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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Nouvelle production de La Dame blanche de Boieldieu dans une mise en scène de Louise Vignaud et sous la direction de Nicolas Simon au Théâtre impérial de Compiègne.
La Dame allégée
Créée à Rennes en streaming pendant le dernier confinement, la nouvelle production de La Dame blanche, dans la mise en scène de Louise Vignaud, apparaît aujourd’hui en public au Théâtre impérial de Compiègne. L’ensemble de chanteurs accompagnés d’un chœur et d’un orchestre réduits à leur strict minimum apporte un agréable effet de groupe.
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Créée le 10 décembre 1825 et rejouée partout dès l’année suivante, La Dame blanche de François-Adrien Boieldieu est la réponse la plus dynamique à l’arrivée du grand Rossini à Paris. En plus d’apporter une modernité de style importante pour l’époque, l’opéra se pose sur un livret efficace du prometteur Eugène Scribe, qui puise ses idées dans deux textes de Walter Scott, Guy Mannering pour l’héritier inconnu, et Le Monastère pour l’héroïne.
Rappelons aussi qu’écrit en plein avènement de Charles X, l’ouvrage propose rien moins qu’un groupe de paysans voulant racheter contre un riche bourgeois parvenu le château sur leur terre, afin de le rendre le temps venu à leur noble comte rentré au pays. Il est compréhensible alors que cette Dame blanche, dont le livret se montre peu en phase avec les poussées démocratiques ensuite, ait presque disparu des scènes au XXe siècle, bien que l’Opéra Comique l’ait remonté en 1997, puis l’an passé.
Grâce au projet de la co[opéra]tive, l’opéra-comique retrouve le chemin des scènes françaises. Et à défaut d’avoir pu être joué autrement qu’en streaming à Rennes en début d’année, il retrouve le public à Compiègne cet automne, dans le cadre du Festival En Voix. La production de Louise Vignaud, accompagnée d’une équipe quasi exclusivement féminine, tient sur peu de décors, sans doute limitée tant par le budget que par le cahier des charges imposé, puisque la mise en scène doit s’intégrer au Bateau Feu de Dunkerque ou au Théâtre de Cornouaille de Quimper.
On retient donc surtout les costumes d’animaux ; la chouette effraie pour la Dame blanche, l’araignée pour la servante Marguerite qui prend la poussière au château, ou encore des moutons, boucs ou béliers pour les paysans écossais malodorants, également en kilts traditionnels. Dans ce contexte, le chœur de seulement huit chanteurs du Cortège d’Orphée occupe souvent le devant de la scène, sans pouvoir porter plus que par ses voix chaleureuses et sa diction précise les grandes scènes de village.
L’orchestre, lui aussi réadapté, pour lequel seulement 19 instrumentistes des Siècles ont été retenus, tient en fosse une orchestration habilement retouchée par Robin Melchior, tandis que le chef Nicolas Simon, étonnamment habillé en coq, organise le tout. La soprano Caroline Jestaedt propose une jolie Anna, Dame blanche dès qu’elle doit apparaître la nuit pour protéger le château, dont le méchant Gaveston de la basse bien timbrée Marc Scoffoni tente de s’emparer.
Sahy Ratia livre un héritier en voix, plus à l’aise dans le médium que dans l’extrême aigu pour ses grands airs, bien secondé par le Dikson du ténor léger Fabien Hyon et par sa femme Jenny, la pétillante Sandrine Buendia. L’asociale Marguerite de la mezzo-soprano Majdouline Zerari et le juge Marc-Irton de Ronan Airault complètent cette agréable distribution, d’un spectacle à revoir prochainement sur au moins quatre autres scènes de France.
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