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CRITIQUES DE CONCERTS 20 avril 2024

Requiem de Berlioz par l’Orchestre de Paris et du Conservatoire sous la direction de Pablo Heras-Casado à la Philharmonie de Paris.

Berlioz démystifié ?
© Fernando Sancho

Sentiments contrastés à l’issue de ce Requiem de Berlioz éclairé par une tentative de relecture du chef espagnol Pablo Heras-Casado et la prononciation du latin à la française, mais où, par-delà des chœurs et un orchestre magnifiques assortis de quelques scories au sommet du Tuba Mirum, l’on reste parfois à la lisière du mysticisme si singulier de l’auteur des Troyens.
 

Philharmonie, Paris
Le 21/02/2019
Yannick MILLON
 



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  • Dans la longue liste des messes pour les dĂ©funts, le Requiem de Berlioz, Ă©crit alors que le compositeur avait seulement trente-quatre ans, occupe une place marginale, de par les effectifs convoquĂ©s et un message assez ambigu, tirant autant du cĂ´tĂ© des recherches de lumière de l’école française qui lui succĂ©dera que des ouvrages quasi lyriques et des effets Ă  rĂ©veiller les morts Ă  la Verdi.

    Gardiner au concert, Norrington au disque ont déjà tenté un recentrage philologique de l’œuvre, mais on attend toujours une relecture vraiment radicale comme celles qui ont transformé à jamais Bach dans les années 1970, Mozart dans les années 1980 et Beethoven la décennie suivante. Ce soir pourtant, malgré les velléités très nettes de Pablo Heras-Casado, on restera à la croisée des chemins.

    Une volonté d’épurer les cordes, chiches en vibrato, visant une absolue transparence non seulement dans les nappes éthérées du Sanctus mais aussi dans les blocs les plus terrifiants de la Sequenz, est bien à l’œuvre, tout comme un rééquilibrage du tempo donnant la primauté au rythme de la langue, avec les sonorités délicieuses du latin à la française que peu avaient osé, accouchant d’un Hosanna très fluide, et de nombre de pages désempesées.

    Le Domine Jesu Christe, chanté assis, y perd quelque âme, trop proprement concret et obsédé par la pulsation pour que se dégage un vrai climat, tandis que l’Hostias en sort presque transfiguré. C’est que la lecture du maestro espagnol est avant tout analytique, peu portée sur la ferveur, plus soucieuse d’alliages de timbres que de sens.

    Au moins bĂ©nĂ©ficie-t-il d’admirables viatiques Ă  la fois dans le mĂ©lange de l’OrfeĂłn Donostiarra et du ChĹ“ur de l’Orchestre de Paris, d’une plasticitĂ© inespĂ©rĂ©e, d’une lumière iridescente et d’une densitĂ© jamais prise en dĂ©faut avec ses quelque deux cents tĂŞtes, et dans celui de l’Orchestre de Paris avec les Ă©lèves du Conservatoire, en tout point somptueux – les cordes, dĂ©jĂ  Ă©patantes de fine tension dans la Musique funèbre de Lutosławski enchaĂ®nant directement sur les gammes de l’IntroĂŻt berliozien.

    Pas plus que ses glorieux pairs, le chef ne parviendra Ă  totalement Ă©carter des scories dans la spatialisation dĂ©cidĂ©ment impossible des cuivres du Tuba Mirum, quand les seize timbales Ă©branleront la salle en Ă©vitant avec classe trop de saturation. Dommage surtout que la relĂ©gation de FrĂ©dĂ©ric Antoun sur un balcon latĂ©ral Ă  jardin nous prive d’une voix mixte et immatĂ©rielle Ă  la Simoneau qui transcenderait un Sanctus trop vocal ! Autant d’expĂ©dients qui insufflent un climat quasi profane Ă  cette exĂ©cution.

    Il ne reste dès lors, pour convoquer le mysticisme, qu’à fermer les yeux, dans les ultimes volutes arpégées de l’Agnus dei (d’une souplesse enfin mêlée de tendresse), et de se souvenir des images de la scène finale du Tree of life de Terrence Malick, Jessica Chastain les mains levées vers le ciel, avec le surcroît d’émotion palpable, en direct, de sentir physiquement huit des timbales ponctuer piano mais en profondeur leurs ultimes battements.




    Philharmonie, Paris
    Le 21/02/2019
    Yannick MILLON

    Requiem de Berlioz par l’Orchestre de Paris et du Conservatoire sous la direction de Pablo Heras-Casado à la Philharmonie de Paris.
    Witold Lutosławski (1913-1994)
    Musique funèbre, pour orchestre à cordes (1958)
    Hector Berlioz (1803-1869)
    Grande Messe des morts op. 5 (1837)
    OrfeĂłn Donostiarra
    préparation : José Antonio Sainz Alfaro
    Chœur de l’Orchestre de Paris
    préparation : Lionel Sow
    Orchestre du Conservatoire de Paris
    Orchestre de Paris
    direction : Pablo Heras-Casado

     


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