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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Entrée au répertoire de l’Opéra de Paris du Prince Igor de Borodine dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Philippe Jordan.

Demi-fresque
© Agathe Poupeney

Pour son entrée au répertoire de Bastille, Le Prince Igor de Borodine bénéficie d’une excellente équipe musicale, soudée par la direction tantôt apollinienne tantôt dionysiaque de Philippe Jordan, tandis que la mise en scène de Barrie Kosky peine à habiter les longueurs de l’ouvrage, avec une direction d’acteurs alternant surexcitation et moments en jachère.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 01/12/2019
Yannick MILLON
 



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  • PrĂ©sentĂ© pour la dernière fois en 1969 Ă  Garnier, dans une production importĂ©e du BolchoĂŻ, le colossal Prince Igor de Borodine fait enfin sa vĂ©ritable entrĂ©e au rĂ©pertoire de l’OpĂ©ra Bastille. Cette fresque Ă©pique nĂ©cessitant un souffle dramatique immense trouve insuffisamment de matière dans la mise en scène de Barrie Kosky, transposĂ©e dans l’oligarchie russe contemporaine sans parvenir Ă  habiter chaque Ă©pisode de cette histoire au long cours.

    Après un prologue où Igor trône sous les magnifiques dorures d’un clocher orthodoxe, pris de stigmates en lieu et place de l’éclipse vue comme un funeste présage, une débauche de testostérone transpire de combattants à kalachnikov en treillis au bord d’une piscine devant laquelle un porcelet rôtit à la broche. La direction d’acteurs, surexcitée comme dans certaines productions d’Olivier Py, finit par lasser, d’autant qu’une fois l’action du tableau suivant installée dans une salle de torture souterraine, on ne frémira que face à un Khan Kontchak dont les actions sadiques forment un vigoureux démenti aux déclarations magnanimes du personnage.

    C’est aussi le moment où le metteur en scène semble caler définitivement sur la succession d’arias de l’acte en question, pour ne jamais se relancer dans le tableau final décrivant l’exil sur un tronçon autoroutier, avec un Ovlour transformé en Yurodivi. Beaucoup de fourmis dans les jambes, donc, que l’on dégourdira en se concentrant sur la musique, où Philippe Jordan, qui privilégie une battue hédoniste, sait sortir de ses gonds dans les Danses polovtsiennes, aux cuivres et percussions déchaînés face à un chœur en splendeur, tandis que s’agitent sur scène des squelettes qu’on jurerait trempés dans des Smarties.

    Le directeur musical de l’Opéra peine pourtant lui aussi à habiter la structure particulière de la première partie du II, qui s’étiole dans son catalogue d’airs freinant l’action. L’ouvrage, presque aussi problématique que Boris Godounov ou Les Contes d’Hoffmann (Borodine étant décédé en cours de composition), exige des choix éditoriaux tranchés. L’équipe de Bastille a choisi d’abandonner le troisième acte (presque intégralement d’une main étrangère), d’y prélever le grand air d’Igor pour l’intégrer à l’acte suivant, et d’exécuter l’ouverture entre les deux derniers tableaux, idée qui resserre difficilement la trame dramatique.

    Par-dessus le festival de couleurs tantôt russes tantôt exotiques s’évaporant de la fosse, la distribution est de beau calibre. Encore jeune, d’une autorité naturelle imposant son rang avec un matériau pourtant en rien démesuré, Ildar Abrazakov domine sa cour, d’autant que son traître de beau-frère, le Galitski de Dmitry Ulyanov, offre un portrait croustillant de beauf veule et décérébré. Les deux mercenaires trompettent à qui mieux mieux, particulièrement l’Ierochka du génial Andrei Popov.

    Chez les Polovtsiens, Dimitry Ivashchenko impose une certaine noirceur au Khan Kontchak, mais on reste surtout impressionné par les graves abyssaux, dignes d’un médium de ténor dramatique, de la Kontchakovna d’Anita Rachvelishvili, plus mâle que son impossible amour ennemi, le Vladimir rayonnant de Pavel Černoch, dont seul l’aigu paraît légèrement contraint. Solide équipe que complète la Iaroslavna musicale et au troisième registre bien dardé d’Elena Stikhina.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 01/12/2019
    Yannick MILLON

    Entrée au répertoire de l’Opéra de Paris du Prince Igor de Borodine dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Philippe Jordan.
    Alexandre Borodine (1833-1887)
    Knyaz Igor, opéra en quatre parties (1890)
    Livret du compositeur d’après Vladimir Stassov

    Version originale de 1890, orchestration du second monologue d’Igor par Pavel Smelkov

    Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Philippe Jordan
    mise en scène : Barrie Kosky
    décors : Rufus Didwiszus
    costumes : Klaus Bruns
    Ă©clairages : Franck Evin
    chorégraphie : Otto Pichler
    préparation des chœurs : José Luis Basso

    Avec :
    Ildar Abrazakov (Igor), Elena Stikhina (Iaroslavna), Pavel ÄŚernoch (Vladimir), Dmitry Ulyanov (Prince Galtiski), Dmitry Ivashchenko (Kontchak), Anita Rachvelishvili (Kontchakovna), Adam Palka (Skoula), Andrei Popov (Ierochka), Vasily Efimov (Ovlour), Marina Haler (La Nourrice), Irina Kopylova (Une jeune polovtsienne).

     


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