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CRITIQUES DE CONCERTS 24 avril 2024

Nouvelle production de Così fan tutte de Mozart dans une mise en scène de Christoph Loy et sous la direction de Joana Mallwitz au festival de Salzbourg 2020.

Salzbourg 2020 (2) :
Oser la prudence

© Monika Rittershaus

Sobriété inattendue dans ce Così fan tutte commandé en urgence à Christoph Loy et Joana Mallwitz afin de renflouer le paquebot Salzbourg dans la tempête pandémique. Belle distribution, direction engagée, mise en scène prudente et en retrait derrière l’œuvre, pour, comme on préférera, une réussite consensuelle ou un consensus réussi.
 

GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
Le 12/08/2020
Thomas COUBRONNE
 



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  • Voici donc ce Così fan tutte tirĂ© du chapeau, montĂ© (coupures et rĂ©pĂ©titions) en urgence, dans un strict noir et blanc Ă  l’exception des dĂ©guisements albanais et d’un platane entraperçu. HumilitĂ© ou dĂ©mission, chacun jugera. De la part d’un Christoph Loy que l’on a connu radical, cela peut surprendre, et l’on ose imaginer qu’une certaine prudence pèse sur cet Ă©tĂ© singulier, avec en lyrique prĂ©sence des fondamentaux historiques du festival centenaire, Mozart et Richard Strauss – ainsi qu’une nĂ©cessaire cĂ©lĂ©bration, Ă  travers un lieto fine assumĂ©, des jours meilleurs Ă  venir.

    La démarche de laisser toute la place à l’œuvre, en limitant les effets de scène et en centrant l’attention sur les personnages, ne froissera personne, même si l’éclairage pourra sembler bien neutre. Tout repose sur la fluidité de l’adaptation – absolument convaincante, et dont le détail des coupes (absence d’entracte imposée par les circonstances) figure dans le programme de salle – et sur les interprètes, sans oublier bien sûr le travail orchestral, ce soir particulièrement sophistiqué en ce qui concerne l’agogique.

    Mais Joana Mallwitz a beau creuser la matière, stratifiée, bois pulpeux, cordes enchanteresses, et surtout faire feu de tout ce qui danse, avec un soin rythmique pas toujours suivi par des Wiener Philharmoniker facétieux, et virant parfois à l’obsession (dès l’ouverture, captivante mais jamais évidente), elle ne parvient pas à s’affranchir de la distance acoustique que le vaste Großes Festspielhaus impose à cet opéra intime ; on souffrira toute la soirée d’une impression compacte, tantôt de voix à la lutte avec un orchestre dirigé comme au studio, tantôt de silences ou de vrais pianos manquant de présence, de naturel.

    Dans la sobriété de ce cadre maîtrisé mais non dénué d’humour, la Despina d’une Lea Desandre particulièrement peste et le Don Alfonso très mezzo carattere de Johannes Martin Kränzle, en larmes pendant Un’aura amorosa, l’une plus cynique, l’autre plus mélancolique, tous deux très sollicités par les transitions de l’adaptation, invitent à envisager la complexité d’une histoire beaucoup moins manichéenne qu’il n’y paraît.

    Si la question du consentement saute aux yeux dans cette approche qui, sans enfoncer le clou, laisse pourtant voir crûment une attitude globale des hommes envers les femmes aujourd’hui flagrante, le metteur en scène se met cependant en retrait, sans juger ni les garçons ni les filles, cherchant plutôt dans l’expérience initiatique un équilibre entre culture et nature, entre la face sombre des personnages et la joie de vivre dans un monde ambigu.

    La pure beauté musicale est défendue ici avec ferveur (les voix françaises sont à l’honneur !) par une Elsa Dreisig adamantine et sincère, Fiordiligi toute de fraîcheur et d’innocence, même si les graves du rôle ne sont pas sa meilleure zone, et que, poitrinant haut, elle accuse quelques aigus fébriles. Contrepoint parfait, sa sœur Dorabella bénéficie de la matière poivrée, mordorée d’une Marianne Crebassa aussi piquante que sensuelle, d’une irrésistible ingénuité. Les deux amoureux sont un cran en dessous, Ferrando lyrique de Bogdan Volkov mais en mal de personnalité, Guglielmo guère mozartien d’Andrè Schuen, dans l’épaisseur de son émission.

    S’il ne nous appartient pas de valider les options de cette nouvelle production, assurément réussie, assurément modeste, et sans jouer les esprits chagrins, nous oserons demander, sans avoir la réponse, et sans tomber dans un élitisme de principe : est-ce assez pour Salzbourg ?




    GroĂźes Festspielhaus, Salzburg
    Le 12/08/2020
    Thomas COUBRONNE

    Nouvelle production de Così fan tutte de Mozart dans une mise en scène de Christoph Loy et sous la direction de Joana Mallwitz au festival de Salzbourg 2020.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Così fan tutte, dramma giocoso en deux actes (1790)
    Livret de Lorenzo Da Ponte

    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    Wiener Philharmoniker
    direction : Joanna Mallwitz
    mise en scène : Christoph Loy
    décors : Johannes Leiacker
    costumes : Barbara Drosihn
    Ă©clairages : Olaf Winter
    préparation des chœurs : Huw Rhys James

    Avec :
    Elsa Dreisig (Fiordiligi), Marianne Crebassa (Dorabella), Andrè Schuen (Guglielmo), Bogdan Volkov (Ferrando), Lea Desandre (Despina), Johannes Martin Kränzle (Don Alfonso).

     


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