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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Nouvelle production d’Intermezzo de Richard Strauss dans une mise en scène de Herbert Fritsch et sous la direction de Clemens Heil à l’Opéra de Bâle.

Intermède hilarant
© Thomas Aurin

Carton plein du Theater Basel d’une part en programmant Intermezzo, ouvrage très rare de Richard Strauss, d’autre part en proposant une production remarquable tant scéniquement que musicalement avec une impériale Flurina Stucki dans le rôle de l’épouse jalouse et une mise en scène autant étourdissante qu’hilarante d’Herbert Fritsch.
 

Theater, Basel
Le 23/09/2021
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



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  • Comme dans sa Sinfonia domestica, Strauss parle Ă  la première personne dans Intermezzo, Ă©voquant son couple et la crise conjugale qu’il connut avec une Ă©pouse aimante mais au caractère bien trempĂ©. Sur un thème aussi anodin, le discours alterne conversation en musique et interludes majestueux et prenants (sans doute les plus beaux moments de la partition) pour un orchestre fourni.

    À ce titre, le Sinfonieorchester Basel comble par sa sonorité homogène et claire, la richesse et la complexité du contrepoint et de l’harmonie étant parfaitement rendues. La formation est superbement dirigée par la baguette sûre de Clemens Heil, qui excelle tant dans l’intimité que dans l’emphase, en se montrant en outre très attentif aux chanteurs, ce qui n’est pas un luxe tant l’opéra est bavard en ce sens que peu d’ouvrages donnent autant de mots à chanter en un temps si réduit.

    En épouse capricieuse, hautaine, furieuse, éplorée, émue (la palette est large), Flurina Stucki se montre exceptionnelle. La voix est d’une égalité étonnante, alternant la volupté d’une Salomé et les imprécations furieuses et percutantes d’Elektra. Surtout, la chanteuse semble comme un poisson dans l’eau, d’une maîtrise parfaite de la partition tout en affichant un engagement théâtral et scénique très impressionnant.

    Dans le rôle du mari Kapellmeister, Günter Papendell se montre tout aussi convaincant par un baryton (on n’en demandait pas moins pour incarner Richard Strauss lui-même) superbement mené et, là encore, incarné. En amant ridicule (le Baron Lummer), Rolf Romei se montre parfait également. Très belle brochette de seconds rôles pour compléter un cast exceptionnel, y compris le petit Moritz Emil Rehlen qui joue le fils de Christine et Robert.

    Mais la réussite de la soirée doit aussi à la mise en scène d’Herbert Fritsch qui, d’emblée, répond à l’ambiguïté de la partition par une scénographie ingénieuse : ouverture maximale du cadre de scène pour l’aspect grandiose associé à un piano à queue (rose) et un immense abat-jour suspendu depuis les cintres pour évoquer l’intimité de l’action. À la légèreté de l’intrigue répondent des couleurs acidulées jusque dans les remarquables costumes de Victoria Behr. L’abat-jour est très mobile, change de couleur et s’adapte aux différentes scènes de manière fort ingénieuse. Nul autre accessoire du livret : ni téléphone, ni télégramme, ni skis ; tout est dans le geste.

    Le metteur en scène complète ce dispositif par une direction d’acteurs au cordeau. Chaque personnage a son identité, ses mimiques sinon ses tocs comme l’hilarant serviteur joué par Raphael Clamer. La scène grouille de mouvements, de vie, y compris « hors-musique » puisque Robert Storch joue des bribes de la Rhapsody in blue de Gershwin à l’ouverture du rideau (puis à la toute fin de l’opéra), tandis que l’amant ridicule joue un des tubes de Richard Clayderman (il fallait oser !) et s’essaie à la métaphore sexuelle avec la béquille qui retient l’abattant du piano, hilarante astuce du metteur en scène… car on rit ô combien dans cette production modèle.




    Theater, Basel
    Le 23/09/2021
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production d’Intermezzo de Richard Strauss dans une mise en scène de Herbert Fritsch et sous la direction de Clemens Heil à l’Opéra de Bâle.
    Richard Strauss (1864-1849)
    Intermezzo, comédie bourgeoise en deux actes (1924)
    Livret du compositeur

    Sinfonieorchester Basel
    direction : Clemens Heil
    mise en scène et décors : Herbert Fritsch
    costumes : Victoria Behr
    Ă©clairages : Roland Edrich

    Avec :
    GĂĽnter Papendell (Robert Stroch), Flurina Stucki (Christine), Moritz Emil Rehlen (Franzl), Kali Hardwick (Anna), Rolf Romei (Baron Lummer), Karl-Heinz Brandt (Stroh), Hubert Wild (le notaire / un homme de loi), Jasmin Etezadzadeh (la femme du notaire), Andrew Murphy (un conseiller commercial), Mkhanyiseli Mlombi (un chanteur), Ena Pongac (Resi), Raphael Clamer (un serviteur).

     


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