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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Nouvelle production de Saint François d’Assise d’Olivier de Messiaen dans une mise en scène de Benedikt von Peter et sous la direction musicale de Clemens Heil à l’Opéra de Bâle.

Saint François SDF

Louable initiative pour une petite salle de monter une œuvre aussi gigantesque que le Saint François de Messiaen. Si cela se fait au prix de coupures importantes et d’une réduction d’orchestre (fort habile), la partie musicale manque de souffle tandis que la mise en scène passe l’ouvrage à la moulinette du Regietheater le plus atroce.
 

Theater, Basel
Le 18/10/2020
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



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  • Après l’annulation de la production genevoise en juin, c’est au Theater Basel d’assurer la crĂ©ation suisse du gigantesque ouvrage d’Olivier Messiaen. La salle bâloise Ă©tant petite, une rĂ©duction d’orchestre a Ă©tĂ© commandĂ©e Ă  Oscar Strasnoy. Sur le papier, l’idĂ©e peut paraĂ®tre incongrue. Pourtant, force est de reconnaĂ®tre que cet arrangement conserve l’aspect chatoyant et très colorĂ© de la partition, les effets de masse et le grandiose en moins cependant, ce qui n’est pas sans crĂ©er certaines dĂ©convenues (stigmates, scène finale).

    Cela est également dû à la baguette de Clemens Heil, aussi précise que sage. Le chef semble se préoccuper uniquement de mise en place ; mais de vision, point. Pas de souffle, pas de transcendance, pas d’émotion, ou si peu. Tant la fin des stigmates, avec son chœur sublime, que l’accord final qui doit faire décoller le public de son siège restent désespérément plats.

    Beaucoup de poids repose donc sur les épaules des chanteurs pour soutenir l’intérêt. La distribution est efficace. Nathan Berg en impose par sa stature et sa présence vocale. Tout au plus est-on en droit de se demander si le rôle-titre convient à une voix aussi riche, presque granuleuse par moments. On est en manque ici ou là de douceur, de vraie innocence, d’une apesanteur que la voix large et le timbre plein ne peuvent offrir.

    Les frères de François sont tous très bons, notamment le Lépreux de Rolf Romei, bien que leurs parties soient singulièrement coupées (la partition souffre en effet d’une amputation de presque 1h). Mais c’est surtout l’Ange de l’islandaise Alfheiour Erla Guomundsdottir qui renverse par la beauté de la voix, la maîtrise du souffle et du legato lui permettant d’offrir (enfin) un sentiment de temps suspendu sinon d’éternité.

    Le chœur, tout à fait remarquable, est hélas relégué dans les coulisses en permanence alors que des gradins placés en fond de scène auraient d’une part permis de mieux entendre une superbe formation, d’avoir un véritable impact sonore dans les moments-clés mais aussi d’échapper à l’horrible décor choisi pour camper ces scènes franciscaines.

    Car la mise en scène (du nouveau directeur de la maison) cherche par tous les moyens à échapper au contexte sacré de l’ouvrage. L’action se déroule ainsi dans une zone urbaine abandonnée avec un magasin « Carrefour » en ruines en fond de scène (dont l’enseigne se met parfois à clignoter...) et des pylônes de lignes THT débordant largement de la scène puisque l’un d’eux est campé au milieu du parterre.

    La scène est couverte de détritus et tous les personnages sont des SDF, l’Ange y compris. François, sorte de Don Quichotte par moments touchant, fabrique et parle à des oiseaux en papier. La dimension spirituelle est totalement absente, et l’action parfois incompréhensible, parfois d’une trivialité consternante, plombe un ouvrage qui n’appelle que l’élévation.

    Pire encore (s’il est possible), le metteur en scène n’écoute pas la musique puisqu’il fait gesticuler bruyamment les personnages sur les moments les plus sublimes de la partition – notamment la musique jouée par l’Ange ou ce dernier préparant la popote à grand renfort de bruit pendant les Stigmates.

    François meurt avec la seule compagnie de l’Ange pleurnichant, paniquant puis s’enfuyant dès que le saint a rendu son dernier souffle et s’est effondré dans un amas de poubelles. Autant dire que la joie clamée ensuite par le chœur sur le prodigieux accord final de l’ouvrage est totalement absente. Au secours !




    Theater, Basel
    Le 18/10/2020
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production de Saint François d’Assise d’Olivier de Messiaen dans une mise en scène de Benedikt von Peter et sous la direction musicale de Clemens Heil à l’Opéra de Bâle.
    Olivier Messiaen (1908-1992)
    Saint François d'Assise, scènes franciscaines en trois actes et huit tableaux,
    Livret du compositeur

    Réduction d’orchestre d’Oscar Strasnoy (création)

    Chœur du Theater Basel
    Sinfonieorchester Basel
    direction : Clemens Heil
    mise en scène : Benedikt von Peter
    décor et costumes : Marton Agh
    Ă©clairages : Tamas Banyai
    préparation des chœurs : Michael Clark

    Avec :
    Nathan Berg (François), Alfheiour Erla Guomundsdottir (l’Ange), Rolf Romei (le Lépreux), Jason Cox (Frère Léon), Paul Curievici (Frère Massée), Karl-Heinz Brandt (Frère Elie), Andrew Murphy (Frère Bernard), Paull-Athony Keightley (Frère Sylvestre), Kyu Choi (Frère Rufin).

     


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