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CRITIQUES DE CONCERTS 24 avril 2024

RĂ©cital du pianiste Daniil Trifonov Ă  la Philharmonie de Paris.

Déconcertante facilité
© Dario Acosta

Avec l’échange de pièces de Schumann par d’autres de Scriabine en plus de l’ajout d’extraits de Borodine, Daniil Trifonov présente un programme presque exclusivement russe pour son récital annuel à la Philharmonie de Paris, à l’exception de l’avant-dernière sonate de Beethoven. Et si la dextérité impressionne, le discours perturbe.
 

Philharmonie, Paris
Le 29/10/2019
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Peu de pianistes dans le monde peuvent aujourd’hui se targuer de remplir sur leur simple nom une Philharmonie de Paris dans laquelle on a mĂŞme ajoutĂ© trois rangs de sièges sur la scène, pour un programme pourtant principalement constituĂ© d’œuvres russes exigeantes, Ă  l’exception – prochain jubilĂ© oblige – d’une sonate de Beethoven.

    Alors qu’il n’a que 28 ans, Daniil Trifonov fait partie de cette poignée, et l’on sait pourquoi dès qu’il aborde l’Étude op. 2 n° 1 de Scriabine, portée avec une déconcertante agilité, qui lui permet de choisir exactement comment il veut influencer n’importe quelle mesure. Les Huit Études op. 42 glissent avec la même facilité, d’une dextérité à toute épreuve, dans un flot continu d’arpèges et de ruptures.

    Pour autant, il y a eu entre les deux pièces, toutes enchaĂ®nĂ©es sans pause jusqu’à l’Étude op. 8 n° 12, Deux Poèmes op. 32 pour lesquels le souvenir du rĂ©cital parisien de Boris Berezovsky au Théâtre des Champs-ÉlysĂ©es en juillet dernier Ă©voque plus de dĂ©licatesse, dĂ©jĂ  succĂ©dĂ© de la Sonate n° 9 op. 68, dite « Messe noire Â», Ă©galement prĂ©vue par Trifonov, après un court aller-retour en coulisse.

    Sous les doigts du jeune homme, les accords froids de cet partition atonale ne glacent pas, ni dans l’introduction Moderato quasi andante, ni dans le da capo final, Tempo primo. Plus perturbant encore, alors qu’un auditeur un peu pressé applaudit immédiatement après la dernière note, il se fait vertement tancer par le public, car Trifonov a directement enchaîné… avec la Sonate n° 31 op. 110 de Beethoven.

    Cette fois, la comparaison avec les artistes passés et présents est évidente, et si la dextérité touche toujours autant, le message peine à apparaître. Le Moderato cantabile molto espressivo procure bien sûr d’impressionnants moments, notamment dans cette main droite totalement libre alors que la gauche joue impeccablement, mais on distingue difficilement vers quoi cherche à tendre le discours.

    L’Allegro molto suit le mouvement jusqu’à un Adagio en forme de marche funèbre aussi bien géré mais aussi peu puissant que la Messe noire précédente, même si le pianiste tente avec force pulsations sur la pédale de créer un vibrato pourtant impossible au piano. Puis la Fugue démontre par la qualité de son exposition tout ce qu’elle doit à Bach, en même temps qu’elle perturbe elle aussi beaucoup par sa mise en place.

    Au retour d’entracte, trois pétillants extraits de la Petite Suite de Borodine s’accolent sans silence à la dernière sonate de guerre de Prokofiev. Là encore, les mêmes impressions surgissent, d’un jeu sans enjeu, car sans doute trop facile, mais aussi trop peu concerné par la thématique de l’ouvrage. Évidemment, le public reste facilement conquis, bien que quelques-uns se soient échappés à l’entracte une fois Beethoven passé, et d’autres pendant la dernière œuvre, ardue autant que longue.

    Ils auront alors raté deux bis Rachmaninov, tous deux arrangés par Trifonov lui-même : d’abord une Vocalise déjà entendue plus romantique dans d’autres arrangements, puis un extrait des Cloches, chacun entrecoupé et suivi d’amples applaudissements.




    Philharmonie, Paris
    Le 29/10/2019
    Vincent GUILLEMIN

    RĂ©cital du pianiste Daniil Trifonov Ă  la Philharmonie de Paris.
    Alexandre Scriabine (1871-1915)
    Étude op. 2 n° 1
    Deux Poèmes op. 32
    Huit Études op. 42
    Poème tragique op. 34
    Étude op. 8 n° 12
    Sonate n° 9 op. 68 « Messe noire Â»
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Sonate n° 31 en lab majeur op. 110
    Alexandre Borodine (1833-1887)
    Petite Suite :
    n°1 (Au couvent)
    n°2 (Intermezzo)
    n°6 (Sérénade)
    SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
    Sonate n° 8 en sib majeur op. 84
    Daniil Trifonov, piano

     


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