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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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Nouvelle production de l'Orfeo de Monteverdi dans une mise en scène de Pauline Bayle et sous la direction de Jordi Savall à l'Opéra Comique, Paris.
La sagesse d'Orphée
Les portes de l'Opéra Comique s'ouvrent en ce début juin sur l'Orfeo de Monteverdi, dirigé par le grand Jordi Savall, qui fêtera prochainement ses 80 ans. Si la modeste mise en scène de Pauline Bayle peut décevoir sur la durée, on se tournera vers un plateau vocal de haute tenue, dominé de la tête et des épaules par Marc Mauillon.
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Avec la Dafne de Jacopo Peri, L'Orfeo de Monteverdi marque les premiers pas du dramma per musica dont le succès et les formes iront en se multipliant. Un heureux hasard fait de cette œuvre le symbole idéal pour célébrer la sortie du tunnel sanitaire après des mois de silence. Basé sur des options scénographiques assez sages et conventionnelles, le travail de Pauline Bayle souligne les atmosphères dramatiques par une palette de teintes expressives et colorées en liaison avec les costumes de Bernadette Villard. Les bergers célèbrent les noces d'Orfeo et d'Euridice en parsemant de roses écarlates le centre d'une prairie aux contours obscurs et abstraits. Le symbole se changera en couronne mortuaire au milieu de laquelle le héros se lamentera au cinquième acte.
Les tenues aux teintes pastel très douces tranchent avec le désespoir et l'angoisse des voiles noires de l'Enfer, parcourues par des ombres et un couple Pluton/Proserpine dont le crâne glabre renvoie à une iconographie de film expressionniste. Peu d'effets et de machines dans cet ensemble à la sobriété élégante – tout au plus y trouvera-t-on la robe nuptiale d'Eurydice tombant des cintres et trônant sur scène à la toute fin, en forme de présence-absence. Quant à l'irruption d'Apollon, elle devra se satisfaire d'un panneau coulissant qui le montre en arrière-scène, magistralement posé sur fond bleu ciel.
La distribution anime la modestie de ces éléments scéniques par la perfection des ensembles et des duos. L'Euridice de Luciana Mancini possède l'éclat naturel que lui refuse pourtant une projection en demi-teinte. La ligne est aérée mais ne se libère jamais vraiment, en comparaison avec l'énergie et la virtuosité de Marc Mauillon dans un rôle-titre qu'il incarne puissamment et dont les contours semblent s'être encore affermis depuis son interprétation à l'Opéra de Dijon en 2016. Le Tu se’ morta, mia vita, ed io respiro ? est admirablement chanté sur le fil d'une émotion difficilement contenue.
Le Charon très sonore et très noir de Salvo Vitale oppose une belle adversité pour une scène aux enfers toute en nuance et affects. Il cède en volume et en éclat dans un couple infernal, dominé par la Proserpine de Marianne Beate Kielland. Saluons également la courte mais remarquable apparition de Sara Mingardo, Messagère touchante et sensible, tandis que l'Apollon trop limité de Furio Zanasi peine à incarner le Dieu à qui l'Olympe attribue le jugement final.
Jordi Savall ne force pas son talent pour rendre les équilibres et les couleurs d'une fosse attentive à ne jamais occuper exagérément les premiers plans mais fournir aux voix une enveloppe instrumentale qui combine la rutilance des cuivres à la souplesse des cordes et des percussions. Le geste net et pudique brosse à fresque le tableau monteverdien, mobile et subtil.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 06/06/2021 David VERDIER |
| Nouvelle production de l'Orfeo de Monteverdi dans une mise en scène de Pauline Bayle et sous la direction de Jordi Savall à l'Opéra Comique, Paris. | Claudio Monteverdi (1567-1643)
L'Orfeo, favola in musica en un prologue et cinq actes (1607)
Livret d'Alessandro Striggio
Capella Reial de Catalunya
Le Concert des Nations
direction : Jordi Savall
mise en scène : Pauline Bayle
décors : Emmanuel Clolus
costumes : Bernadette Villard
éclairages : Pascal Noël
Avec :
Luciana Mancini (La Musica / Euridice), Marc Mauillon (Orfeo), Lise Viricel (Ninfa), Victor Sordo (Pastore I / Spirito II), Gabriel Diaz (Pastore II / Spirito IV), Alessandro Giangrande (Pastore III / Spirito I / Eco), Yannis François (Pastore IV / Spirito III), Sara Mingardo (La Messagiera), Salvo Vitale (Plutone / Caronte), Marianne Beate Kielland (Speranza / Proserpina), Yannick Bosc, Loïc Faquet et Xavier Perez (danseurs). | |
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