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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 octobre 2024 |
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Troisième Symphonie de Mahler par l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction d’Andris Nelsons au festival de Salzbourg 2021.
Salzbourg 2021 (1) :
Mahler sous chape
Chacun de leur côté, les Wiener Philhamoniker et Andris Nelsons nous avaient habitué à une Troisième de Mahler tellement stratosphérique qu’il est difficile de ne pas ressentir une certaine déception devant ce concert de matinée à Salzbourg où la lenteur du chef et un orchestre engagé mais fatigué épargnent seulement un mouvement lent final de toute beauté.
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Depuis vingt ans, le Philharmonique de Vienne vit une idylle avec la Symphonie n° 3 de Mahler, la plus longue du compositeur, mais aussi de tout le grand répertoire. Le concert viennois de 2001 avec Pierre Boulez a donné le disque modèle que l’on connaît, et dans ce même Großes Festspielhaus, l’interprétation d’Esa-Pekka Salonen fin août 2008, qui marquait les débuts du chef finlandais avec l’orchestre, est restée dans les mémoires. Andris Nelsons, quant à lui, a donné en 2018 à Lucerne avec son Boston Symphony, phénomène ô combien inattendu, l’une des lectures les plus typiquement autrichiennes qu’on ait entendues de l’œuvre.
Les espoirs étaient donc grands d’une rencontre Wiener-Nelsons au sommet. Las, même au plus haut niveau, les musiciens ont des jours meilleurs que d’autres. Relativisons toutefois, car cette exécution, jamais indigne une seule seconde, aura plutôt été victime d’une succession de contre-performances qui en auront amoindri l’impact – et rares sont les chefs qui arrivent à tenir sans tunnels la Troisième au-delà d’1h45 de durée totale. C’est d’ailleurs essentiellement le long premier mouvement, qui forme à lui seul la première partie de l’ouvrage, qui concentre les déceptions, en manque presque constant d’acuité.
Passé un thème de cors à l’unisson qui remplit admirablement l’espace, le tempo très retenu du chef empêche la musique de respirer librement, d’avancer avec la tension nécessaire. Chaque épisode est envisagé comme un gros plan, déconnecté de la grande ligne, et si certaines sonorités prouvent que les Wiener sont bien à la manœuvre, on reste sceptique devant ces percussions sèches, sans résonance, jamais connectées avec le tutti. On ne tiendra en revanche pas rigueur à la fragilité des solos de trombone tant Enzo Turriziani prend des risques au niveau des nuances. Mais une sorte de chape de plomb écrase déjà les trente-cinq minutes du Kräftig.
La surexposition des cordes sur les bois dans le second thème perdure parfois dans le Tempo di Menuetto, dont les phrases amoureuses souffrent autant que les épisodes de cor de postillon du Comodo central d’un rubato asphyxiant. Des écueils moins choquants dans le Lied de Zarathoustra où Violeta Urmana, magnifique port de statue à l’écoute du troisième mouvement, très sobre voire austère, investit la dilatation temporelle du chef avec une longueur de souffle magistrale, et sur un timbre inaltéré.
Alors que le Tölzer Knabenchor n’est qu’à une heure et demie de route, on se contente ce matin de voix d’enfants locales assez ternes, face aux dames impeccables de la Radio bavaroise. Mais comme si les baisses de régime n’avaient servi qu’à mieux le mettre en valeur, le Langsam final ouvre les vannes du cosmique sur un lit de braises, en mémorables accélérations. Cette page sublime entre toutes qui, tirée à part, refermait le concert d’adieu à Abbado à Lucerne en 2014, Nelsons la maîtrise depuis lors dans ses moindres fibres. Et tant pis pour les trompettes en méforme dans la montée à la coda, l’émotion gagne enfin. Il n’était que trop temps.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 08/08/2021 Yannick MILLON |
| Troisième Symphonie de Mahler par l’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction d’Andris Nelsons au festival de Salzbourg 2021. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 3 en ré mineur
Violeta Urmana, alto
Salzburger Festspiele und Theater Kinderchor
Chor der Bayerischen Rundfunks
préparation :
Wiener Philharmoniker
direction : Andris Nelsons | |
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