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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Requiem de Verdi par les Wiener Philharmoniker sous la direction de Riccardo Muti pour le trentième anniversaire de la mort d’Herbert von Karajan au festival de Salzbourg 2019.

Salzbourg 2019 (4) :
Un hommage erratique

© Marco Borelli

Succès d’estime et applaudissements à peine polis accueillent le Requiem de Verdi du Philharmonique de Vienne sous la direction de Riccardo Muti, programmé à Salzbourg pour célébrer la mémoire d’Herbert von Karajan, disparu il y a trente ans. Fidèle à sa tradition erratique, le chef napolitain abuse du rubato et du ralenti-pancarte.
 

GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
Le 17/08/2019
Yannick MILLON
 



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  • Le 16 juillet 1989, Herbert von Karajan, nĂ© 81 ans plus tĂ´t dans la ville de Mozart, sur la rive droite de la Salzach, succombait Ă  une crise cardiaque, dans sa propriĂ©tĂ© isolĂ©e au sud de Salzbourg, douze jours avant la première du Bal masquĂ© de Verdi qu’il Ă©tait en train de rĂ©pĂ©ter. Celui qui repose dans une tombe toute simple du petit cimetière d’Anif fut la plus grande lĂ©gende de la direction d’orchestre de la seconde moitiĂ© du siècle dernier, vĂ©ritable dieu vivant dont l’ombre tutĂ©laire plane encore sur le festival, oĂą il rĂ©gna en autocrate de 1956 Ă  1988.

    Trois décennies plus tard, l’hommage est réduit à l’un des cinq programmes symphoniques estivaux du Philharmonique de Vienne, sous la baguette de celui qui s’est longtemps rêvé comme son successeur in loco, au point d’acquérir une maison dans les environs. Requiem de Verdi donc, l’une des partitions fétiches de l’ancien Generalmusikdirektor, donné trois fois, avec une quarantaine de fauteuils surnuméraires sur chaque côté de la scène du Großes Festspielhaus.

    Si Karajan avait cultivé le beau son imperturbable dans la Messa da Requiem, moins mystique qu’un Giulini ou un De Sabata, moins torrentiel qu’un Toscanini mais d’une concentration absolue, Muti, déjà programmé à Salzbourg en 1989 (Berliner), 2002, 2011 et 2013, ne cherche en rien à y gommer les influences opératiques, et l’on surprendra quelques effluves du Nil d’Aïda au milieu du Lacrymosa, ce qui ne grandit sans doute pas la sacralité de l’ouvrage, dont le meilleur moment est ce matin le Sanctus, abordé avec finesse, sans histrionisme, quoique la coda traîne un peu les pieds.

    Car sur la longueur, l’architecture souffre d’incessants changements de tempo et de ralentis appuyĂ©s bien davantage que ne le demande la partition. On connaĂ®t la rĂ©ponse du compositeur au jeune Toscanini qui imaginait un lĂ©ger ralenti Ă  un endroit du Te deum qui n’en comportait pas explicitement : « s’il faut ralentir, c’est Ă  vous de le sentir Â». Muti, lui, abuse du procĂ©dĂ© façon pancarte, sans mĂŞme Ă©voquer le tutta forza au sommet du Libera me, transformĂ© en pâtĂ© de cuivres vulgaire, ou le trĂ©molo brutal coupant la parole Ă  l’aigu de la soprano Ă  la fin de l’a cappella.

    Un Dies irae qui ne trouve sa vraie puissance que la troisième fois, sur les calamitatis, un Agnus dei bâclé, impatient et terre-à-terre n’effleurent jamais la moindre spiritualité, quand un vrai métier de chef lyrique transparaît dans la manière d’accompagner les solistes, moins dans les regards réprobateurs adressés aux trompettes dans la salle à cour pendant un Tuba mirum poussif.

    Le Chœur de l’Opéra de Vienne, à qui l’on a fait la grâce d’installer des chaises, loin du supplice de l’époque Karajan – choristes par cœur, debout pendant une heure quarante, éloignés d’un mètre les uns des autres – compense un quatuor de solistes manquant singulièrement de legato. Anita Rachvelishvili, grande voix qui sait alléger (les teintes sopranisantes du Lux aeterna) domine les débats aux côtés de l’insolente italianità de Francesco Meli, qui devrait quand même surveiller la largeur de son vibrato, tandis qu’Ildar Abrazakov chante toutes voyelles ouvertes, et que les moirures belcantistes de Krassimira Stoyanova ont beaucoup terni (le sib pianissimo n’est même plus tenté). Accueil du public pour le moins réservé.




    GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
    Le 17/08/2019
    Yannick MILLON

    Requiem de Verdi par les Wiener Philharmoniker sous la direction de Riccardo Muti pour le trentième anniversaire de la mort d’Herbert von Karajan au festival de Salzbourg 2019.
    Giuseppe Verdi (1813-1901)
    Messa da Requiem
    Krassimira Stoyanova, soprano
    Anita Rachvelishvili, mezzo-soprano
    Francesco Meli, ténor
    Ildar Abrazakov, basse
    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    préparation : Ernst Raffelsberger
    Wiener Philharmoniker
    direction : Riccardo Muti

     


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