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CRITIQUES DE CONCERTS 13 octobre 2024

Nouvelle production des Huguenots de Meyerbeer dans une mise en scène d’Andreas Kriegenburg et sous la direction de Michele Mariotti à l’Opéra de Paris.

La Reine Margot
© Agathe Poupeney

Interprétés dans une nouvelle édition critique, les Huguenots de Meyerbeer retrouvent l’Opéra de Paris après plus de quatre-vingts ans d’absence, dans une production sans idées neuves d’Andreas Kriegenburg, peu dynamisée par la direction contrôlée de Michele Mariotti. De la distribution ressortent le Raoul de Yosep Kang et la magnifique reine de Lisette Oropesa.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 01/10/2018
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Annoncés dès la prise de fonction de Stéphane Lissner à l’Opéra de Paris, ces Huguenots sont faussement modernes. L’idée de confier à Andreas Kriegenburg un Meyerbeer pouvait d’abord sembler pertinente, mais le décor blanc d’Harald B. Thor s’y montre plus futile que laid, avec le véritable défaut de n’abriter aucune vision. Une fondation de trois étages présente en ouverture et clôture de rideau se décale au II pour libérer un plateau presque vide censé représenter les jardins de Chenonceau, dont la seule image mémorisable est celle des corps dénudés de superbes créatures déjà apparue en combinaisons noires moulantes et transparentes au I.

    Une fois passé ce tableau racoleur autant qu’inutile, difficile d’associer au livret de Scribe inspiré de la Saint-Barthélemy la moindre proposition forte, ni celle de fourreaux d’épées en forme de canons de carabines, ni l’une des moins marquantes scènes de massacre à laquelle il nous a été donné d’assister, ni celle de costumes oscillant entre robes classiques pour les femmes, habits de cour pour les nobles, et tenues sombres proches de celles de gendarmes modernes pour les Huguenots d’un chœur dont on préfère les parties douces à un Rataplan bien pâlot.

    Comme s’il voulait s’adapter à la mise en scène, Michele Mariotti contrôle toute la soirée la fosse sans jamais la dynamiser, et si l’on avait surtout pu apprécier les parties de style français de la partition sous sa direction à Berlin il y a deux ans, dans une mouture de l’œuvre relativement similaire à l‘édition critique légèrement plus courte proposée aujourd’hui, le seul instant à retenir de Paris est celui très bellinien de Raoul à l’acte II. L’orchestre ne démérite pas pour autant et concède de belles sonorités tout au long des cinq actes, notamment à la harpe et à la clarinette basse.

    À défaut de se tourner vers la scène ou la fosse, il reste alors à écouter le plateau, à commencer par le Raoul de Nangis de Yosep Kang, couverture à Berlin de Juan Diego Flórez et à présent doublure de Bryan Hymel. Le ténor peut parfois manquer de finesse et ne semble pas comprendre chaque phrase qu’il énonce, mais plus encore que John Osborne ces dernières années, il tient d’un bout à l’autre avec vigueur sa partie, tout juste légèrement fatigué au V après avoir été très longuement sollicité au IV.

    En riche institution, l’Opéra de Paris se permet dans des seconds rôles des chanteurs du niveau de Cyrille Dubois pour Tavannes, Patrick Bolleire en Thoré et Maurevert ou encore le dynamique Philippe Do pour Bois-Rosé et Michal Partyka pour Méru. Florian Sempey est un Comte de Nevers parfait dans l’élocution et la forme, quand le Comte de Saint-Bris de Paul Gay applique plus de gravité à son rôle. Nicolas Testé dévoile un Marcel impliqué, auquel revient de chanter avec brio le choral de Luther qui fit couler beaucoup d’encre à la création.

    Chez les femmes, Karine Deshayes campe un Urbain gracieux, en plus de posséder une langue qu’Ermonela Jaho traite elle aussi correctement pour les consonnes de Valentine, bien qu’avec moins de finesse dans la diction. Julie Robard-Gendre et Elodie Hache sont également à noter pour la clarté et les coloris du chant, mais s’il faut ne garder qu’un souvenir de cette production, c’est avant tout celui de l’héritière d’un rôle d’abord prévu pour Diana Damrau, la magnifique Reine Marguerite de Valois portée à l’extase dans l’incroyable contrôle du souffle, la superbe agilité des vocalises et la sublime délicatesse des piani de Lisette Oropesa.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 01/10/2018
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production des Huguenots de Meyerbeer dans une mise en scène d’Andreas Kriegenburg et sous la direction de Michele Mariotti à l’Opéra de Paris.
    Giacomo Meyerbeer (1791-1864)
    Les Huguenots, grand-opéra en cinq actes et trois tableaux (1836)
    Livret d’Eugène Scribe et Emile Deschamps

    Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Michele Mariotti
    mise en scène : Andreas Kriegenburg
    décors : Harald B. Thor
    costumes : Tanja Hofmann
    éclairages : Andreas Grüter
    préparation des chœurs : José Luis Basso

    Avec : Lisette Oropesa (Marguerite de Valois), Yosep Kang (Raoul de Nangis), Ermonela Jaho (Valentine), Nicolas Testé (Marcel), Karine Deshayes (Urbain), Florian Sempey (Comte de Nevers), Paul Gay (Comte de Saint-Bris), Cyrille Dubois (Tavannes / Moine), Elodie Hache (Coryphée / Jeune Catholique / Bohémienne), Julie Robard-Gendre (Dame d’Honneur / Jeune Catholique / Bohémienne), François Rougier (Cossé, étudiant Catholique), Michal Partyka (Méru / Moine), Patrick Bolleire (Thoré / Maurevert), Tomislav Lavoie (Retz / Moine), Philippe Do (Bois-Rosé / Valet), Olivier Ayault (Archet du Guet), John Bernard, Cyrille Lovighi, Bernard Arrieta, Fabio Bellenghi (Quatre Seigneurs).
     


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