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CRITIQUES DE CONCERTS |
08 octobre 2024 |
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Nouvelle production de Boris Godounov de Moussorgski dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction musicale de Kirill Karabits à l’Opéra de Zurich.
Covid Godounov
Admirable prouesse technique que de donner un opéra avec des chanteurs sur scène mais un orchestre et un chœur à 1 km de là reliés par fibre optique. Michael Volle fait une prise de rôle sensationnelle, porté par la direction intense de Kiril Karabits. Seul Barrie Kosky déçoit par un mélange de redondance et de manque d’inspiration.
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Retrouver une salle d’opéra après six mois d’absence est déjà en soi une excellente nouvelle. En revanche, découvrir une fosse d’orchestre vide de ses musiciens et parsemée d’enceintes inquiète jusqu’à la projection d’une vidéo expliquant que l’orchestre et le chœur se trouvent à 1 km de là avec liaison par fibre optique pour la projection du son en direct. Les chanteurs quant à eux sont bien sur scène et chantent normalement.
On admire la prouesse technique et la bonne qualité du son sortant de la fosse ainsi que la parfaite balance au point que, pour les scènes intimes, cela fonctionne parfaitement. Par contre, pour les nombreuses scènes avec chœur, le principe pèche. Le tableau de Kromy en est gravement affecté mais pourtant, la fin du couronnement procure un frisson immense.
Il faut dire que l’engagement des musiciens est total et force le respect. Le Philharmonia Zürich et le Chœur de l’Opernhaus, majestueusement conduits par Kiril Karabits, sont admirables. Le chef ukrainien adopte un geste large, magnifiant l’orchestration originale de Moussorgski, instillant des silences intenses et un climat mystérieux qui captent indéniablement l’oreille. Si l'on apprécie d’entendre enfin une production de Boris avec l’acte polonais, on est plus dubitatif sur le curieux mélange des deux versions de l’ouvrage ainsi que sur des coupures malheureuses (dans l’acte polonais justement).
Michael Volle, qui chante son premier Boris, se montre impressionnant. La tessiture du rôle lui convient parfaitement et le chanteur arrive à offrir une ligne vocale d’une constante qualité tout en étant extrêmement engagé scéniquement. La variété des couleurs, la palette de nuances et d’intentions dont il parsème sa prestation en font déjà un rôle-titre magistral.
Le reste de la distribution, sans démériter, n’atteint pas le même sommet. Si les seconds rôles sont parfaitement tenus (Chelkalov de Konstantin Shushakov, Officier de Valery Murga, Aubergiste de Katia Ledoux ou enfants de Boris avec en Fiodor l’étonnant garçon du Tölzer Knabenchor - Cajetan Dessloch), on retiendra surtout la très belle et sobre Marina d’Oksana Volkova, le Dmitri d’Edgaras Montvidas bien plus à son aise ici que dans le répertoire italien, le superbe Rangoni d’un Johannes Martin Kränzle aussi excellent chanteur que parfait acteur. Brindley Sherratt chante un Pimène extraverti et très lyrique (ce qui est un peu dérangeant pour un rôle de « sage ») tandis que John Daszak est assez transparent en Chouisky, rôle qui ne semble guère avoir inspiré Barrie Kosky.
Il faut dire que le metteur en scène a dû s’adapter aux conditions sanitaires qui obligent une certaine distance entre les chanteurs et surtout l’absence de chœurs sur le plateau. Pour compenser, l’Innocent est omniprésent (au point de prononcer les mots de Dmitri dans la scène de Kromy). Le décor de hautes bibliothèques bougeant à chaque changement de scène de manière redondante n’est pas toujours bien adapté aux situations des premiers tableaux. L’acte polonais est plus réussi avec son absence totale de romantisme tandis que les derniers tableaux voient une immense cloche se baisser et se lever à l’envi, ce qui là aussi devient redondant.
Quelques images baroques suscitent l’étonnement mais l’idée de rendre fous pratiquement tous les personnages n’est guère convaincante. Demeure une direction d’acteurs par moments très affutée, donnant à quelques scènes-clé une intensité que l’on aurait souhaitée tout du long.
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Opernhaus, ZĂĽrich Le 26/09/2020 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production de Boris Godounov de Moussorgski dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction musicale de Kirill Karabits à l’Opéra de Zurich. | Modest Moussorgski (1839-1881)
Boris Godounov, opéra en un prologue et quatre actes (1869-1872)
Livret du compositeur d’après la tragédie éponyme de Pouchkine et Histoire de la Russie de Karamzine.
Chœurs de l’Opéra de Zurich
Philharmonia ZĂĽrich
direction : Kirill Karabits
mise en scène : Barrie Kosky
décors : Rufus Diwiszus
costumes : Klaus Bruns
Ă©clairages : Franck Evin
préparation des chœurs : Ernst Raffelsberger
régie son en live : Oleg Surgutschow
Avec :
Michael Volle (Boris), Oksana Volkova (Marina), Edgaras Montvidas (Dmitri), Johannes Martin Kränzle (Rangoni), Brindley Sherratt (Pimène), Alexei Botnarcicu (Varlaam), Iain Milne (Missaïl), Katia Ledoux (l’Aubergiste), Lina Dambrauskaité (Xenia), Cajetan Dessloch (Fiodor), Konstantin Shushakov (Chelkalov), Irène Friedli (la Nounou), Valery Murga (l’Officier). | |
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