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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concerts des Quatuor Béla, Arditti, et de l’ensemble Sonneurs à la Cité de la musique, Paris.
Biennale Quatuors 2020 (2) :
Les Modernes
En plus du Quatuor Béla, les Sonneurs s’invitent pour emplir de ses instruments bretons le Studio de la Philharmonie, d’abord seuls dans les œuvres de Yoshihide et Mitterer, puis accompagné pour une pièce de Frédéric Aurier. Trois jours plus tard, le Quatuor Arditti affiche deux créations mondiales et une française à son concert.
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La 9e Biennale de Paris est d’abord dédiée à Beethoven, dont elle propose l’intégrale des quatuors à cordes, mais elle n’en oublie pas pour autant le répertoire contemporain. C’est donc avec Ligeti, malheureusement seulement pour le dernier mouvement du chef-d’œuvre qu’est le Deuxième Quatuor, qu’ouvre le programme des Béla le samedi.
On perd alors les quatre premiers mouvements, et surtout le troisième, le génial I>Come un meccanismo di precisione, au profit du Quartetto serioso de Beethoven, mal intégré au répertoire du jour. Walk on by sonneurs précède et laisse entrer un groupe composé de cornemuses, trélombarde, bombarde et biniou, d’un volume sonore terrible pour nombre d’auditeurs du Studio de la Philharmonie.
L’œuvre est assistée par électronique, notamment pour reproduire des notes percussives de piano, tandis que les quatre sonneurs, conduits par Erwan Keravec, entrent en marchant et commencent à souffler dans leurs instruments bretons pour en faire seulement entendre l’air. Ils développent ensuite des sons secs, jusqu’à finalement saturer l’espace sonore.
En regard, l’Antienne pour les jours de fièvre de Frédéric Aurier, compositeur et également premier violon du Quatuor Béla, paraît presque mélodique, bien qu’elle s’affirme dès les glissandi initiaux aux cordes comme purement atonale. Run de Mitterer, créée à Quimper par Sonneurs, revient à une assistance électronique, faite de craquements ou de voix, pour accompagner un son puissant, pour certains insoutenable, de la part de quatre artistes d’une maîtrise pourtant irréprochable.
Trois jours plus tard, le Quatuor Arditti ouvre la soirée à l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique avec une œuvre de 2013 de Clara Maïda, donnée pour l’occasion en création française devant la compositrice. L’idée énoncée dans le titre, …, das spinnt…, (littéralement, …qui tisse…) tient à un réseau qui se développe, ici grâce à la parfaite précision des interprètes, pour un style de composition personnel, bien que dans la continuité de celui de Ligeti.
Les Arditti s’attèlent ensuite à une création d’un jeune compositeur de 35 ans, Christian Mason, This present moment used to be the unimaginable future… qui recourt aux techniques du courant spectral, par les variations autour des notes mib et do. L’ouvrage débute avec deux musiciens seulement en scène, pour s’achever par le départ de tout le quatuor, qui nous quitte en jouant de manière cyclique et jusqu’à l’imperceptible les notes pendant plusieurs minutes de la coulisse.
En conclusion de programme, une création de Betsy Jolas, 94 ans et également présente au concert, revient près d’un demi-siècle après B for sonata pour revisiter, toujours avec la personnalité musicale identifiable de l’artiste et son utilisation libre de la série, à l’évocation d’un voyage à Bali réalisé en présence de Xenakis et Takemitsu.
En guise de gamelan, pour ce Quatuor VIII nommé Topeng, en rapport au théâtre balinais et en évocation du souvenir rêveur d’un homme et ses différents masques, croisés au détour d’une rue lors du voyage, le violoncelle fait claquer ses cordes, tandis qu’Irvine Arditti porte toujours avec une superbe exactitude la partie principale de la pièce.
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Cité de la Musique, Paris Le 14/01/2020 Vincent GUILLEMIN |
| Concerts des Quatuor Béla, Arditti, et de l’ensemble Sonneurs à la Cité de la musique, Paris. | 11/01/2020
György Ligeti (1923-2006)
Quatuor à cordes n° 2 (Allegro con delicatezza)
ĹŚtomo Yoshihide (*1959)
Walk on by sonneurs
Création mondiale
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Quatuor à cordes n° 11 en fa mineur op. 95 « Serioso »
Frédéric Aurier (*1979)
Antienne pour les jours de fièvre
Wolfgang Mitterer (*1958)
Run
Quatuor BĂ©la
Frédéric Aurier, violon I
Julien Dieudegard, violon II
Julian Boutin, alto
Luc Dedreuil, violoncelle
Sonneurs – Erwan Keravec
Erwan Keravec, cornemuses
Guénolé Keravec, trélombarde
Erwan Hamon, bombarde
Mickaël Cozien, biniou
14/01/2020
Clara MaĂŻda (*1963)
…, das spinnt…
Christian Mason (*1984)
This present moment used to be the unimaginable future…
Betsy Jolas (*1926)
Quatuor VIII à cordes « Topeng »
Quatuor Arditti
Irvine Arditti, violon I
Ashot Sarkissjan, violon II
Ralf Ehlers, alto
Lucas Fels, violoncelle | |
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