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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Nouvelle production de Jenůfa de Janáček dans une mise en scène d’Yves Lenoir et sous la direction de Stefan Veselka Ă  l’OpĂ©ra de Dijon.

Plus morave que nature
© Gilles Abegg

Heureux Dijonnais, qui pour la rentrĂ©e lyrique ont droit Ă  une Jenůfa plus idiomatique que nature, avec un authentique orchestre morave en fosse et la direction cursive et âpre de Stefan Veselka, Ă  la tĂŞte d’une distribution quatre Ă©toiles ! Ou comment remettre au premier plan l’un des compositeurs essentiels du XXe siècle, trop souvent nĂ©gligĂ© sur nos scènes.
 

Auditorium, Dijon
Le 28/09/2018
Yannick MILLON
 



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  • On ne comprendra jamais le manque d’intĂ©rĂŞt du public français pour les opĂ©ras de Janáček, qui Ă  Paris comme en rĂ©gions peinent Ă  remplir les salles alors que tant les sujets ou les livrets eux-mĂŞmes que la musique du compositeur de Brno demeurent parmi les plus passionnants du siècle dernier. Merci donc Ă  l’OpĂ©ra de Dijon et Laurent Joyeux de persister Ă  imposer le compositeur Ă  l’affiche, notamment lorsqu’il est comme ce soir entourĂ© de tous les soins possibles !

    Pour faire dĂ©couvrir Jenůfa aux Dijonnais, Yves Lenoir a misĂ© sur une approche simple, qui ne brutalise jamais le livret tout en brossant quelques savoureux portraits. Les dĂ©cors de Damien Caille-Perret sont d’une belle efficacitĂ© : pour les actes impairs l’ouverture d’un hangar donnant sur une friche, envahie de lierre au III pour symboliser le temps qui a passĂ©, et une sorte de bunker pour dissimuler la honte de la grossesse au II, après un très beau changement de dĂ©cor Ă  vue nous plongeant dans ce sous-sol dominĂ© par des fenĂŞtres d’oĂą tombera de la neige.

    L’action est on ne peut plus lisible, avec son hĂ©roĂŻne sachant tenir tĂŞte Ă  son promis, lui crachant de la vodka au visage lorsqu’il l’humilie publiquement, jeune femme fervente et intense, prise d’épilepsie au milieu de son monologue, occasion d’un long silence tĂ©tanisant en accord avec la musique. Ĺ teva, beaucoup moins superficiel qu’il n’en a l’air, finit par se donner la mort hors champ avec un fusil, face Ă  une Kostelnička au passĂ© sensuel, rongĂ©e et Ă  la dĂ©rive après son crime, avec des airs de Yolande Moreau alcoolisĂ©e et dĂ©hanchĂ©e, associĂ©e dans un III ne manquant pas d’humour Ă  une Karolka en bimbo sans gĂŞne.

    La musique, sous la battue très active de Stefan Veselka, maestro norvĂ©gien de parents tchèques, offre un festival de senteurs et atmosphères moraves, ne serait-ce que par la prĂ©sence en fosse des Czech Virtuosi, formation chambriste issue de l’OpĂ©ra Janáček et de l’Orchestre philharmonique de Brno, qui chante ici dans son arbre gĂ©nĂ©alogique, riche de sonoritĂ©s âpres Ă©minemment idiomatiques, d’un violon solo corrosif Ă  des cuivres lapidaires, sous l’activitĂ© rythmique Ă  l’affĂ»t de ces instrumentistes qu’aucune formation hexagonale ne saurait concurrencer sur ce terrain.

    Pour parachever cette rentrĂ©e en fanfare, la distribution fait des Ă©tincelles, et avant tout la Jenůfa de Sarah-Jane Brandon, soprano sud-africaine parfaitement taillĂ©e pour le rĂ´le-titre : ampleur, sĂ»retĂ© des aigus face aux assauts de l’orchestre et vraie faille d’authentique âme pure, fĂ©minitĂ© de Rusalka (la Prière Ă  la Vierge) et moirures du timbre d’un bas-mĂ©dium idĂ©alement poitrinĂ©. Les deux tĂ©nors sont parfaitement appariĂ©s, la jeunesse bravache de l’émission solaire du Ĺ teva de Magnus Vigilius en miroir du Laca Ă©bouriffant de puissance de Daniel Brenna – l’ensemble sur Chaque couple doit affronter ses souffrances, oĂą il couvre chanteurs, chĹ“ur et orchestre.

    Sans oublier Sabine Hogrefe, dont les aigus varnayiens dĂ©chaĂ®nĂ©s offrent une montĂ©e en puissance impressionnante Ă  sa prise de rĂ´le en Sacristine, ou encore la Stařenka angoissĂ©e d’Helena Köhne, le Jano joliment androgyne de Roxane Chalard ou l’Épouse du Maire mordante de Svetlana Lifar.




    Auditorium, Dijon
    Le 28/09/2018
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de Jenůfa de Janáček dans une mise en scène d’Yves Lenoir et sous la direction de Stefan Veselka Ă  l’OpĂ©ra de Dijon.
    Leoš Janáček (1854-1928)
    Jenůfa, opĂ©ra en trois actes (1904)
    Livret du compositeur par la pièce Sa Belle-fille de Gabriela Preissová

    Chœur de l’Opéra de Dijon
    Czech Virtuosi
    direction : Stefan Veselka
    mise en scène : Yves Lenoir
    décors : Damien Caille-Perret
    costumes : Jean-Jacques Delmotte
    éclairages : Victor Egéa
    préparation des chœurs : Anass Ismat

    Avec :
    Sarah-Jane Brandon (Jenůfa), Daniel Brenna (Laca), Magnus Vigilius (Ĺ teva), Sabine Hogrefe (Kostelnička), Helena Köhne (Grand-mère Buryjovka), Tomás Král (le Meunier), Krzysztof Borysiewicz (le Maire), Svetlana Lifar (l’Épouse du Maire), Katerina Hebelkova (Karolka), Roxane Chalard (Jano), Axelle Fanyo (Barena), Delphine Lambert (une Bergère), Dana Luccock (la Tante).

     


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