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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Concert commenté autour de la création Lumières Cendrées d’Alain Louvier, par l’Ensemble Orchestral Contemporain dirigé par Bruno Mantovani au festival Messiaen au pays de la Meije 2021.
La Meije 2021 (3) :
Illuminations multiples
Le lendemain du concert auquel étaient créées trois œuvres des deux compositeurs invités cette année au Festival Messiaen, Bruno Mantovani et l’Ensemble Orchestral Contemporain proposent une autre création, cette fois d’Alain Louvier, présent au Pays de la Meije pour décrire Lumières Cendrées avant que la pièce ne soit interprétée en fin de programme.
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Aux côtés de Philippe Manoury et Michel Fano, invités officiels du Festival Messiaen 2021, Alain Louvier est convié pour un autre programme, dont le but est de dévoiler toutes les subtilités de sa nouvelle création, Lumières Cendrées, avant que celle-ci ne soit interprétée intégralement. Élève d’Olivier Messiaen en 1966, Alain Louvier n’en a pas tant retenu la série pure que le long travail sur le plain-chant effectué en cours avec le maître.
À 75 ans, il livre aujourd’hui une pièce à caractère autobiographique, qui tire sa substance de nombreuses références et éléments annexes, dont certains de Messiaen. Debout à la gauche de Bruno Mantovani, devant l’Ensemble Orchestral Contemporain, le compositeur va décrire la structure d’une partition qu’il a également distribuée à quelques journalistes dans la salle, afin d’en laisser repérer précisément toutes les notions.
Il débute par une explication du titre, Lumières Cendrées ; au singulier, le halot renvoyé par la Terre sur le croissant de la lune ; au pluriel ici, tous les êtres qui ont été lumineux pour le compositeur et ne sont plus que cendre. La première mise en avant est alors le climax de l’ouvrage, une explosion de lumière magnifiquement diffractée par l’ensemble et Mantovani, qu’on ne réentendra d’ailleurs pas du même éclat dans l’interprétation finale. Pour cela, les musiciens alternent entre leurs propres instruments et divers grelots, cloches d’alpages ou gongs.
Parmi les autres effets sublimés nous est proposé un passage de harpe, dont Louvier a voulu qu’elle joue sur une échelle d’intervalles parfaitement égaux, donc l’échelle heptaïque, à 7 tons. Il utilise ensuite également deux autres codes, l’alphabet français retranscrit en quart de ton, donc en 24 lettres, avec Z=S et Y=I, afin d’intégrer des noms propres à l’intérieur de la partition, dont la signature LOUVIER, jouée par la clarinette. Puis il présente un code de dates par groupes de 6 notes, transcrites dans un système à base 12.
Des chants d’oiseaux sont également recherchés, du merle en pur quart de ton à la chouette hulotte reproduite avec une flûte. Et le coucou fait son apparition, car si Louvier débute sa pièce par la première mesure de la Cinquième Symphonie de Beethoven, il cite ensuite la Pastorale, ainsi que Couperin ou les Pins de Rome de Respighi. L’artiste laisse beaucoup d’autres éléments mystérieux, comme cette fin qui peut faire penser à celle de Wozzeck, au clair de lune, mais on l’aura compris, l’œuvre est avant tout un agrégat de multiples illuminations, plutôt bien agencées entre elles, sans pour autant créer une véritable dramaturgie.
Comme la veille, mais cette fois dans la Salle des Fêtes de La Grave, Bruno Mantovani nous fait profiter de son humour bonhomme autant que de sa direction précise et souple devant son excellent Ensemble Orchestral Contemporain, afin de porter au mieux les idées du compositeur présent.
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Salle des fĂŞtes, La Grave Le 29/07/2021 Vincent GUILLEMIN |
| Concert commenté autour de la création Lumières Cendrées d’Alain Louvier, par l’Ensemble Orchestral Contemporain dirigé par Bruno Mantovani au festival Messiaen au pays de la Meije 2021. | Alain Louvier (*1945)
Lumières cendrées
Création mondiale
Ensemble Orchestral Contemporain
direction : Bruno Mantovani | |
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