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CRITIQUES DE CONCERTS 10 octobre 2024

Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Vasily Petrenko, avec la participation du pianiste Kirill Gerstein à l’Auditorium de Radio France, Paris.

De l’anxiété à l’extase
© Mark McNulty

À nouveau invité à diriger l’Orchestre philharmonique de Radio France, Vasily Petrenko ouvre son programme avec une Symphonie n° 2 de Bernstein à l’anxiété très russe, avec le concours du pianiste Krill Gerstein, aussi aguerri au jazz qu’au classique par ses études, avant un voyage vers l’Île des Morts puis un flamboyant Poème de l’Extase.
 

Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
Le 30/11/2018
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Vasily Petrenko s’est ouvert dans un récent entretien sur la construction de son programme avec le Philharmonique de Radio France. Il n’a pas choisi la pièce de Bernstein, mais l’a acceptée avec intérêt de la part de l’orchestre et y a cherché des couplages cohérents. Scriabine pour un traitement qu’il juge assez similaire de la consonance et des dissonances, puis Rachmaninov pour faire le lien entre la musique russe et la musique américaine.

    Le concert ouvre donc sur la Symphonie n° 2 de Leonard Bernstein, titrée The Age of Anxiety, évidemment présentée dans le cadre des cent ans de la naissance du compositeur et chef d’orchestre. Les Parisiens auront déjà pu entendre cet ouvrage récemment à la Philharmonie sous Simon Rattle en tournée avec le London Symphony Orchestra, avec déjà le pianiste du soir, Kirill Gernstein, qui remplaçait alors Krystian Zimerman annoncé souffrant.

    Dès l’introduction du Lento moderato par les deux clarinettes du Philhar’, les sons de l’ensemble français sonnent étonnamment russes, d’une anxiété relativement pesante, nettement plus que dans la plupart des versions de l’œuvre par Bernstein lui-même, sauf peut-être celle de Salzbourg de 1959, dans la première mouture évidemment, avec Seymour Lipkin.

    Cette atmosphère est maintenue par Petrenko en parfait accord avec le pianiste, non systématiquement juste, mais très impliqué, bien que la partie rapide du deuxième mouvement ait pu montrer plus de liberté de la part d’un artiste ayant validé au conservatoire tant son cycle classique que son cycle jazz. La puissante coda conclut magnifiquement cette interprétation, enchaînée rapidement après les applaudissements par une pièce de Scriabine bissée par Gerstein pour faire le lien avec la deuxième moitié du concert.

    L’entracte achevé, l’orchestre reprend place en masse pour s’attaquer au sublime poème symphonique de Rachmaninov L’Île des morts. L’introduction du thème aux violoncelles développe une belle intensité, quelque peu détériorée au centre malgré la qualité de tous les groupes d’instrumentistes, peut-être par une recherche trop appuyée du chef à vouloir mettre en avant certaines masses, à l’instar des croches très marquées des premiers violons, ou certains solistes, à l’image du basson et du hautbois. La conclusion redonne le dernier mot aux cordes graves avec la même splendeur qu’au début du voyage, d’un ouvrage écrit à partir d’une simple reproduction en noir et blanc du tableau de Böcklin visible notamment à Berlin et New York.

    La dernière œuvre se devait d’être la plus marquante et c’est effectivement le cas dès les premières mesures de l’éclatant Poème de l’extase d’Alexandre Scriabine, poussé à bout dans un Auditorium de la Maison de la Radio jamais tout à fait à saturation, ce malgré l’effectif de plus de cent musiciens sur scène. Les cuivres bouchés réussissent toutes leurs interventions, à commencer par la superbe trompette, et sans rechercher un excès de nervosité, Petrenko maintient en permanence une atmosphère enflammée, dans la droite ligne des plus grandes visions de l’œuvre, dont celles de Svetlanov.

    Le final ne laisse aucune place au doute lorsque l’orchestre s’arrête pour quelques instants avant de reprendre une dernière fois, pour d’ultimes secondes d’une superbe majesté, portée par ce chef éclectique mais avant tout passionnant dans le répertoire de sa patrie.




    Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
    Le 30/11/2018
    Vincent GUILLEMIN

    Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Vasily Petrenko, avec la participation du pianiste Kirill Gerstein à l’Auditorium de Radio France, Paris.
    Leonard Bernstein (1918-1990)
    Symphonie n° 2 « The Age of Anxiety Â»
    Version révisée de 1965
    Kirill Gerstein, piano
    Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
    L'ÃŽle des morts, op. 29
    Alexandre Scriabine (1872-1915)
    Poème de l’extase, op. 54
    Orchestre Philharmonique de Radio France
    direction : Vasily Petrenko

     


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