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CRITIQUES DE CONCERTS 28 avril 2024

Nouvelle production d’Œdipe Roi d’Enesco dans une mise en scène de Wajdi Mouawad et sous la direction d’Ingo Metzmacher à l’Opéra de Paris.

Retour à l’antique
© Elisa Haberer

Pour son entrée à l’Opéra Bastille après un incompréhensible purgatoire, l’Œdipe d’Enesco est paré d’atours extrêmement classiques qui font que l’attention se focalise rapidement sur la musique, servie par une distribution solide et la baguette experte d’Ingo Metzmacher, qui ne manque que d’un peu de fluidité après l’entracte pour pleinement convaincre.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 23/09/2021
Yannick MILLON
 



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  • CrĂ©Ă© en 1936 au Palais Garnier, l’Œdipe de George Enesco retrouve enfin le chemin de l’OpĂ©ra de Paris. Partition dense, d’une théâtralitĂ© circonscrite Ă  quelques gestes forts, elle tient presque du grand oratorio, d’une excellente fusion entre texte et musique, le livret d’Edmond Fleg dans un verbe hellĂ©nisant voisin du Martyre de saint SĂ©bastien de d’Annunzio et de la PersĂ©phone de Gide, qu’on continue de prĂ©fĂ©rer Ă  tant de brouets du XIXe.

    L’aspect scénique en a été confié au directeur du Théâtre de la Colline Wajdi Mouawad, expert de la tragédie grecque et notamment de Sophocle, dont il a mis en scène les sept pièces parvenues jusqu’à nous. La production prend le parti de la simplicité et de la stylisation, avec quelques statues et parois amovibles, des costumes bariolés, les personnages couverts de coiffes végétales qui se dessècheront à l’arrivée de la peste.

    Avec une forme de ritualisation du mouvement, l’ensemble s’avère fidèle à l’action et occupe efficacement le temps musical. Que ne nous a-t-on épargné un prologue avec voix-off amplifiée narrant la faute originelle de Laïos – le viol de Chrysippe – avec la subtilité d’un tractopelle, l’enfant « labouré » par le Roi retrouvé pendu au milieu de cris grand-guignolesques. Sans compter l’encombrant cordon ombilical d’Œdipe à la première scène, qui semble finir en pot-au-feu.

    Scories regrettables tant le reste du spectacle peut accoucher de très belles images, comme cette Sphinge piégée dans une substance noirâtre à l’entrée d’une énorme canalisation, ou Œdipe mourant en position fœtale dans une eau matricielle. Mais que les masques anti-Covid d’un chœur guère plus intelligible que celui de l’Opéra de Vienne à Salzbourg cassent l’illusion théâtrale !

    La musique reste au premier plan grâce à la direction d’Ingo Metzmacher, aussi à l’aise dans les lignes claires d’une flûte solo que dans les déflagrations des pics de tension, et jusqu’à ce fuligineux tomber de rideau et son ultime coup de tam-tam à peine audible. Conclusion magistrale. Seule limite de la battue, le tempo et l’atmosphère trop hiératiques des actes III et IV, qui manquent ce soir de fluidité.

    Christopher Maltman, qui a affiné son français (nasales exceptées) depuis l’Autriche, est le premier à en souffrir, Œdipe contraint à tirer sur le souffle tout en ne manquant jamais d’impact ou d’ampleur, même si l’on ne perçoit pas du tout ses quarts de ton face à la Sphinge, chantée par une Clémentine Margaine juste assez possédée, portrait très équilibré du monstre des remparts, voix de poitrine et aigus idéalement dosés.

    Elle partage pourtant une intelligibilité perfectible avec les excellents Veilleur et Phorbas de Nicolas Cavallier, beau creux, belle couleur sépulcrale dans la nuit thébaine, et avec certains non natifs : le Tirésias inoxydable de Clive Baylay, le Créon presque ténorisant de Brian Mulligan, la Jocaste ample d’Ekaterina Gubanova. La palme du style revient une fois encore à Yann Beuron, limpidité déclamatoire faite ténor et portrait impeccable de Laïos, encore que le Grand Prêtre de Laurent Naouri et le Berger de Vincent Ordonneau fassent aussi honneur à l’école de chant français.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 23/09/2021
    Yannick MILLON

    Nouvelle production d’Œdipe Roi d’Enesco dans une mise en scène de Wajdi Mouawad et sous la direction d’Ingo Metzmacher à l’Opéra de Paris.
    Georges Enesco (1881-1955)
    Œdipe, tragédie lyrique en quatre actes et six tableaux (1936)
    Poème d’Edmong Fleg d’après Œdipe Roi et Œdipe à Colone de Sophocle

    Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
    Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Ingo Metzmacher
    mise en scène : Wajdi Mouawad
    décors : Emmanuel Clolus
    costumes : Emmanuelle Thomas
    Ă©clairages : Eric Champoux
    vidéo : Stéphane Pougnand
    préparation des chœurs : Ching-Ling Wu & Gaël Darchen

    Avec :
    Christopher Maltman (Œdipe), Clive Bayley (Tirésias), Brian Mulligan (Créon), Vincent Ordonneau (Le Berger), Laurent Naouri (Le Grand Prêtre), Nicolas Cavallier (Phorbas / Le Veilleur), Adrian Timpau (Thésée), Yann Beuron (Laïos), Ekaterina Gubanova (Jocaste), Clémentine Margaine (La Sphinge), Anne-Sophie Neher (Antigone), Anne Sofie von Otter (Mérope).

     


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