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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Nouvelle production du Songe d’une nuit d’été de Britten dans une mise en scène de Ted Huffman et sous la direction de Tito Muñoz à l'Opéra Comédie de Montpellier.
Songeuse nuit d'été
Coproduit avec Berlin, ce Songe brittenien fait escale à Montpellier. L'atmosphère onirique et l'élégance très graphique du spectacle ne sauraient compenser la répétitive austérité des tableaux de la décoratrice Marsha Ginsberg pour la mise en scène de Ted Huffman. La distribution, de très bon niveau, est portée par la battue efficace et maîtrisée de Tito Muñoz.
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Rarement monté à la scène malgré son importance littéraire de premier plan, Le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare a fourni à Benjamin Britten l'occasion d'un hommage à la rêverie et à l'univers baroque. Cette belle allégorie du dialogue entre les dieux et les hommes se prend les pieds dans une tendance du metteur Ted Huffman à figer les détails à l'intérieur d'un cadre pictural très répétitif. Les décors très abstraits de Marsha Ginsberg libèrent un espace oblique que la direction d'acteurs ne parvient jamais vraiment à habiter, à l'exception d'une série de figures et d'éléments qui n'ont à proposer qu'une variation autour d'un surréalisme mou et convenu.
On connaissait, de Ted Huffman, le délicat Svádba que la compositrice serbe Ana Sokolevic avait créé au Festival d'Aix en 2015. On relèvera ici ce goût pour la chorégraphie et le dépouillement, avec notamment le personnage de Puck en caleçon et haut de forme et qui, suspendu à des filins, dessine des arabesques dans les airs. Le parti-pris initial consiste à placer, au lever du rideau, l'enfant indien, le page de Tytania, personnage plus que secondaire dans le livret élaboré par Pears et Britten. L'idée est juste décorative et fait office d'allusion sans conséquence sur l'ensemble de la scénographie.
Les costumes d'Annemarie Woods puisent dans une palette de couleurs qui alternent de brun à prune, avec un chœur des esprits désespérément gris et étrangement gominé. Si la scène se couvre d'un tapis rouge pour la représentation de Pyrame et Thisbé, l'humour reste en berne avec des marionnettes géantes manipulées à vue qui effacent la spiritualité du livret sous un pesant effet visuel.
Le plateau vocal est autrement convaincant, à commencer par une Helena de tout premier plan, campée par une pétulante et sonore Marie-Adeline Henry. La Tytania de Florie Valiquette n'est pas en reste, avec une projection et un art de la ligne très policé. Dominic Barberi fait entendre derrière les gamineries de son Bottom une tristesse et une profondeur surprenantes, tandis que l’Oberon de James Hall ne force pas son talent pour incarner le roi des fées. Ni Polly Leech en Hippolyta, ni surtout le Thésée de Richard Wiegold ne parviennent à éveiller l'intérêt, en comparaison avec les Lysander et Demetrius de Thomas Atkins et Matthew Durkan ou, surtout, la formidable Hermia de Roxana Constantinescu.
Tito Muñoz tient la bride haute à une ligne orchestrale qui ne sacrifie jamais la densité et les affects, avec des pupitres de cordes et une petite harmonie de toute beauté. Le Chœur Opéra Junior se détache de bien belle manière dans l'écrin et le nappé de couleurs qui tient lieu d'écrin sonore idéal pour une musique à la subtilité manifeste.
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Opéra Comédie, Montpellier Le 12/05/2019 David VERDIER |
| Nouvelle production du Songe d’une nuit d’été de Britten dans une mise en scène de Ted Huffman et sous la direction de Tito Muñoz à l'Opéra Comédie de Montpellier. | Benjamin Britten (1913-1976)
A Midsummer Night’s Dream, opéra en trois actes (1960)
Livret du compositeur et Peter Pears d’après la pièce de William Shakespeare
Coproduction avec le Deutsche Oper de Berlin
Chœur Opera Junior
Orchestre national Montpellier Occitanie
direction : Tito Muñoz
mise en scène : Ted Huffman
décors : Marsha Ginsberg
costumes : Annemarie Woods
Ă©clairages : D.M. Wood
préparation des chœurs : Vincent Recolin
Avec :
Florie Valiquette (Tytania), James Hall (Oberon), Nicolas Bruder (Puck), Richard Wiegold (Theseus), Polly Leech (Hippolyta), Thomas Atkins (Lysander), Matthew Durkan (Demetrius), Roxana Constantinescu (Hermia), Marie-Adeline Henry (Helena), Dominic Barberi (Bottom), Nicholas Crawley (Quince), Paul Curievici (Flute), Colin Judson (Snout), Nicholas Merryweather (Starveling), Daniel Grice (Snug), Agathe Borges (Cobweb), Alma Courtois-Thobois (Moth), Marina Gallant (Peaseblossom), Robin Peyraud (Mustardseed). | |
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