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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Reprise de la Médée de Marc Charpentier dans la mise en scène de David McVicar, sous la direction de Leonardo García Alarcón à l’Opéra de Genève.

Médée pour le meilleur
© Magali Dougados

Après la Médée de Cherubini donnée en 2015 et Il Giasone de Cavalli en 2017, l’Opéra de Genève présente la Médée de Charpentier modernisée par David McVicar en 2013 pour l’English National Opera : servi par une Anna Caterina Antonacci en grande forme dans le rôle-titre, le tourbillon visuel du trublion écossais n’a pas pris une ride.
 

Grand Théâtre, Genève
Le 03/05/2019
Florent COUDEYRAT
 



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  • La production du Couronnement de PoppĂ©e avait Ă©tĂ© diversement apprĂ©ciĂ©e lors de sa prĂ©sentation au Théâtre des Champs-ÉlysĂ©es en 2004 : quelques annĂ©es plus tard, David McVicar adopte le mĂŞme parti-pris sulfureux dans la MĂ©dĂ©e de Charpentier, aujourd’hui reprise Ă  Genève avec bonheur, tant l’Écossais surprend par sa capacitĂ© Ă  dĂ©poussiĂ©rer le mythe en lui donnant un Ă©crin visuel d’une vibrante actualitĂ©. Ainsi des dĂ©cors splendides de Bunny Christie qui transpose l’action en temps de guerre au milieu du XXe siècle, plongeant les interprètes dans un huis-clos Ă©touffant bien mis en valeur par les ambiances tamisĂ©es des Ă©clairages de Paule Constable.

    Pour autant, si McVicar sait se faire minimaliste lorsque la situation dramatique l’exige, il n’a pas son pareil pour animer le plateau dans les divertissements, les liant parfaitement à l’action. Outre l’absence de prologue, on pourra bien évidemment regretter que le metteur en scène force un peu le trait ici et là, mais force est de constater que sa modernisation reste parfaitement dans l’esprit de l’ouvrage. Les danseurs sont ainsi particulièrement sollicités, apportant une verve et une énergie bienvenues dans les acrobaties, à même de défier le statisme du livret de Thomas Corneille, cadet de son frère Pierre.

    Plus intéressante que celle réalisée pour Cherubini, l’adaptation de Corneille confine les héros dans un drame familial et amoureux qui surprend dans les deux premiers actes, tant Médée y paraît faible et pleurnicharde, bien éloignée en cela de la magicienne flamboyante d’Euripide. Sa personnalité se révèle ensuite dans le désespoir de l’acte III, sommet de la partition, avant de déchaîner sa fureur et sa vengeance en des climats admirablement variés aux IV et V : Leonardo García Alarcón, en maître des émotions, s’en saisit avec sa maestria coutumière, toute de légèreté et de vivacité.

    Le Chœur du Grand Théâtre de Genève, l’un des meilleurs qu’il nous ait été donné d’entendre, lui répond avec une cohésion admirable dans la déclamation. Son excellent directeur Alan Woodbridge n’est sans doute pas étranger à ce tour de force particulièrement bienvenu dans ce répertoire : Charpentier n’y annonce-t-il pas les audaces harmoniques de Rameau, tout en dépassant Lully, incontournable modèle, dans les climats dramatiques ?

    Pas de réussite de Médée sans un rôle-titre d’envergure : Anna Caterina Antonacci fait depuis longtemps partie des interprètes d’exception, mais on croit pourtant encore la redécouvrir ici, tant le jeu animal demandé lui fait dépasser le seul confort vocal d’une émission ronde et puissante. Elle endosse avec un bel engagement les habits de la tragédienne dans les trois derniers actes, le tout dans une diction parfaite. À ses côtés, Cyril Auvity (Jason) impose son timbre clair et son émission aérienne, dont on regrette seulement un manque de substance dans la puissance du suraigu.

    L’aisance vocale de Keri Fuge (Créuse) force l’admiration, même si d’aucuns pourront trouver la voix trop lourde pour le rôle : l’étendue de la beauté du timbre, gorgé de couleurs, sans parler de la facilité de projection, devraient pourtant recueillir tous les suffrages. Même s’il semble fatiguer en fin de soirée, Charles Rice (Oronte) impose un beau tempérament, tandis que Willard White (Créon) surprend encore par ses nobles phrasés comme son autorité naturelle, et ce malgré un timbre de plus en plus fatigué. Les seconds rôles se montrent à la hauteur mais ne soulèvent pas l’enthousiasme pour autant : pas de quoi gâcher la fête d’une soirée menée tambour battant par le trio de rêve Antonacci-Alarcon-McVicar.




    Grand Théâtre, Genève
    Le 03/05/2019
    Florent COUDEYRAT

    Reprise de la Médée de Marc Charpentier dans la mise en scène de David McVicar, sous la direction de Leonardo García Alarcón à l’Opéra de Genève.
    Marc Charpentier (1643-1704)
    Médée, tragédie-lyrique en cinq actes et un prologue (1693)
    Livret Thomas Corneille

    Chœur du Grand Théâtre de Genève
    Orchestre Cappella Mediterranea
    direction : Leonardo GarcĂ­a AlarcĂłn
    mise en scène : David McVicar
    décors et costumes : Bunny Christie
    Ă©clairages : Paule Constable
    chorégraphie : Lynne Page
    préparation des chœurs : Alan Woodbridge

    Avec :
    Anna Caterina Antonacci (Médée), Cyril Auvity (Jason), Keri Fuge (Créuse / Premier fantôme), Charles Rice (Oronte), Willard White (Créon), Alexandra Dobos-Rodriguez (Nérine), Magali Léger (Amour / Cléone / Première captive), Mi-Young Kim (Une Italienne / Un fantôme / Deuxième captive), Alban Legos (Arcas / Argien / Vengeance), José Pazos (Premier Corinthien / Argien), Jérémie Schütz (Un Corinthien / La Jalousie / Troisième captif / Deuxième Corinthien).

     


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