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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini dans une mise en scĂšne de David Pountney et sous la direction de Riccardo Chailly au Teatro alla Scala, Milan.

La jeunesse de Manon
© Teatro alla Scala

Dans la continuitĂ© du projet Puccini initiĂ© dĂšs sa premiĂšre saison avec Turandot, le directeur musical du Teatro alla Scala Riccardo Chailly s’attĂšle maintenant Ă  la version initiale de Manon Lescaut. Il retrouve la soprano Maria JosĂ© Siri et en derniĂšre minute, le tĂ©nor Roberto Aronica, pour remplacer Marcelo Alvarez souffrant.
 

Teatro alla Scala, Milano
Le 06/04/2019
Vincent GUILLEMIN
 



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  • DĂ©jĂ  pour Madama Butterfly, Riccardo Chailly Ă  La Scala Ă©tait revenu aux sources avec l’édition critique de la version primitive. Il fait de mĂȘme cette saison avec Manon Lescaut, moins retravaillĂ©e ensuite par Puccini, bien que nombre de passages ne soient plus tout Ă  fait les mĂȘmes.

    Ainsi quelques textes s’ajoutent, et l’action, moins concentrĂ©e, s’attarde sur certains dĂ©tails. Cela procure une intĂ©ressante fraĂźcheur Ă  l’acte I et notamment Ă  son Finale, revu dĂšs 1894 pour La Scala, mais jouĂ© ce soir dans la version turinoise de la crĂ©ation de 1893. Sola perduta abbandonata augmentĂ© lui aussi est ici plus rĂ©citĂ©, donc moins lyrique et plus thĂ©Ăątral.

    Le directeur musical des lieux, en grande forme, gĂ©nĂšre bien plus de dynamique qu’en ouverture de saison pour Attila. Son attention Ă  la scĂšne comme Ă  l’orchestre sublime de nombreuses parties et exalte les chƓurs. L’acte IV n’est pas bouleversant, mais traitĂ© avec flamme grĂące Ă  un Orchestra del Teatro alla Scala superbe en groupe comme en solo, Ă  l’image du basson et du hautbois, ou des cordes dans le cĂ©lĂšbre Intermezzo.

    La mise en scĂšne de David Pountney bĂ©nĂ©ficie de fastueux dĂ©cors de Leslie Travers, pour une proposition trĂšs classique. L’architecture au I ressemble Ă  celle des premiĂšres gares, murs de briques et poutres de fer, surĂ©levĂ©e d’un toit de verre. Manon y dort sur une charrette, avant qu’un Ă©norme train ne vienne troubler le massif ensemble. Les wagons reviennent ensuite pour prĂ©senter une coupe intĂ©rieure Ă  l’acte parisien, puis un autre plus cloisonnĂ© au Havre pour empĂȘcher les prisonniĂšres d’échapper Ă  leur sort. Le dernier acte prĂ©sente la gare ravagĂ©e par le sable et la sĂ©cheresse, qui finit par tuer Manon, Ă  nouveau allongĂ©e sur une charrette.

    Les costumes classiques de Marie-Jeanne Lecca s’accordent Ă  la proposition, pour montrer l’idĂ©e de mouvement permanent des acteurs, dans cette histoire partagĂ©e entre quatre villes et deux continents. La notion de temps est renforcĂ©e par une grosse horloge, Ă  moitiĂ© ensevelie au dernier acte. Comme pour La BohĂšme scaligĂšre de Zeffirelli, la massivitĂ© de la proposition captive le regard plus que la rĂ©flexion, au risque de limiter les effusions de sentiments.

    Marcelo Álvarez devait chanter, et nous l’entendions se chauffer avec vigueur plus de deux heures avant, alors que nous interviewions Maria JosĂ© Siri. Pourtant le directeur Alexander Pereira apparaĂźt sur scĂšne juste avant le dĂ©but de la reprĂ©sentation et annonce une crise d’asthme, ainsi que son remplacement inopinĂ© par Roberto Aronica. De l’Argentin Ă  l’Italien, Des Grieux perd peut-ĂȘtre la beautĂ© du timbre, mais gagne un chant plus souple et mieux dĂ©clamĂ©, bien adaptĂ© Ă  cette version de l’opĂ©ra.

    Son dernier air et dernier duo Ă©meuvent, quand face Ă  lui, Maria JosĂ© Siri expose la projection d’un mĂ©dium plein et la puissance de l’aigu, dans un contrĂŽle de la voix Ă  mĂȘme de passer l’orchestre mĂȘme dans les forte. Son dernier air perd en maturitĂ© par le style de l’écriture de Puccini, mais gagne Ă  ĂȘtre portĂ© par une soprano qui a encore muri le rĂŽle depuis ses derniĂšres prestations, Ă©videmment dans la version habituelle de l’Ɠuvre.

    À leurs cĂŽtĂ©s, Massimo Cavalletti porte toute la gravitĂ© de Lescaut par la profondeur d’un superbe timbre dans le bas du spectre, tandis que Carlo Lepore donne de la perspective Ă  GĂ©ronte grĂące Ă  la couleur du mĂ©dium. Le Coro del Teatro alla Scala participe lui aussi Ă  dynamiser l’ensemble par une mise en place impeccable pour toutes ses scĂšnes, mĂȘme lorsqu’il doit se partager sur plusieurs hauteurs.




    Teatro alla Scala, Milano
    Le 06/04/2019
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini dans une mise en scĂšne de David Pountney et sous la direction de Riccardo Chailly au Teatro alla Scala, Milan.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Manon Lescaut, drame lyrique en quatre actes
    Livret de Luigi Illica, Giuseppe Giocosa et Marco Praga, d’aprĂšs L’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut de l’AbbĂ© PrĂ©vost

    Coro ed Orchestra del Teatro alla Scala di Milano
    direction : Riccardo Chailly
    mise en scĂšne : David Pountney
    décors : Leslie Travers
    costumes : Marie-Jeanne Lecca
    Ă©clairages : Fabrice Kebour
    chorégraphie : Denni Sayers
    prĂ©paration des chƓurs : Bruno Casoni

    Avec :
    Maria José Siri (Manon Lescaut), Massimo Cavalletti (Lescaut), Roberto Aronica (Chevalier Des Grieux), Carlo Lepore (Geronte), Marco Ciaponi (Edmondo/Maßtre de Ballet/Lampianaio), Emanuele Cordaro (HÎtelier), Alessandra Visentin (Un musicien), Daniele Antonangeli (Sergent des archets), Gianluca Breda (Un Commandant de marine).

     


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