use d'une forme éprouvée et vieillotte de poésie sonore que n'auraient pas renié un Isodore Isou ou un Bernard Heidsieck. Les consonnes sur lesquelles la prononciation bute se réverbèrent avec des échos répétitifs qui peinent à s'imposer dans une modernité de bon aloi. Ce lent et morne stroboscope est rendu proprement assommant par le catalogue d'imitations qu'il déploie : tango argentin du poète aveugle de Buenos Aires (merci Borgès !), lyrique japonaise avec koto obligé, passion baroque avec la lapidation de la femme adultère…
Les chanteurs d'Accentus/Axe 21 se muent en un chĹ“ur antique multifonctions : chant, percussion, danse, théâtre. Discrètement dirigĂ©s par Ondřej Adámek en personne depuis la coulisse, ils multiplient les prouesses de chanter, jouer d'un instrument ou danser de minutieux et compliquĂ©s quadrilles. Toute cette agitation n'empĂŞche pas le soufflĂ© de retomber, malgrĂ© le talent de Nicolas Simeha en collectionneur de pierres qui veut nous convaincre de l'intĂ©rĂŞt de sa marotte. Autour de lui s'activent Shigeko Hata et Anne-Emmanuelle Davy, dont les voix bien timbrĂ©es alternent avec les solides interventions de Landy Andriamboavonjy.
| | |
| | |
|