altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Reprise de Tannhäuser dans la mise en scène de Tobias Kratzer, sous la direction d’Axel Kober au festival de Bayreuth 2021.

Bayreuth 2021 (2) :
En voiture…

© Enrico Nawrath / Bayreuther Festspiele GmbH

Le Tannhäuser de Tobias Kratzer reprend la route de Bayreuth tambour battant, aussi iconoclaste que respectueux, avec une équipe tout entière au service d’une préoccupation, celle qu’aurait peut-être souhaitée Wagner : questionner l’œuvre aujourd’hui. L’humour le dispute au tragique, le ridicule au tout meilleur pathétique. Une réussite totale.
 

Festspielhaus, Bayreuth
Le 05/08/2021
Thomas COUBRONNE
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Verdi sentimental

  • Perfection selon saint Jean

  • Mai 68 pour les nuls

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Wagner aurait eu la première idĂ©e de Tannhäuser lors d’un voyage en calèche ; mais on aurait tort Ă  rĂ©duire le travail de Tobias Kratzer Ă  un road-movie. S’il se focalise sur la question de la crĂ©ation, entre libertĂ© et convention, il n’occulte cependant ni la sexualitĂ©, ni l’amour, ni le salut, ni la culpabilitĂ©, et trouve un Ă©quilibre subtil entre humour et tragique.

    La troupe de libertaires du Venusberg – les interventions filmées de Le Gateau Chocolat retenu par la quarantaine outre-Manche complétées par Kyle Patrick – est ainsi à la fois un refuge pour les marginaux et un espace d’exclusion pour les autres ; Tannhäuser a de vraies raisons d’être partagé entre les liens tissés avec le groupe et son aspiration à la vraie vie, dans laquelle renverser un policier pour voler des hamburgers est une chose grave.

    Le II, clin d’œil loufoque à l’institution Bayreuth où s’infiltrent Vénus et ses comparses, mène très intelligemment à un III minimaliste, déserté par la joie, où une Elisabeth hagarde s’offre à un Wolfram désemparé parce qu’il porte le même déguisement de clown que Heinrich au I, avant de s’ouvrir une ultime fois les veines pendant la Romance à l’étoile, du coup particulièrement déchirante.

    Kratzer préfère les questions aux réponses : qui sait si le salut existe, si l’amour sauve ou détruit, s’il est joyeux ou douloureux, si le chaos est créateur ou vain ? Réunir dans une production de cet opéra précisément, de ce compositeur en particulier, justement sur la scène de ce festival-atelier unique au monde, ces réflexions qui traversent Goethe, Nietzsche, Thomas Mann, sans sacrifier la théâtralité, la légèreté, c’est un vrai coup de génie.

    Les forces musicales ne sont pas en reste. Si la nouvelle Vénus (Ekaterina Gubanova) a plus de rondeur et de sensualité qu’Elena Zhidkova il y a deux ans, elle n’en offre pas moins une insolence jouissive. L’Elisabeth de Lise Davidsen a en revanche le format (et la placidité) d’une Kirsten Flagstad, aussi parfois l’amertume d’une Astrid Varnay, à notre sens pas l’idéal pour le rôle qu’elle construit pourtant admirablement.

    Landgraf déclamé et valeureux de Günther Groissböck (quoique léger pour le rôle), Pâtre radieux de Katharina Konradi, ne boudons pas un Wolfram (Markus Eiche) pour une fois d’une émission directe et ténorisante qui fait mouche dans la romance. Touchant, vulnérable et musical, même dans les scories d’un chant accidenté d’un vibrato massif, Stephen Gould est dès son premier regard triste un brigand au cœur sensible et suscite une empathie idéale.

    Le demi-chœur – le van dans la vidéo a reçu sa certification sans Covid, mais tout le monde n’a pas cette chance – est irréprochable, si ce n’est une relative blancheur des sopranos dans les aigus pianos les plus exposés. Fréquemment poussé par Axel Kober dans les retranchements d’une intonation pure, au grand dam des harpes, tempérament égal oblige, et de textures du coup particulièrement fondues, l’orchestre insuffle des ruptures franches entre un I très enlevé, un II rectiligne et un III expressionniste. Une production éblouissante.




    Festspielhaus, Bayreuth
    Le 05/08/2021
    Thomas COUBRONNE

    Reprise de Tannhäuser dans la mise en scène de Tobias Kratzer, sous la direction d’Axel Kober au festival de Bayreuth 2021.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Tannhäuser, opéra romantique en trois actes (1845)
    Livret du compositeur

    Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
    direction : Axel Kober
    mise en scène : Tobias Kratzer
    décors & costumes : Rainer Sellmaier
    Ă©clairages : Reinhard Traub
    vidéo : Manuel Braun
    préparation des chœurs : Eberhard Friedrich

    Avec :
    Günther Groissböck (Hermann), Stephen Gould (Tannhäuser), Markus Eiche (Wolfram von Eschenbach), Magnus Vigilius (Walther von der Vogelweide), Olafur Sigurdarson (Biterolf), Jorge Rodriguez-Norton (Heinrich der Schreiber), Wilhelm Schwinghammer (Reinmar von Zweter), Lise Davidsen (Elisabeth), Ekaterina Gubanova (Venus), Katharina Konradi (Ein junger Hirt), Cornelia Heil, Ekaterina Gubanova, Laura Margaret Smith, Karolin Zeinert (Vier Edelknabe), Manni Laudenbach (Oskar), Le Gateau Chocolat, Kyle Patrick.

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com