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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Création mondiale d’Innocence de Saariaho dans une mise en scène de Simon Stone et sous la direction de Susanna Mälkki au festival d'Aix-en-Provence 2021.

Aix 2021 (5) :
La maison des morts

© Jean-Louis Fernandez

Immense choc et immense succès pour la création de l'opéra Innocence de Kaija Saariaho, production phare de l’édition 2021 d’Aix qui s'impose d'emblée comme un pur chef-d'œuvre de vocalité, transcendé par la scénographie de Simon Stone et un London Symphony Orchestra dirigé avec ferveur et tension par Susanna Mälkki.
 

Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Le 10/07/2021
David VERDIER
 



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  • Neuf ans après Written on skin, Aix renoue avec une crĂ©ation contemporaine qui remporte un Ă©tourdissant succès. Ă€ l'origine de cette Innocence de Kaija Saariaho, le texte de l'Ă©crivaine Sofi Oksanen, connue sous nos latitudes avec Purge, un roman brutal et sans concession. AdaptĂ© par Aleksi Barrière, ce livret fait entendre neuf langues diffĂ©rentes parmi les treize personnages. Le sujet nous plonge dans les arcanes d'un massacre de masse perpĂ©trĂ© au sein d'une Ă©cole internationale par des Ă©lèves dont on dĂ©couvre progressivement les motivations.

    Le titre attire inévitablement vers une définition en trompe-l'œil : l'innocence est ici une notion aux contours très ambigus. L'intrigue révèlera la culpabilité de cette galerie de personnages, autant coupables que victimes. Le chiffre 13 bibliquement très signifiant est exploité de belle manière par la mise en scène, avec de nombreuses allusions au dernier repas du Christ avec ses apôtres et la question de la fidélité ou son corolaire : la trahison.

    Le décor tournant permet à la dramaturgie de se déployer sur plusieurs niveaux, et plusieurs espaces-temps. L'action opère de fréquents allers-retours entre passé et présent, à la fois pour reconstituer les circonstances qui ont précédé le massacre mais également pour se projeter au-delà et examiner les conséquences. Les personnages sont saisis sous le double aspect de scènes dialoguées et de longues séquences en monologue intérieur, créant ainsi à leur niveau une dimension intérieure qui vient se superposer à la dramaturgie générale.

    Le travail de Simon Stone est ici aux antipodes du systématisme de son Tristan bien univoque, dans un spectacle où l'horreur et l'humanité dialoguent sans cesse. La musique de Kaija Saariaho tisse un écrin musical conçu en étroite relation avec l'identité propre de chacun des personnages. Cette prolixité et cette souplesse étonnante de l'écriture offre à la musique le rôle invisible du narrateur. La montée en tension se fait progressivement, avec un traitement de l'orchestre qui sait ménager les grands plans expressifs et les arrière-fonds où couleurs et détails prolifèrent.

    Peu de failles dans un plateau où les rôles sont sublimés. Sandrine Piau et Tuomas Pursio expriment parfaitement ce basculement entre autorité de façade et fragilité intérieure lorsque la vérité éclate au grand jour, sous l'impulsion de la servante – une Magdalena Kožená magnifique dans l'expression de la déchirure et le bouleversement psychologique. Markus Nykänen et Lilian Faharani forment un jeune couple dont le bonheur se délite avec une tension dans la vocalité qui passe de la douceur à la véhémence, parfait contraste avec l'austérité et le remords du Pasteur de Jukka Rasilainen et l'amertume de la professeure Lucy Shelton, témoin direct du drame.

    Beate Mordal et Camilo Delgado Díaz possèdent la sensibilité d'une ligne vocale attentive au phrasé et au mot récité, combinaison idéale avec les interventions des acteurs Simon Kluth et Julie Hega. Le rôle de Marketa, la jeune fille décédée, est confiée à la très étonnante Vilma Jää, chanteuse folk finlandaise à qui Saariaho a confié une partition sur mesure, d'une intensité et d'une beauté inouïes.

    Susanna Mälkki dirige le London Symphony Orchestra avec l'autorité et la ferveur qui sied aux très grands chefs-d'œuvre. Cette direction offre à la narration et à la dramaturgie un équilibre expressif dont l'absolue netteté et densité irrigue l'œuvre à tous les niveaux.




    Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
    Le 10/07/2021
    David VERDIER

    Création mondiale d’Innocence de Saariaho dans une mise en scène de Simon Stone et sous la direction de Susanna Mälkki au festival d'Aix-en-Provence 2021.
    Kaija Saariaho (*1952)
    Innocence, opéra en cinq actes
    Livret original en finnois de Sofi Oksanen
    Version multilingue du livret d’Aleksi Barrière

    Création mondiale

    Estonian Philharmonic Chamber Choir
    London Symphony Orchestra
    direction : Susanna Mälkki
    mise en scène : Simon Stone
    scénographie : Chloe Lamford
    costumes : Mel Page
    Ă©clairages : James Farncombe
    chorégraphie : Arco Renz
    ingénieur du son : Timo Kurkikangas
    préparation des chœurs : Lodewijk van der Ree

    Avec :
    Magdalena Kožená (Servante), Sandrine Piau (belle-mère), Tuomas Pursio (beau-père), Lilian Farahani (mariée), Markus Nykänen (marié), Jukka Rasilainen (pasteur), Lucy Shelton (enseignante), Vilma Jää (Marketa), Beate Mordal (Lilly), Julie Hega (étudiante), Simon Kluth (étudiant), Camilo Delgado Díaz (étudiant), Marina Dumont (étudiante).

     


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