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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Karina Canellakis, avec la participation de la soprano Camilla Nylund au Festival de Saint-Denis 2021.
Affinités germaniques ?
Pour la première fois devant le National de France et au Festival de Saint-Denis, la cheffe Karina Canellakis présente un programme tout germanique sans toujours donner l’impression d’accointances particulières avec ce répertoire. Concert magnifié par la soprano Camilla Nylund en milieu de soirée dans les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss.
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Lancée très rapidement sur la scène internationale et apparue à la Philharmonie dès 2018, Karina Canellakis revient en région parisienne cette fois non plus devant l’Orchestre de Paris, mais pour diriger le National de France. Dans le cadre du Festival de Saint-Denis, elle parvient à tirer une intéressante substance de l’acoustique de la basilique des Rois pour la pièce introductive, l’ouverture de Tannhäuser.
Placés à l’arrière, bois et surtout cuivres apparaissent sans qu’on les voie, dans une atmosphère ouatée qui n’est pas sans rappeler certains effets entendus à Bayreuth, où le son est toutefois moins diffus et plus équilibré. Canellakis traite Wagner avec un dynamisme réel bien que toujours très mesuré dans le geste. À l’instar de ses précédents concerts, elle met en avant certaines phrases, notamment dans les voix intermédiaires des cordes, et présente un beau travail sur la matière.
Camilla Nylund la rejoint pour les Vier letzte Lieder. Et si l’orchestre, qui couvre parfois la voix, n’exprime ni beaucoup d’émotion ni particulièrement de pureté dans le chef-d’œuvre straussien, la soprano compense largement. Soutenue par l’acoustique, qui masque tout effet de vibrato, la Finlandaise rentre dans les textes de Hesse en experte, tout juste obligée de s’adapter pour suivre une battue trop peu à l’écoute dans Frühling.
Après un September empli d’intégrité et très juste, Beim Schlafengehen est mieux servi par la direction et superbement porté par le vibrant violon solo de Sarah Nemtanu. Enfin, dès la première phrase d’Im Abenbrot sur le poème de Eichendorff, on retrouve chez l’artiste actuellement favorite de Christian Thielemann une précision et une magnifique tenue de la ligne.
Le temps d’une courte pause, et Canellakis retrouve l’estrade seule pour s’attaquer à l’ultime symphonie de Brahms, la Quatrième. Le National présente les mêmes qualités qu’auparavant, notamment chez les cors, qui à quelques défauts d’attaques près convainquent largement. Particulièrement bien préparées, les cordes graves portent avec chaleur leurs parties, tandis que se démarquent encore souvent certaines phrases d’altos ou certains contrechants de seconds violons très bien exploités.
À l’inverse, on retrouve dans cette approche d’aujourd’hui un son sans tradition, internationalisé tant sur la forme que sur le fond. Difficile de dire alors ce que l’on gagne à entendre l’ONF plutôt qu’une autre formation du même niveau dans cette œuvre, quand les mouvements s’enchaînent avec un respect strict et bien structuré des indications, sans pour autant dévoiler ce que la cheffe voudrait tirer de l’ouvrage. L’Andante moderato reste donc terre à terre quand l’Allegro giocoso peine à déployer de réels penchants joyeux. Trop avare en germanité, le Finale affiche certes de l’énergie, sans pour autant jamais aborder le prisme appassionnato.
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Basilique, Saint-Denis Le 24/06/2021 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre national de France sous la direction de Karina Canellakis, avec la participation de la soprano Camilla Nylund au Festival de Saint-Denis 2021. | Richard Wagner (1813-1883)
Tannhäuser, ouverture
Richard Strauss (1864-1949)
Vier letzte Lieder
Camilla Nylund, soprano
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 4 en mi mineur
Orchestre national de France
direction : Karina Canellakis | |
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