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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Nouvelle production d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski dans une mise en scène de Stéphane Braunschweig et sous la direction de Karina Canellakis au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Gazon maudit
© Vincent Pontet

Dans une nouvelle mise en scène efficace mais déjà datée, l’Eugène Onéguine présenté au Théâtre des Champs-Élysées est affaibli par la direction maladroite de la cheffe Karina Canellakis. Laissée à elle-même, la distribution, inégale, présente le rôle-titre très sanguin de Jean-Sébastien Bou face au magnifique Lenski de Jean-François Borras.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 10/11/2021
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Aimez-vous le gazon synthĂ©tique ? Un rĂ©cent article de presse sur la vogue de ce produit vantait les progrès rĂ©alisĂ©s par les fabricants. Sans doute, StĂ©phane Braunschweig a-t-il Ă©tĂ© Ă©conome car celui choisi pour sa mise en scène d’Eugène OnĂ©guine est d’une laideur insigne. Dès le I, une sĂ©rie de chaises trahit une grammaire inchangĂ©e depuis les annĂ©es 2000. Elles cadrent les scènes collectives et les apartĂ©s avec une lisibilitĂ© toute classique. Des costumes d’époque dans une lumière soignĂ©e parachèvent le tableau. On comprend moins les danses amorphes des paysans en contradiction avec la musique.

    Une sorte de tiny house sort de terre – enfin, du gazon –, pour figurer la chambre de Tatiana, monde étriqué pour les rêves d’amour de la jeune fille. Le bal est lui aussi vu comme gris et petit, impression gâchée par la persistance de l’herbe maudite. Toujours est-il que Braunschweig, en homme de théâtre accompli, sait gérer les déplacements pour rendre sensibles les limites, la cruauté de cette société provinciale. Au III, le second bal délesté du tapis vert commence par une scène de tripot dans des costumes contemporains. Onéguine resté en habit d’époque est plus que perdu dans ce monde qui a achevé sa décadence et enseveli les rêves de Tatiana.

    Cette lecture plutôt cohérente du drame se trouve très affaiblie par la direction maladroite de Karina Canellakis, sans énergie au I, bâtonné comme une séance de filage, clôturant les fins de phrase quand l’écriture commande une fluidité laissant place aux journées sans fin de l’été et aux rêves les plus fous. Les deux actes suivants ne sont pas aussi catastrophiques, mais l’Orchestre national de France reste tantôt bridé tantôt poussé à la précipitation sans trouver une respiration qui devrait suivre les mouvements du cœur. C’est heureusement moins le cas pour le Chœur de l’Opéra de Bordeaux qui trouve sa place avec beaucoup de caractère. La cheffe américaine laisse encore plus d’espace aux chanteurs, qu’elle suit au lieu de les accompagner.

    Les inégalités de la distribution en ressortent davantage. La Tatiana de Gelena Gaskarova sent la routine à plein nez. Les limites de la voix ne permettent pas de dépasser l’adolescente introvertie, alors que la production voulait la replacer au centre de l’opéra. Face à elle, Jean-Sébastien Bou, à l’aise avec la langue, déploie une présence vocale pas toujours calibrée, expansive, surprenante pour ce personnage qui ne devrait pas apparaître émotif de prime abord. À la campagne, l’Olga d’Alisa Kolosova déploie un alto très séduisant, encadré par des comparses plus ou moins pittoresques.

    À Saint-Pétersbourg, le prince Grémine de Jean Teitgen ne peut rivaliser avec le creux abyssal des Russes, mais son air déploie un lyrisme chaleureux parfaitement en situation. C’est l’inattendu Lenski de Jean-François Borras qui marquera la soirée. S’il n’est peut-être pas le poète romantique habituel, le ténor chante d’une voix dont le naturel exceptionnel transcende les interventions faisant du deuxième tableau du II un superbe moment d’opéra.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 10/11/2021
    Thomas DESCHAMPS

    Nouvelle production d’Eugène Onéguine de Tchaïkovski dans une mise en scène de Stéphane Braunschweig et sous la direction de Karina Canellakis au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
    Eugène Onéguine, opéra en trois actes (1879)
    Livret du compositeur et de Constantin Chilovski d’après Pouchkine

    Chœur de l’Opéra national de Bordeaux
    Orchestre national de France
    direction : Karina Canellakis
    mise en scène et scénographie : Stéphane Braunschweig
    chorégraphie : Marion Lévy
    costumes : Thibault Vancraenenbroeck
    Ă©clairages : Marion Hewlett

    Avec :
    Jean-Sébastien Bou (Eugène Onéguine), Gelena Gaskarova (Tatiana), Alisa Kolosova (Olga),
    Jean-François Borras (Vladimir Lenski), Jean Teitgen (Prince Grémine), Delphine Haidan (Filippievna), Mireille Delunsch (Madame Larina), Yuri Kissin (le Capitaine, Zaretki), Marcel Beekman (Monsieur Triquet), Stanislas Siwiorek (Monsieur Guillot).

     


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