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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Nouvelle production d’Otello de Verdi dans une mise en scène de Robert Wilson, sous la direction de Zubin Mehta au festival de Pâques de Baden-Baden 2019.

Froid et fascinant

Mise en scène typiquement wilsonienne pour cette nouvelle production d’Otello, tantôt mettant à nu l’émotion, tantôt manquant de chair et de mouvement. Marc Heller, maure tout d’une pièce, côtoie une douce Sonya Yoncheva magnifiant le rôle de Desdémone. Zubin Mehta, fatigué, sait cependant exhaler les splendeurs du Philharmonique de Berlin dans la fosse.
 

Festpielhaus, Baden-Baden
Le 22/04/2019
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



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  • CĂ©lèbre sinon cĂ©lĂ©brĂ©e, l’esthĂ©tique Bob Wilson est bien connue : dĂ©nuement, stylisation des dĂ©cors et de la direction d’acteurs, importance des lumières. Si certaines Ĺ“uvres passent bien Ă  cette moulinette (Madame Butterfly, PellĂ©as), on peut avoir des rĂ©serves sur d’autres oĂą la passion peut ĂŞtre Ă  son paroxysme... comme Otello. Cette nouvelle production du chef-d’œuvre verdien ne dĂ©roge pas donc pas au système et on doit admettre que celui-ci suscite toujours autant de fascination pour la perfection de la rĂ©alisation et la maĂ®trise absolue d’éclairages faisant presque penser Ă  James Turrell, qui crĂ©ent indĂ©niablement un univers.

    Si certaines scènes intimes sont exaltées (notamment celle où Iago distille le doute à Otello, symbolisé par l’accumulation d’éléments architecturaux descendant des cintres, comme si le cerveau du Lion de Venise s’embrouillait), celles à grand spectacle ne fonctionnent pas toujours, à commencer par la tempête initiale, d’un statisme désespérant. Surtout, il manque de la chair à cette vision de papier glacé d’où se dégage une certaine froideur, et ce, malgré des éclairages très changeants. Le dernier acte est peut-être celui qui fonctionne le mieux, le statisme de l’action collant admirablement avec celui des personnages.

    Cette esthétique un peu trop lisse sera-t-elle compensée par une direction musicale à la Toscanini ou à la Levine ? Hélas non. C’est un Zubin Mehta bien fatigué qui officie dans la fosse. La tempête qui ouvre la soirée n’est qu’une bruine inoffensive et les tempi parfois bien lents – le concertato du III se traîne particulièrement. Le chef indien sait par contre jouer de la présence du Philharmonique de Berlin et mettre en valeur ses admirables pupitres et solos, notamment chez les bois. La phrase des contrebasses accompagnant l’entrée d’Otello au dernier acte n’aura jamais sonné avec autant de splendeur et de terreur à la fois. C’est de l’or qui sort de cette fosse.

    Pour cette dernière représentation du Festival de Pâques de Baden-Baden, Stuart Skelton, malade, a dû laisser sa place à Marc Heller, ténor américain dont on admire la manière dont il a su se fondre dans la mise en scène très millimétrée de Robert Wilson. La voix, barytonante, est très solide, puissante et affronte crânement toutes les difficultés du rôle. On pourrait cependant attendre un peu plus de subtilité dans une incarnation assez brute de décoffrage.

    Le contraste avec la Desdémone de Sonya Yoncheva est patent tant la chanteuse fait montre de finesse et de douceur. Le chant est admirablement mené et magnifie un timbre somptueux. L’aigu se défile un peu en cette soirée, notamment celui, écourté, qui clôt l’Ave Maria, mais ce sont là vétilles face à la réussite du portrait que dresse la soprano, que l’on sait d’ailleurs dans l’attente d’un heureux événement.

    Magnifique Iago de Vladimir Stoyanov, voix superbe à l’aigu glorieux, ligne impeccable, mais on peut souhaiter un personnage plus noir et sadique, ce Iago est presque trop bien chantant pour susciter l’antipathie. Le reste de la distribution va du très bon (superbe Cassio de Francesco Demuro) au plus contestable (une Emilia acide) tandis que les chœurs du Philharmonia Chor Wien sont absolument superbes, chœur local d’enfants inclus.




    Festpielhaus, Baden-Baden
    Le 22/04/2019
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production d’Otello de Verdi dans une mise en scène de Robert Wilson, sous la direction de Zubin Mehta au festival de Pâques de Baden-Baden 2019.
    Giuseppe Verdi (1813-1901)
    Otello, opéra en quatre actes (1887)
    Livret d’Arrigo Boito d’après la tragédie de Shakespeare

    Kinderchor des Pädagogiums Baden-Baden
    Philharmonia Chor Wien
    Berliner Philharmoniker
    direction : Zubin Mehta
    mise en scène, décors, éclairages : Robert Wilson
    costumes : Jacques Reynaud, Davide Boni
    vidéo : Tomasz Jeziorski
    préparation des chœurs : Walter Zeh

    Avec :
    Marc Heller (Otello), Sonya Yoncheva (Desdemona), Vladimir Stoyanov (Iago), Anna Malavasi (Emilia), Francesco Demuro (Cassio), Gregory Bonfatti (Roderigo), Federico Sacchi (Lodovico), Giovanni Furlanetto (Montano), Mathias Tönges (un héraut).

     


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