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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Hamlet de Thomas dans une mise en scène de Cyril Teste et sous la direction de Louis Langrée à l’Opéra Comique, Paris.
Hamlet sauce Festen
Stéphane Degout revient à Hamlet à l’Opéra Comique dans une mise en scène de Cyril Teste en continuité avec son spectacle Festen d’après le film de Thomas Vinterberg pour le Dogme95. Autour du personnage de Shakespeare s’agrège l’Ophélie de charme de Sabine Devieilhe et une solide distribution française, tous sous la battue lyrique et colorée de Louis Langrée.
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Jugé comme un parent pauvre de l’opéra français, Hamlet n’en reste pas moins relativement présent sur les scènes depuis sa création à la salle Le Peletier il y a cent cinquante ans. La musique d’Ambroise Thomas manque à certains égards de personnalité, mais ravit dans la chanson à boire, le grand air d’Hamlet, et bien sûr les deux arias d’Ophélie. Recourant déjà habilement aux leitmotive, elle gagne surtout à être replacée dans la continuité du Grand-Opéra à la française. Pour toutes ces qualités, l’Orchestre des Champs-Élysées, sur instruments d’époque, permet de soutenir toujours l’action et de s’adapter parfaitement par sa célérité aux parties festives ou dynamiques.
Idéal par son geste souple et précis, Louis Langrée aère la partition et lui confère autant de couleurs françaises que possible. Les meilleurs résultats se perçoivent à la flûte et à la clarinette, plutôt qu’aux plus aigres hautbois et cor anglais, une remarque à mettre sur le compte de la facture instrumentale. La première utilisation symphonique du saxophone bénéficie ici d’une intervention sur scène, tandis que le lyrisme du chef se ressent dans les très belles phrases aux violons, quand à l’opposé les contrebasses s’associent lorsqu’il le faut aux cors pour appuyer les scènes plus graves.
Stéphane Degout reprend les habits de l’un de ses rôles fétiches, et sauf à dire que la voix s’est un peu durcie, difficile de trouver matière à discussion dans cette maîtrise du personnage de Shakespeare et le superbe reflet de ses tourments. La plus célèbre colorature française du moment s’invite à ses côtés, et si Sabine Devieilhe, sur cette la même scène il y a quatre ans, montrait encore plus de souplesse et d’aisance dans l’octave supérieure de Lakmé, elle fait preuve d’une superbe agilité doublée d’une magnifique énergie.
Du reste de la distribution, intégralement française, Sylvie Brunet-Grupposo, annoncée souffrante, réussit moins qu’à Marseille en 2016 ses deux grands moments scéniques pour la Reine. Son nouveau Roi Claudius présente un Laurent Alvaro de belle stature, jusqu’à sa mort, inéluctable face aux graves sortis de terre du spectre de Jérôme Varnier. Julien Behr a déjà été un Laërte de remplacement tout récemment, mais le ténor, que l’on attendait beaucoup, déçoit par deux aigus craqués, sans doute en raison de la pression de la première.
Citons également l’impeccable ligne de chant de l’Horatio au médium plein de Yoann Dubruque, dans une mise en scène de Cyril Teste relativement hermétique pour un public d’opéra. Établi par le radical spectacle Nobody, dans lequel il utilisait déjà un dispositif scénique rehaussé d’un écran pour relancer l’image filmée en scène, avec une justesse des vidéos à faire pâlir les productions de Franck Castorf, l’artiste s’attaque pour la seconde fois au gâchis d’une fête par la révélation d’un invité.
Car dans cette mise en scène dont l’unité et le discours manquent peut-être d’impact, en plus de montrer pour plus belle image une mort d’Ophélie évoquant trop ouvertement le Tristan et Isolde de Bill Viola, l’idée majeure reste la continuité pure avec son spectacle Festen, d’après le film de Thomas Vinterberg. L’action se passait déjà au Danemark, et alors qu’un invité annonçait en plein repas d’anniversaire de terribles secrets, Hamlet gâche aujourd’hui la fête en révélant que l’assassin de son père n’est autre que le nouveau roi. L’idée est bonne, si ce n’est que le temps musical n’est pas le même qu’au théâtre, et que la mise en scène lyrique ne peut faire appel aux mêmes procédés pour marquer de la même manière.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 17/12/2018 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Hamlet de Thomas dans une mise en scène de Cyril Teste et sous la direction de Louis Langrée à l’Opéra Comique, Paris. | Ambroise Thomas (1811-1896)
Hamlet, opéra en cinq actes et sept tableaux
Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après le drame de Shakespeare
Chœur Les Eléments
Orchestre des Champs-Élysées
direction : Louis Langrée
mise en scène : Cyril Teste
décors : Ramy Fischler
costumes : Isabelle Deffin
Ă©clairages : Julien Boizard
vidéos : Mehdi Toutain-Lopez & Nicolas Dorémus
Avec :
Stéphane Degout (Hamlet), Sabine Devieilhe (Ophélie), Laurent Alvaro (Claudius), Sylvie Brunet-Grupposo (Gertrude), Julien Behr (Laërte), Jérôme Varnier (Le Spectre), Kevin Amiel (Marcellus), Yoann Dubruque (Horatio), Nicolas Legoux (Polonius). | |
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