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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Concert de reprise de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Kent Nagano à l’Auditorium de Radio France, Paris.

Des ténèbres à la lumière
© Christophe Abramowitz

Passé le temps du confinement et une interruption de presque trois mois, Radio France organise le cycle Le Temps retrouvé, ouvert avec un premier concert enregistré, sans public, de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, construit par Kent Nagano autour des notions de recommencement, de réflexion et de lumières après les ténèbres.
 

Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
Le 06/06/2020
Vincent GUILLEMIN
 



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    Il n’en fallait pas moins à Radio France pour éclairer à nouveau son Auditorium, après trois mois d’obscurité, avec un premier concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, sans son directeur musical, mais avec Kent Nagano, une semaine avant l’Orchestre National de France et son ancien directeur musical, Daniele Gatti, le dernier venant de faire faux bond à la formation.

    Le chef américain, confiné en famille à Paris, annonce le recommencement dès l’ouverture de son programme, par la Fanfare for Saint Edmundsbury de Britten, jouée en arrière-scène par trois trompettistes impeccablement préparés. Puis la scène brille et la cloche débute le Cantus in memoriam Benjamin Britten, composé par Arvo Pärt après neuf années d’interruption, et l’évidence qu’il ne rencontrera plus jamais ce compositeur qu’il n’aura jamais osé solliciter de son vivant. Le temps a passé ; il est perdu.

    Les cordes du Philharmonique montrent ici une belle chaleur, bien maintenue par la battue évidemment sans le moindre doute de Nagano, pour cette pièce moderne peu complexe. De Pärt encore est proposé Spiegel im Spiegel, mise en abyme de la même période de composition de l’artiste, portée par le premier violon au vibrato soigné de Ji Yoon Park, accompagné par le piano précis de Catherine Cournot.

    Entre les deux œuvres estoniennes, Nagano invite au confinement par le biais du sextuor du Capriccio de Richard Strauss. Histoire sur l’art, autour d’une question sur la primauté des paroles sur la musique, à mettre en regard avec l’œuvre de Proust, mais surtout avec notre monde actuel. La pièce permet à six instrumentistes de l’orchestre de se réchauffer ensemble, au fond du plateau de l’Auditorium, à bonne distanciation sociale de leurs collègues.

    Puis, comme le concert ne dure qu’une heure, sans applaudissement puisqu’il n’y a dans la salle qu’une poignée de journalistes et une autre de membres de la direction de Radio France, Nagano s’attèle après seulement trente minutes à la dernière œuvre du programme. Metamorphosen, ultime partition de Richard Strauss avec les Quatre derniers Lieder, tente de redonner la vie après une longue période de ténèbres.

    À l’époque la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui un virus et une crise sanitaire qui prépare à une longue crise économique, avec un risque très important pour la musique. Nagano y agence ses vingt-trois cordes dans un geste souple et naturel, sans excès de pathos, moins encore que dans son enregistrement munichois de 2012, mais en prenant le temps de retrouver la réflexion et un caractère nostalgique, ceux d’un monde qui s’est interrompu et doit maintenant se reconstruire.




    Concert Ă  voir et entendre ici.




    Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
    Le 06/06/2020
    Vincent GUILLEMIN

    Concert de reprise de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Kent Nagano à l’Auditorium de Radio France, Paris.
    Benjamin Britten (1913-1976)
    Fanfare for Saint Edmundsbury
    Gilles Mercier, Jean-Pierre Odasso, Javier Rossetto, trompettes
    Arvo Pärt (*1935)
    Cantus in memoriam Benjamin Britten
    Spiegel im Spiegel
    Ji Yoon Park, violon
    Catherine Cournot, piano
    Richard Strauss (1864-1949)
    Capriccio (Sextuor)
    Metamorphosen
    Orchestre Philharmonique de Radio France
    direction : Kent Nagano

     


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